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L'enseignement du fait religieux dans l'enseignement secondaire au Cameroun: 1964-2013.

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par MARCEL KOVIEL SONGO
Ecole Normale Supérieure de Yaoundé - DIPES II 2013
  

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3-Les religions africaines traditionnelles

Nous voyons les croyances africaines avec Zahan, comme une confusion de `'l'homme noir, dans une certaine mesure, avec le monde, l'univers et Dieu, pour voir dans la religion, plutôt une série de préoccupations d'harmonie et d'ajustement de l'être humain dans

l'ensemble du monde visible et invisible»124. Vincent Mulago définit les religions
africaines comme un ensemble culturel fondé sur la croyance en deux mondes distincts, l'un

122 F. Boespflug et E. Martini, S'initier aux religions, P.166.

123 Ibid. P. 181.

124 D. Zahan, Spiritualité, religion et pensée africaines, Paris, Payot, 1970, p87.

visible et l'autre invisible, en l'interaction entre ces mondes, en un être suprême, et toute l'éthique qui en découle125. En nous appuyant sur ces deux directives à savoir le monde visible et le monde indivisible, nous pouvons caractériser les religions africaines.

Le monde visible qui est la première dimension de la religion africaine, c'est ce que Bokagne appelle la parie émergée ou la facette de celle du monde invisible126. Pour ce, cette dimension s'appuie sur les éléments de la nature. Il s'agit des grottes, les montagnes, les fleuves, les arbres, les plantes médicinales, les animaux donc certains sont sacrés et entrent dans les croyances africaines. Pour les africains ces composants de la nature ne sont pas les simples objets, ce sont être vivant qui incarnent la présence de l'Être Suprême. D'où leur caractère sacré. C'est pourquoi les occidentaux à mal de trouver les similitudes entre ces croyances et les leurs ont parlé de religions animistes.

Le monde invisible selon le même auteur est stratifié selon l'échelle des valeurs humaines, il regroupe les ancêtres, les génies, les esprits et l'Être Suprême127. Ces éléments invisibles parfois peuvent servir d'intermédiaires avec Dieu, c'est le cas des cranes chez les peuples de Grassfield au Cameroun, quant aux génies et aux esprits, ils ont invoqués pour la guérison ou exorciser un sort.

Alors pour les Africains les phénomènes visibles et invisibles sont une émanation de l'Être Suprême et de sa volonté. Tout participe à sa vie. C'est lui le soleil unique de tous les univers dont le rayonnement assure la sustentation et l'être. C'est à la pratique ces croyances que l'univers africains doit l'harmonie et l'équilibre. C'est le Maât égyptien.

A la lumière de cette petite analyse, fort est de constater que `'les religions» loin d'être la peinture que les occidentaux ont fait d'elles sont des véritables religions. Elles incarnent la conception africaine de l'existence, de l'univers et de dieu créateur. Ainsi, ces religion mériteraient être étudiées, aux mêmes rangs que les religions occidentales. Sinon à quoi servirait la révolution culturelle de l'Afrique ? L'enseignement des religions traditionnelles africaines aux élèves permettrait que le petit Cameroun sache que les africains n'étaient athées avant l'arrivée des blancs. Ils croyaient en un Dieu suprême à leur manière propre. Dans une deuxième dimension, cela pourrait aussi permettre que les croyances africaines aux yeux des

125V. Mulago, `'Eléments fondamentaux de la religion africaine» in Religion africaine et christianisme, Actes de colloque international de Kinshasa (9-14 janvier 1978), Centre d'Etude des Religions Africaines (CERA), 1979, p. 88.

126 E. Bokagne Betobo, `'Démystification du christianisme à la lumière de l'histoire et des croyances africaines», mémoire d'histoire, Université de Yaoundé I, 2001, p. 91.

127 Ibid. p. 92.

128 Ibid. p. 96.

jeunes puissent être dédiabolisées. Car beaucoup d'Africains depuis l'avènement du christianisme et l'islam ont ramené les pratiques religieux africaines à la magie. Pourtant, comme dans les religions étrangères, il existe des débordements dans les religions africaines. Qui ignore que la rose croix, la franc maçonnerie seraient entrées dans les Eglises étrangères ? Qui ignore que l'exorcisme est souvent pratiqué dans les religions chrétiennes ? Alors pourquoi voir le mal seulement dans les religions africaines ? Dans la troisième dimension, il s'agit de montrer à nos jeunes élèves que les religions africaines ont des valeurs à exploiter pour l'équilibre de l'univers. C'est dans ce sens que Bokagne pense que :

il nous parait impensable, que sous l'influence des croyances africaines, le monde aurait connu les altérations de la couche d'ozone, les violentes déforestations, les catastrophes écologiques que sécrète un univers euro-chrétien dominé par la vision d'un Dieu distinct de sa création128.

En somme, les croyances africaines à défaut de ne pas être pratiquées, peuvent faire l'objet des leçons dans les établissements scolaires. Elles prônent beaucoup de valeurs morales, éthiques.

Alors à travers l'examen de l'absence de ces trois religions, il est à constater que cet état des choses pourrait s'avérer plus tard comme une insuffisance pédagogique dans les programmes scolaires. Le monde actuel a maille à partir avec des discriminations, même si dans le domaine de la science chaque Etat est libre de faire le choix du système qui lui sied. Mais nous pouvons aussi dire que chaque système d'éducation devrait prendre en compte le contexte dans lequel il existe. Alors cette partie consacrée aux faits religieux dans les programmes nous a conduit à l'examen de la place du fait religieux dans les programmes et le constat de l'absence des autres religions à l'intérieur de ces programmes. Dès lors il faut s'interroger si cela n'est pas dû à un problème de prise de conscience de l'importance de l'enseignement de l'histoire des religions.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci