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L'enseignement du fait religieux dans l'enseignement secondaire au Cameroun: 1964-2013.

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par MARCEL KOVIEL SONGO
Ecole Normale Supérieure de Yaoundé - DIPES II 2013
  

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IV- LA PRISE DE CONSCIENCE GRADUELLE POUR

L'ENSEIGNEMENT DU FAIT RELIGIEUX

La conscience est un sentiment, perception que l'être humain a de lui-même, de sa propre existence. En philosophie, elle est l'intuition plus ou moins claire qu'a l'esprit de lui-même, des objets qui s'offrent à lui, ou de ses propres opérations. C'est aussi la perception, la connaissance d'une situation. Dans le cadre de notre travail, il s'agit de la prise en compte de

l'intérêt de l'enseignement du fait religieux. L'examen de cette prise de conscience pourrait se faire à travers une enquête autour du fait religieux au Cameroun et l'évaluation du débat en France.

B- ENQUETE « LE FAIT RELIGIEUX » EN HISTOIRE 1-Une démarche personnelle : réflexion et mise en place

2-Analyse-bilan de l'enquête

C- UN DEBAT INSPIRATEUR EN FRANCE

1- rapport Joutard : 1989

Philippe Joutard, historien et ancien recteur de l'académie de Besançon et de Toulouse, est chargé à la fin des années 1980 de réaliser un rapport quant à l'enseignement de l'histoire des religions sur demande du Ministre de l'Education nationale de l'époque Lionel Jospin129. Ainsi, voici un extrait de ce rapport de Joutard qui fait un constat sérieux :

C'est un pan entier de notre mémoire collective qui est menacé. L'ignorance du religieux risque d'empêcher les esprits contemporains, spécialement ceux qui n'appartiennent à aucune communauté religieuse, d'accéder aux oeuvres majeures de notre patrimoine artistique, littéraire et philosophique, jusqu'au XIXème siècle au moins...Cette ignorance ne permet pas non plus d'appréhender nombre de réalités contemporaines dont on mesure de plus en plus l'importance (le Moyen-Orient mais aussi les Etats-Unis). Enfin, une communauté musulmane rend urgente encore une large information130.

Il prône à travers ce rapport, une part plus importante concernant l'histoire des religions en l'histoire-géographie mais également en littérature pour désamorcer le manque de culture religieuse chez les élèves. De plus, il insiste également sur le fait qu'il ne s'agit en aucun cas d'un « retour de Dieu » à l'école, ni de la fin de la laïcité, mais plutôt de la fin du laïcisme131.

Pour le Cameroun, Ce rapport peut être inspirateur ; d'abord parce que comme la France, notre pays est un Etat laïc. Mais beaucoup de profanes ne verront pas immédiatement l'intérêt de cette préoccupation. C'est pourquoi nous allons leur répondre en exposant

129 C. Nabor, `'Enseigner le fait religieux, p. 20.

130 Extrait du rapport Philippe Joutard, 1989.

131 C. Nabor, `'Enseigner le fait religieux, p. 21.

quelques aspects de l'enjeu sur la connaissance du fait religieux dans notre pays. D'abord la connaissance et la compréhension de nos valeurs ancestrales passent par l'apprentissage de l'histoire des religions traditionnelles africaines. C'est une partie de notre patrimoine culturel. Car elles nous apprennent les lois de la nature, le respect d'autrui, l'amour, la justice, le travail, le respect des ainés ; etc. Surtout en cette période ou le Cameroun fait face à toutes les déviances sociétales, il a dont besoin d'une prise de conscience morale, d'un repère. N'est ce pas ce que beaucoup de penseurs Camerounais souhaitent, le retour aux sources. Car, ces valeurs reconnues à l'Afrique mettaient de l'harmonie. Ce qu'un témoin averti de cette Afrique écrivait :

Les Africains d'âge supérieur à 45 ans (..) ont sans doute conservé le souvenir de ce sens du partage, d'hospitalité, et de justice qui caractérisait notre vie communautaire. Les produits de la chasse, les fruits de la pêche ou de la récolte, toute provision ramenée d'un voyage, tout cela était scrupuleusement partagé entre les différents membres de la grande famille villageoise. Toutes les cuisines de toutes les mères étaient ouvertes à tous les enfants. Les menus, services de ces derniers étaient à la disposition de tous les adultes. C'est la logique de cette unité de vie et de participation qui explique cette pratique difficilement admise en d'autres contextes, celle de la communauté d'épouses à des conditions bien définies. La solidarité était une nécessité vitale, et non un simple voeu pieux132.

