I-2-Adoption des nouveaux engins de
déplacement
Au niveau des engins de déplacement dans les eaux, les
pirogues à moteur ont progressivement intégré les
pratiques de pêche des populations du village Londji I avec
l'arrivée des migrants nigérians (BROCHET, A. et KOHPE, M.,
2007:5), tandis que les ressortissants béninois en ont assuré la
promotion dans le village Nziou. Ce matériel permet de nos jours
à la grande partie des pêcheurs de parcourir de très
longues distances en un temps relativement réduit. Il donne ainsi
l'occasion de sillonner plusieurs zones au cours d'une expédition de
pêche. Ce moyen de locomotion se présente comme une solution
efficace face à la pêche intensive ayant conduit à
l`éloignement progressive des ressources halieutiques. Cette adoption
massive des
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pirogues à moteur fait disparaître
progressivement l'emploi des pirogues dites «traditionnelles» et par
conséquent les savoir-faire utilisés dans leur confection.
I-3-Dynamique des techniques de conservation
Les techniques de conservation en mer comme sur terre ont
subi des modifications non négligeables. Au niveau de la capture du
poisson, la congélation s'est imposée comme indispensable dans la
pêche `'long séjour» ou `'pêche de trois jours».
En effet, l'emploi des congélateurs favorise la conservation du poisson
en mer pendant une longue période. Elle est pratiquée dans les
villages Nziou et Londji I par les Camerounais, Béninois et
Nigérians. Au niveau des techniques de conservation, le fumage reste le
principal moyen dont s'en servent les populations pour retarder la
dégradation rapide du poisson après capture. Dans cet exercice,
une tendance à l'adoption des fumoirs `'banda» de grandes
dimensions pour leur forte capacité de réception et les fumoirs
améliorés pour leurs multiples avantages tant sur la santé
que sur l'accroissement du chiffre d'affaire des utilisatrices est visible sur
le terrain. Pour ce qui est du procédé d'obtention des produits
fumés de qualité, le croissement des expériences issues
des diverses communautés présentes, conduit à une
homogénéisation des pratiques de fumage. Si BRIGITTE M. et al.
(2005:50) révèle que la meilleure fumée pour le
séchage s'obtient à base du feu de copeaux de bois et de morceaux
de bois dur, nous avons noté une convergence générale sur
l'emploi des mêmes sources d'énergie dont l'azobe (Lophira
alata), le sambi (Uapaca spp.) mais aussi des sources
complémentaires aux spécificités variées au rang
desquels les écailles de poisson et la paille fraîche, sources
d'énergie complémentaires qui constituent des essences
d'esthétique traditionnelle employées en Afrique de l'ouest et
dont les ressortissantes béninoises en ont fait la promotion.
Mais aussi le copeau, les peaux de banane
séchées, les peaux de manioc, les débris des troncs des
noix de coco ainsi que son brou relevant du savoir-faire local, sont aussi
employées pour leurs vertus gustatives et coloratrices. Lorsque ces
sources additionnelles sont beaucoup sèches et facilement
volatilisables, les fumeuses les aspergent des jets d'eaux avant de les
introduire dans le foyer. Ce qui leur donne de maîtriser
l'intensité des flammes en réduisant de manière
significative le degré de consumation du bois. Mais aussi permet
d'assurer une coloration approfondie et harmonieuse des produits en fumage. Le
but ultime dans ces opérations de charme étant obtenir à
la fin des produits fumés conformes aux aspirations alimentaires des
populations car, le choix alimentaire de l'Homme doit avant toute chose
répondre à des besoins nutritionnels guidés par des
stimuli internes et satisfaire sa faim. Selon DE GARINE I. (1979:74) reprenant
MAGNEN J. (1951) et TREMOLIERE J. (1956), les nourritures
qu'«ingère l'Homme doivent posséder certains
caractères sur le plan de l'odeur, de la saveur et du toucher
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et satisfaire son appétit, c'est-à-dire son
désire de renouveler une expérience sensorielle agréable
et de retrouver son bien être consécutif à
l'alimentation». Sur le plan commercial, cette même devise
constitue un atout significatif qui influence le choix des consommateurs.
II-FACTEURS DE PROPAGATION DES NOUVELLES TECHNIQUES
DE PECHE ET DE CONSERVATION DES PRODUITS HALIEUTIQUES
Au sein des communautés de pêcheurs de Nziou et
de Londji I, les techniques de pêche et de conservation du poisson se
modifient et se restructurent au jour le jour. Cependant, pour que cette
intégration soit effective, plusieurs facteurs pouvant entraîner
les changements entrent en jeux. Ces derniers se structurent en facteurs
endogènes et exogènes.
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