Après la localisation d'une colonie de poissons dans
une zone précise, qu'elle soit en mer ou dans un cours d'eau, le
pêcheur décide de tendre une embuscade; c'est le piégeage
ou la technique d'emprisonnement du poisson. Selon les pêcheurs
interviewés, cette technique se réalise de
préférence autour des rochers qui sont les sites par excellence
où se réfugient certaines espèces de poissons à
l'instar du bar. Pour la mise en oeuvre, le procédé
nécessite sur le plan matériel, la disposition d'un filet d'une
longueur à même d'encercler les rochers identifiés, elle
peut atteindre un kilomètre voir plus. La seconde étape consiste
une fois le rocher encerclé, à diviser le cercle initial à
l'aide des filets en plusieurs compartiments, ceci afin de réduire de
manière considérable les superficies de déplacement des
poissons ciblés et par voie de conséquence, faciliter leur
capture. Encerclés de part et d'autre, les poissons n'ont aucune chance
de s'échapper, car ces derniers sont chacun à son niveau
entouré par quatre murs de filets dont les mailles sont taillées
à leur mesure.
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Cependant, la détention par les pêcheurs des
connaissances sur les caractéristiques des espèces de poissons
ciblées ainsi que les instants de mouvements et de stabilité de
celles-ci, est importante. Car, cette maîtrise permet au pêcheur
averti de faire une bonne programmation de sa partie de pêche et de
capturer en quantité le poisson de son choix. Pour illustrer cette
démarche, suivons les propos de ce pêcheur du village Nziou sur sa
manière de mettre en oeuvre ladite technique:
Pour capturer le bar lorsque ma pirogue est en bon
état, je quitte de ma maison à deux heures du matin, pour arriver
à la Lokoundjé autour de 3H30 minutes. Lorsque j'arrive, je
prépare mon piège autour des rochers. J'encercle, le rocher avec
le plus gros filet de plusieurs centaines de mètres, je crée les
divisions avec les petits filets de cinquante mètres environ de long,
et, puisque les bars sortent à quatre heures pour aller chercher de quoi
manger, ils vont tomber dans mon piège. Là, je suis sûr de
tuer beaucoup de poissons (MESSI JULES, Pêcheur, Mabi, Nziou, le
17/01 /2011).
Cette technique était pratiquée dès le
départ en majorité uniquement par les ressortissants
béninois implantés dans les pêcheries
étudiées. Cependant, à travers leurs diverses relations
avec les pêcheurs locaux, ces savoirs ont progressivement
été adoptés par les pêcheurs camerounais.