Problématique de l'industrialisation du secteur minier en R.D. du Congo sous l'extraversion.par Boni OKOLONGO ONADINGA Université de Kinshasa - Licence en sciences économiques et de gestion 2018 |
SECTION 2. LA FRAGILITE DE L'EXTRAVERSION MINIERE EN RDCNous avons montré ci-haut qu'une bonne partie de la rente minière potentielle n'est pas parvenue dans les caisses de l'État ou a été détournée. Mais la « mauvaise gouvernance » et les défauts de politiques fiscales ne sont pas les seuls facteurs explicatifs de la faible contribution des investissements étrangers à une croissance inclusive et au développement économique de la RDC. 93 FMI, « République démocratique du Congo. Rapport des services du FMI pour les consultations de 2012 au titre de l'article IV. 4 septembre 2012 », Rapport du FMI, n°13/94, 2013, pp. 56. 94 FMI, « République démocratique du Congo. Rapport des services du FMI pour les consultations de 2012 au titre de l'article IV. 4 septembre 2012 », Rapport du FMI, n°13/94, 2013, pp. 57. 95 https://Actualité.cd/2018/03/23/RDC/-« les vrais problèmes du secteur minier » 57 « La problématique de l'industrialisation
du secteur minier en RDC Sous l'extraversion» BONIFACE 2.1. MANQUE D'INVESTISSEMENTS PUBLICS DANS CE SECTEURLe problème n'est plus la rareté des investissements privés, Le vrai défi est celui des investissements publics. Ceci est bien illustré par deux exemples. Si des entreprises minières investissent dans l'environnement des sites miniers (routes, écoles, infrastructures de santé) pour écouler leurs produits, pour fidéliser leurs travailleurs, pour éviter des conflits locaux, elles ne vont pas financer des infrastructures publiques, afin de décloisonner des régions là où elles n'interviennent pas. Elles paient certes des taxes, mais pas à la hauteur requise. Une exception apparente est constituée par les contrats chinois qui « troquent » des concessions minières contre des infrastructures publiques (routes, réseau ferroviaire, hôpitaux...). Mais il s'agit en partie d'un marché de dupes, car l'État congolais doit, en dernière instance, garantir le remboursement de la dette dans le cas où les profits de la production minière sont insuffisants pour financer l'infrastructure publique. Autre exemple, les investisseurs privés veulent bien investir dans l'hydroélectricité d'Inga III pour approvisionner, entre autres, l'Afrique du Sud. Mais qui va financer l'infrastructure de distribution à l'intérieur du pays pour des consommateurs sans pouvoir d'achat. Ces exemples illustrent le vrai goulet d'étranglement, la capacité de l'État à investir dans des infrastructures publiques. Comme on l'a montré ailleurs, les besoins en investissements publics avec de larges externalités positives (réseau routier digne de ce nom et accès à l'hydroélectricité) dépassent 200 milliards de dollars, alors que la capacité d'emprunter du capital pour financer ces infrastructures publiques par l'État congolais ne dépasse guère 15 milliards de dollars96. Comme l'État utilise la quasi-totalité de son budget pour financer ses besoins de consommation (salaires de fonctionnement des différents départements santé, éducation, armée, police, consommation courante), il ne reste pas de budget d'investissements. L'État ne peut donc que s'endetter pour financer les infrastructures publiques. Ceci ne pouvant se faire sur le marché financier interne, c'est donc la capacité d'endettement extérieur qui détermine la hauteur des investissements publics, et on a vu, lors de l'allègement de la dette, que l'État congolais ne peut emprunter, internationalement plus de 15 milliards de dollars. Or, La capacité d'endettement dépend de trois sources : l'aide internationale, les marchés de capitaux internationaux et le budget national. Comme les besoins des dépenses courantes sont encore loin d'être 96 http://eiti.org/fr/news/la-r-publique-d-mocratique-du-congo-est-suspendue-titre- voir Marysse 2012-Consulté le 20/09/2020 58 « La problématique de l'industrialisation
du secteur minier en RDC Sous l'extraversion» BONIFACE couverts mieux payer et embaucher plus de personnes pour les services de l'État , il reste peu de marge pour l'investissement public. |
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