En ce qui concerne les filets, les populations batanga en
utilisaient une gamme variée. Nous avons entre autres: le filet de jet
«Ebunja», employé à l'embouchure des
rivières, le filet commun «epeyé ya bilolo»
utilisé de préférence la nuit, le filet dormant
«épéé é manangé
tubé» qui est employé en hivernage. Pour mieux
capitaliser au cours de leurs aventures en mer, certaines modalités de
capture leur étaient permises, c'est le cas de la pêche à
la mousseline, au couteau ainsi que celle à la nasse (ONDOUA, P.,
1988:23). Selon la même source reprenant MONOD T. (1928:181), le panier
«ésalé» sert parfois à la pêche
dans les ruisseaux; la nasse « éyao » est très
employée pour la capture des crevettes d'eaux douces. En ce qui concerne
les Mabi, la nasse constitue le principal outil employé dans la
pêche. Ces derniers en ont fait de la fabrication de cet engin leur
spécialité. C'est ainsi que leurs voisins Batanga venaient par le
passé se ravitailler auprès d'eux (MONOD, T., 1928:181). Ces
derniers utilisaient aussi des filets, des éperviers tous montés
à base des fibres de certains arbres à l'instar du
«nteh» en Mabi. Ces différents outils en dehors des
nasses n'existent presque plus de nos jours.
IV-METHODES DE CONSERVATION DU POISSON DANS LES
LOCALITES DE NZIOU ET DE LONDJI.
A la mort du poisson, la circulation sanguine s'arrête
et l'oxygène n'est plus véhiculé vers les cellules. Si
aucun système efficace de conservation n'est mis sur pied, la
dégradation microbienne commence progressivement par l'envahissement des
tissus musculaires, après que les enzymes digestifs, tels que les
cathepsines, aient déjà lysé la paroi intestinale.
Simultanément, mais à une vitesse moindre, les microbes de la
peau franchissent facilement les barrières biologiques désormais
inexistantes (BABA, M., 1985:103). Ce processus s'il n'est interrompu à
temps, entraînerait de nombreuses pertes aux acteurs dont les moyens de
subsistance dépendent en grande partie de l'écoulement des
produits de pêche. Comme voie de solution dans cette circonstance, notons
que les méthodes traditionnelles de transformation qui datent de
très longtemps au Cameroun, sont les moyens importants permettant aux
populations, notamment ceux qui sont loin des sites de débarquement et
des principaux circuits de distribution de se procurer du poisson (TEUTSCHER,
F. et al., 1995:11). C'est dans ce sillage que, le fumage du poisson, qui est
une activité économique très ancrée dans le
quotidien des populations de Nziou et de Londji I est connu et pratiqué
par l'ensemble des femmes et constitue le mode de conservation du poisson le
plus employé. Bien que chaque technique de fumage ait ses
spécificités, les différentes méthodes existantes
ont toutes été conçues et pérennisées afin
d'assurer une fourniture permanente de cette précieuse denrée
alimentaire indispensable pour la survie de la population. Pour fumer du
poisson, les acteurs de pêche s'en servent d'une diversité
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de fumoirs parmi lesquels les demi-fûts, les fumoirs en
bois, les essences de bois aux vertus multiples dont l'impact sur la
qualité des produits fumés est communément reconnu par ces
dernières. Dans la section suivante, nous allons présenter les
spécificités des différentes méthodes
endogènes de fumage et les savoir-faire mis en oeuvre pour l'obtention
des produits fumés de qualités.