3.2. La formalisation de l'artisanat minier
Le secteur minier de la RDC est, essentiellement en grande
partie artisanal et informel, présente des spécificités
géographiques, sociales et politiques et des dynamiques qui sont trop
souvent négligées ou ignorées.
En effet, l'activité artisanale d'extraction des
minerais, qui est absolument prépondérante dans les Kivu et au
Nord-Katanga où elle est pratiquée par plusieurs centaines de
milliers de creuseurs, a mauvaise presse à Kinshasa. Le ministère
des Mines se concentre sur le secteur industriel et ne s'intéresse
guère à l'artisanat. Par ailleurs, les autorités
gouvernementales semblent très malhabiles à définir des
zones minières artisanales, alors que cela est stipulé dans le
Code minier. Cette attitude est une des raisons pour lesquelles l'artisanat
minier en RDC demeure dans l'informel, alors que les dispositions
légales pour sa formalisation existent?
La mise en valeur artisanale des zones minières s'est
développée à l'ombre de la faillite de l'État et
à la faveur de l'asphyxie progressive des sociétés
minières dont les actifs miniers ont été
récupérés par des sociétés privées
depuis la libéralisation.
L'activité minière artisanale se
caractérise en outre par son manque de structuration. D'une part, les
exploitants de carrières et puits miniers n'ont pas de titres miniers
légaux ; d'autre part. La question de la réforme du secteur
minier occupe l'actualité congolaise depuis longtemps, mais les actes ne
suivent guère les paroles, comme l'attestent les efforts pas toujours
couronnés de succès de la Banque mondiale pour promouvoir cette
idée. Si le gouvernement congolais a consenti à s'engager dans la
voie de la réforme avec le programme Promines de la Banque mondiale, il
demeure très en retrait sur la question de l'artisanat minier, de
même que beaucoup d'instances de la société civile à
Kinshasa.
Nous disons que la formalisation de l'artisanat minier de la
RDC doit se basée sur la chaîne commerciale, en créant des
points de vente obligés pour les commerçants de minerais, une
implication vive du ministère de mines en structurant l'octroi de droits
miniers aux mineurs artisanats. Offrir un cadre favorable pour une exploitation
minière artisanale formalisée, régulée et
structurée consiste aussi en renforcer les conditions de production par
l'octroi de petit matériel de production, de protection
(sécurité) et de santé pour les transformer en petite
mine, et renforcer les structures d'encadrement des exploitants artisanaux au
travers de coopératives minières (à l'image de
l'EMAK-COOPERATIVE, du CMKK, ...).
63
« La problématique de l'industrialisation
du secteur minier en RDC Sous l'extraversion» BONIFACE OKOLONGO
L'INDUSTRIEL
|