Cette éthique de participation et de communion étaient dictées par la façon même de comprendre l'univers. En dehors de cet aspect des choses, soulignons que notre histoire coloniale est liée aux religions chrétiennes. Qui ignore que la théorie de l'impérialisme s'appuie sur les missionnaires, les marchands et militaires. Pour dire que les missionnaires chrétiens européens ont joué un rôle décisif dans la colonisation du continent noir. C'est par rapport à ce lien qu'Achile Mbembe soulignait que : `'L'éclaircissement et la compréhension de l'histoire de l'Afrique passent par la prise en compte des forces religieuses''133.

2-Le rapport Debray : 2002

Président de l'Institut Européen en Sciences des Religions(I.E.S.R) en 2002, dont il est le fondateur, il publie en février 2002, un rapport sur « l'enseignement du fait religieux dans l'école laïque » dans le respect et la continuité du rapport de Philippe Joutard ; sur la demande

132 F. Kange Ewane, Semence et moisson coloniales, Yaoundé, éditions Clé, 1985, p. 63.

133 A. Mbembe, Afriques indociles. Christianisme, pouvoir et Etat en société postcoloniale, Paris,, Karthala, 1988. P. 52.

de Jack Lang, alors Ministre de l'Education nationale. Il tente notamment de définir le fait religieux qu'il qualifie de `'neutre, observable et pluraliste''134.

Le rapport présente l'état des lieux de l'enseignement du fait religieux en France et tente de réexaminer la place à attribuer à cet enseignement. Le rapport énonce d'abord les attentes : il s'agit, au nom de la sauvegarde des humanités, de rendre possible la transmission des cultures religieuses. Puis, il aborde la question des résistances face à ce qui peut être perçu comme une intrusion du religieux dans la sphère laïque de l'éducation. L'auteur souligne ensuite les contraintes de l'enseignement du fait religieux dont l'efficacité peut être compromise par son irrégularité et par une approche banalisée. Le rapport tente de définir par la suite la notion de laïcité républicaine comme liberté de conscience et de culte mais surtout comme liberté d'intelligence, et voit dans l'enseignement du fait religieux une visée démocratique qui se doit d'être d'avantage équilibrée et distanciée, sans verser dans un scientisme naïf. Enfin, le rapport présente douze propositions135.

Cet intérêt s'est accru notamment avec les événements du 11 septembre 2001. Il en ressortait alors en ce moment, l'inculture religieuse de la société française. Les attentats du 11 septembre 2011 ont marqué un véritable tournant puisqu'il ne s'agit plus de comprendre uniquement le passé mais également de comprendre l'actualité et l'avenir. Régis Debray met en avant le fait que l'enseignement du fait religieux dès l'école élémentaire permettrait aux enfants de mieux comprendre les événements récents, actuels qui touchent le monde entier. L'objectif essentiel d'après son rapport serait de `'donner aux élèves des clés de compréhension du monde, les hommes, de développer leur esprit critique, pour qu'ils puissent lutter face à la falsification des images, au halètement informatif, au tournis publicitaires''136.

Ce rapport Debray peut inspirer le Cameroun dans sa recherche des voies pour l'enseignement
du fait religieux à l'école secondaire. Comme la France, les élèves Camerounais ferraient face
à l'inculture religieuse. Certains dirons que les problèmes que connait la France sur le plan
religieux ne sont pas les mêmes au Cameroun. Oui je leur donnerais à moitié raison, pour une
simple raison. La crise interreligieuse n'est pas beaucoup perceptible au Cameroun comme en
France, cependant les événements qui touchent les pays voisins du Cameroun à savoir le
Nigeria et la Centrafrique devraient être comme un grand signal au Cameroun. Le fanatisme
musulman au Nigéria avec le Boko Haram, qui se caractérise par les massacres des
populations et les rapts des populations tant du coté du Nigéria que du coté du Cameroun
devient une préoccupation tant sécuritaire que intellectuelle. L'instrumentalisation de la
religion dans la crise centrafricaine pose un sérieux problème dans la sous région de l'Afrique
centrale. En effet une crise qui se voudrait politique s'est transformer en affrontement entre
les AntiBalaka (chrétiens) contre les Seleka (musulman). Et les effets de cette crise arrivent au

134 C. Nabor, `'Enseigner le fait religieux, p. 21.

135 Ibid. p. 22.

136 Ibid.

Cameroun avec les multiples agressions venant de l'un de ces groupes centrafricains et le
grand nombre de réfugiés centrafricains que le Cameroun reçoit sur son sol. Plusieurs
solutions s'offrent à la prévention de ces crises au Cameroun. Mais parmi ces solutions
l'enseignement du fait religieux serait plus efficace et à long terme.

En définitive l'enseignement du fait religieux au secondaire renforcé aura un effet positif au Cameroun. Mais à condition que celui-ci reste neutre, c'est-à-dire qu'il ne verse pas dans

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo