C- INEXISTENCE DES AUTRES RELIGIONS DANS CES PRORAMMES
Quand on parle de l'inexistence on fait allusion à
l'absence de quelque chose qui devait exister. Le Dictionnaire Universel parle
de défaut d'existence. Il s'agit ici de l'absence de l'Indouisme, le
Bouddhisme et les religions traditionnelles africaines dans les programmes.
1-L'Hindouisme
L'Hindouisme est un ensemble de courants religieux surtout
répandu en Inde, reposant sur les Vedas et le système de
caste. Professé par 85% de la population, l'Hindouisme ne ressemble
à aucune autre religion115. Le panthéon hindouiste
réunit plusieurs divinités dont les plus connues sont
Vishou, qui représente l'aspect conservateur et bienveillant du
principe créateur du Brahma, Çiva qui en est l'aspect
destructeur et en même temps reproducteur, puisque toute mort est aussi
une naissance. La morale hindouiste recommande en général la
pureté, la maîtrise de soi, le détachement, la
vérité, la non violence, le respect des êtres
vivants116. Contrairement à sa religion soeur le Bouddhisme,
l'Hindouisme n'a pas connu une grande expansion, sinon à travers les
migrations des populations indiennes. Elle est restée comme une
tradition proprement indienne.
En effet, Cette religion est absente des programmes d'histoire
d'enseignement secondaire. Pourtant l'ouverture de notre pays au monde fait en
sorte que nous ayons chez nous les populations indiennes qui exercent dans le
commerce depuis très longtemps. Ils cohabitent avec les populations
camerounaises et pratiquent leur culte chaque fois qu'il est
114
115 G. de Bertier, Le Monde contemporain de 1914 à nos
jours, Paris, Editions de Gigord, 1974, p. 238.
116 Ibid.
possible. Par ignorance de cette religion, pire encore de ses
pratiques, les populations locales pourraient se méfier de ces Indiens.
Ou dans un autre cas développer une sorte d'intolérance et
mépris envers ces populations indiennes. D'où la
nécessité de l'enseignement de l'Hindouisme aux
élèves du secondaire. Dans le sens de cultiver le jeune
camerounais sur les pratiques religieuses des ressortissants de l'Inde,
évitant par conséquent la méfiance et la satanisation des
pratiques de ces derniers. Surtout en termes de relations, il faut connaitre
autrui dans son entièreté pour le comprendre et l'accepter.
2-Le Bouddhisme
Le Bouddhisme est une religion de l'Asie, qui est née
entre 560-480 avant Jésus-Christ dans le Nord-Est de l'Inde (la
région située au pied de l'Himalaya). Son fondateur est Gautama
Siddhartha de son vrai nom et devenu après son illumination Bouddha
(L'illuminé)117. Dans sa quête de la voie divine, le
Gautama découvra quatre nobles vérités :
l'universalité de la souffrance, l'origine de la souffrance, la
cessation de la souffrance et le chemin qui conduit à la cessation de la
souffrance. 118 Et fort de ces vérités, il propose le
noble chemin octuple (la compréhension juste, la pensée juste, la
parole juste, l'action juste, le moyen d'existence juste, l'effort juste,
l'attention juste et la concentration juste)119. La morale populaire
bouddhiste est généralement résumée dans les cinq
préceptes :
- ne pas tuer d'être vivant,
- ne pas voler,
- ne pas se donner à la luxure,
- ne pas mentir,
- ne pas s'enivrer120.
Ce sont ces valeurs qui ont fait du Bouddhisme une religion
populaire en Asie. Malgré son évincement par l'hindouisme et
l'Islam dans sa terre natale121, il s'est facilement répandu
dans toute l'Asie et ainsi devenu l'une des religions les plus populaires au
monde vu le nombre d'adhérents.
117 G. de Bertier, Le Monde contemporain de 1914, p.
224.
118 F. Boespflug et E. Martini, S'initier aux religions,
Paris, les éditions Cerf, 1999, p. 190.
119 Ibid.
120 G. de Bertier, Le Monde contemporain de 1914, p.
225.
121 Le Bouddhisme eut d'abord quelque peine à triompher
de l'hostilité des prêtres de l'Hindouisme qui le combattirent
comme hérésie. Après son apogée au Vè
siècle de notre ère, une contre réforme brahamanique
réussit peu à peu à résorber
«l'hérésie ». L'invasion musulmane acheva de la
détruire en submergeant les régions où le Bouddhisme
s'était plus fortement implanté. Aujourd'hui, chose
étrange, le bouddhisme a pratiquement disparu de son pays d'origine. (G.
de Bertier, Le Monde contemporain de 1914, p.226).
L'intérêt de l'enseignement du Bouddhisme dans
les écoles du Cameroun s'explique d'abord du souci de connaitre et de
comprendre les expatriés asiatiques vivant au Cameroun. Aujourd'hui
notre pays accueille les Chinois, les Japonais, les Coréens, les
Indonésiens ; etc. Ces asiatiques dont la plus part fait le commerce et
travaille dans les grands chantiers étatiques doivent être des
sources d'inspiration. Alors pour le faire, il faut mieux les connaitre
d'abord. Deuxièmement le Cameroun est un pays d'ouverture à la
mondialisation. Cet état de chose voudrait que le jeune Camerounais
s'ouvre aux cultures des autres peuples pour mieux assoir son nouveau statut de
citoyen du monde. Dans ce sens, Dennis Gira pense que :
En effet, c'est là-bas que j'ai fait
l'expérience du fait que, pour comprendre les Japonais, il ne suffit pas
simplement d'apprendre leur langue. Non, pour entrer vraiment dans la culture
du peuple, saisir ce qui fait vivre les Japonais-même ceux qui ne croient
plus aux religions japonaises (y compris le Bouddhisme), il fallait
paradoxalement étudier chacune de ces religions. Car ce sont elles qui,
à travers les siècles, ont contribué à la formation
de la pensée et de la culture japonaise. Quelque part, donc,
l'étude des religions du monde ouvre autant de fenêtre qui donnent
sur une connaissance plus approfondie des peuples qui y
habitent.122
L'enseignement des autres religions ne saurait être une
erreur, car toutes ces religion prônent les mêmes valeurs morales
(l'amour, le respect de l'autre et de la nature, le respect de l'être
suprême). `'Un tel enseignement n'a pas pour objet d'inviter à
faire un choix religieux, mais de montrer comment l'humanité
répond dans la diversité à une préoccupation
commune»123. Alors fort de cette analyse l'enseignement de
l'hindouisme et du Bouddhisme serait une bonne chose dans les écoles
secondaires du Cameroun. Par conséquent pour ne pas devenir
acculturé sur le plan religieux, il faut penser aussi aux religions
traditionnelles africaines.
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