I-2-Implication des ethno-méthodes dans cette
recherche
Elles renvoient à un ensemble de processus que les
membres d'un groupe, d'une communauté utilisent pour mener à bien
leurs actions pratiques. Selon Garfinkel reprit par MBONJI E. (2005:24), dans
la vie de tous les jours, les membres de tout groupe ont des
«méthodes» ordinaires pour définir leurs situations,
coordonner leurs activités, prendre des décisions, se servent de
leurs connaissances de l'organisation sociale ou de leur environnement pour
exhiber les conduites régulières, typiques. Dans cette
étude, les ethno-méthodes nous ont permis d'identifier les
stratégies ou procédures de mise en scène de la
spécificité des technologies employées par les
différentes communautés de pêcheurs de Nziou et de Londji I
tant dans la capture que dans la conservation des produits halieutiques. Etant
situé dans un contexte de cohabitation de plusieurs cultures, nous avons
aussi essayé de comprendre quelle importance et intelligibilité
accorde chacune des groupes de pêcheurs à ses propres techniques,
aux techniques introduites et enfin au changement des savoirs. Bref comment les
différentes techniques employées sont elles utilisées par
les acteurs de pêche pour relever les défis quotidiens de leur
activité de subsistance.
II- LA NOUVELLE ANTHROPOLOGIE INSTITUTIONNELLE
II-1-Fondement de la théorie
Cette théorie se préoccupe de l'analyse des
changements institutionnels qui influencent la gestion des ressources de
propriété collective. L'institution étant entendue comme
un ensemble de règles durables, stables, abstraites et impersonnelles,
cristallisées dans des lois, des traditions ou des coutumes et
encastrées dans des dispositifs qui implantent et mettent en oeuvre, par
le
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consentement et/ou la contrainte, des modes d'organisation
des transactions (MENARD, C., 2003). Les théories institutionnelles sont
issues de l'histoire économique, des sciences politiques et de
l'ethnologie, regroupées sous le concept de
Néo-institutionnalisme. Plusieurs auteurs ont travaillé sur les
questions des institutions parmi lesquels HARDIN G. (1968), RUTTAN L. (1998),
ENSMINGER J. (1992;1998). Ces théories étudient les modes de
création de telles institutions et les influencent qu'elles exercent sur
l'action économique. Les approches de ces auteurs ont ceci de
particulier qu'elles considèrent les institutions comme les
règles du jeu sociales ou des contraintes formelles ou informelles qui
régissent l'interaction entre les hommes. Les auteurs de la
théorie de l'anthropologie du nouvel institutionnalisme soutiennent que
la société crée des lois ou les institutions selon leur
comportement et, en retour, ces institutions influencent le comportement
individuel. Pour cerner les changements institutionnels, il est
nécessaire de les aborder sous l'angle de la motivation individuelle des
acteurs et celui des contraintes et incitations qui influencent les aspirations
des membres de la société (ENSMINGER, J., 1992). Pour cet auteur
en effet, il existe une interaction dans le secteur endogène dans lequel
évoluent les individus entre institutions, idéologie,
organisation et pouvoir de négociation. Ces quatre secteurs subissent
des influences mutuelles, mais ils sont également soumis à des
changements provenant du secteur exogène. Plusieurs
éléments figurent dans le secteur exogène parmi lesquels:
l'environnement physique et social, la population et la technologie qui
déterminent et modifient les prix relatifs. La modification du prix
relatif renvoie aux changements intervenus dans les conditions
environnementales, économiques et politiques (infrastructures, moyens de
production, système de commercialisation). Ce qui peut conduire à
l'émergence d'un esprit de concurrence et surtout d'un souci de
renouvellement des stratégies afin d'accéder le plus
aisément possible aux ressources.
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