CHAPITRE 4. ANALYSE DE L'INDUSTRIALISATION EXTRAVERTIE
DANS LES MINES DE LA RDC
L'économie de la RDC est moins développée
en raison de l'état faible de son industrie minière et de sa
forte dépendance vis-à-vis du secteur primaire,
particulièrement de l'extraction des ressources minières. Quoique
sa part dans la croissance ait fortement baissé entre 2018 et 2019,
passant de 4,4 à 0,5 points de contribution, celle-ci reste le principal
levier de l'économie du pays.
Tableau N°3. Décomposition du taux de croissance 2017
- 2020
|
Primaire
|
dont minier
|
secondaire
|
Tertiaire
|
Primaire
|
dont minier
|
secondaire
|
tertiaire
|
Croissance
|
|
%
|
Points de croissance
|
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2017
|
59,5
|
52,5
|
31,6
|
31,9
|
2,22
|
1,96
|
1,18
|
1,19
|
3,5
|
2018
|
81
|
75,8
|
12
|
8,6
|
4,7
|
4,4
|
0,7
|
0,5
|
5,8
|
2019
|
19,5
|
10,8
|
34,8
|
36,9
|
0,9
|
0,5
|
1,6
|
1,7
|
4,6
|
2020 prév.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
5,4
|
Source : BCC, 2020, janvier, MATATA PONYO MAPON, Effets
potentiels du coronavirus sur l'économie de la République
démocratique du Congo, 20 mars 2020, P.4, Congo Challenge.
Le rôle joué par l'exploitation des ressources
minières est de plusieurs ordres. Elle (exploitation minière)
contribue non seulement à la création directe de richesses et
d'emplois mais elle sert également de support à d'autres segments
de l'économie de par sa consommation de services divers. Aussi, elle
concourt à l'entrée des devises et par conséquent, son
dynamisme contribue en grande partie dans les finances publiques. Mais une
chose, l'exportation de minerais en état brut en RDC,
révèle la question de la non-compétitivité de ses
exportations sur le marché international ; vu l'importance de ce secteur
minier, tout choc lié à l'extraction minière a toujours
des effets de retombées négatives sur les grands segments de
l'économie nationale.
Schéma 2. Effets d'entrainement d'un choc sur
le secteur minier
Instabilité
Macroéconomique
Détérioration du compte courant
Baisse de la capacité à Financer
l'économie
Baisse ou ralentissement de L'activité
minière
Baisse ou ralentissement de l'activité dans le
secteur des Services: Télécoms,
Transports, Energie
Baisse du volume de transactions
dans le secteur financier
Repli ou ralentissement
de la croissance
Baisse des recettes publiques
Baisse des Réserves
en devises
Source : Matata Ponyo Mapon, Effets potentiels du coronavirus sur
l'économie de la République démocratique du Congo, 20 mars
2020, P.4, Congo Challenge.
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« La problématique de l'industrialisation
du secteur minier en RDC Sous l'extraversion» BONIFACE OKOLONGO
L'INDUSTRIEL
L'utilisation judicieuse des recettes du secteur minier pour
l'amélioration du bien-être des populations et pour contribuer
ainsi à stimuler la croissance économique, n'est pas une action
automatique. De nombreux pays ne parviennent pas à faire bon usage des
recettes tirées des industries extractives. Malheureusement, la
République démocratique du Congo en fait partie.
SECTION 1. L'EVALUATION DE LA CONTRIBUTION DU SECTEUR
MINIER AUX RECETTES DU TRESOR DE LA RDC
L'amélioration des finances publiques par
l'accroissement des revenus dérivés du secteur minier, la
création d'emplois et la fourniture des infrastructures de base, sont
autant d'attentes des populations vis-à-vis des investissements
étrangers dans ce secteur levier de l'économie congolaise.
Mais le système extractif des ressources
minérales en état brut existant en République
Démocratique du Congo est toujours au profit et contribue à
l'enrichissement d'autres économies plus industrialisées du
globe, et rend très difficile le développement économique,
à tel enseigne qu'il y a une absence totale d'infrastructures
économiques et sociales de base (route, électricité,
chemins de fer, école et hôpitaux). Le manque de fonds pour les
investissements publics miniers conduit à une faillite voilée des
toutes entreprises minières d'Etat, du fait que leurs outils de
production sont devenus obsolètes mais, pas des nouveaux pour les
remplacer.
Il nous sera utile de comparer la contribution de ce secteur
aux recettes propres réalisées avant et après l'invasion
des investissements directs étrangers.
1.1. LA CONTRIBUTION AVANT LA REFORME DE 2002
En 1970, la contribution du secteur minier s'élevait
environ à 50% du Produit intérieur brut et à 80% des
exportations. Exprimée en valeur pour la même année, la
contribution des entreprises minières s'élevait à 44,5%
des recettes de l'Etat85.
« Pour les années, 1978, 1979 et 1980, la
contribution des entreprises au budget de l'Etat s'élevait
respectivement à 83,7%, 86,8% des recettes de l'Etat
»86. En 1990, la seule Gécamines représentait
121,4 millions USD de revenus pour l'Etat, soit 14, 8% des recettes
totales87.
En effet, malgré tous ces beaux chiffres sur
l'évolution de la production minière qui existent depuis, la
contribution du secteur minier aux recettes du trésor de façon
générale est très faible par rapport au potentiel, comme
le démontre les graphiques ci-dessous.
85 BAKANDÉJA WA
MPUNGU, G., op. cit., p. 47.
86 USELE MAWISA, «
L'importance du secteur d'économie zaïroise et des perspectives
», Industrie minière et développement au Zaïre, Vol. I,
PUZ, Kinshasa, 1973, p. 108.
87 IDEM
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« La problématique de l'industrialisation du
secteur minier en RDC Sous l'extraversion» BONIFACE OKOLONGO
L'INDUSTRIEL
Graphique 3 : Evolution de différentes taxes et
redevances versées par la GECAMINES au trésor public en % total
des recettes budgétaires de 1967 à 2001
Source : Ministère des Mines, 2018, Par (La
Coordination de CTCPM). Prof Dona KAMPATA, explantations
minières pendant ces dix ans, 2018, P.15
Avec la production du cuivre et ses accompagnateurs, la
GECAMINES avait contribué en moyenne à environ 34% aux recettes
totales du budget national de 1967 à 2001 et pendant sa période
glorieuse cette contribution dépassait 50% du budget. Pendant ces
décennies, le secteur minier, dominé par les entreprises
publiques et parapubliques, contribuait pour au moins 80% en valeur dans les
exportations totales du pays et pour 50-55% dans le Produit National Brut
(PNB). Ces entreprises publiques minières ont créé des
infrastructures sociales (écoles, hôpitaux...) dans les zones
minières et ont impacté significativement la vie sociale des
populations locales88.
Comme c'est dit ci-haut, il s'est passé des
modifications profondes en termes d'ordonnance-loi, des décrets et
d'arrêtés ministériels, qui n'ont pas engendré des
effets nécessaires à l'économie nationale. D'où
l'élaboration et la promulgation du code minier de 2002.
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