CHAPITRE III : REFLEXION SUR L'ENSEIGNEMENT DU FAIT
RELIGIEUX
Pour la didactique, la réflexion est le retour
opéré par la pensée sur elle-même en vue d'une
conscience plus nette et d'une maitrise plus grande de ses processus. Cette
dimension de la réflexion appartient à l'homme107.
Ainsi, réfléchir c'est pensé. Pourtant nous nous proposons
de faire une critique sur l'enseignement du fait religieux dans le secondaire
au Cameroun. Dès lors ce travail va s'articuler sur la place de
l'histoire des religions dans les programmes d'histoire au secondaire et la
prise de conscience.
III- LES FAITS RELIGIEUX DANS LES PROGRAMMES
D'HISTOIRE
Le programme est l'ensemble des thèmes d'une discipline
dont l'étude est prévue dans une classe ou sur lesquels doit
porter un examen. Pour enseigner l'histoire, les enseignants se servent des
programmes officiels. Ainsi il existe un programme d'histoire adapté
à l'approche par les compétences réservé aux
classes de 6ème et 5ème108 et l'ancien programme qui
reste en vigueur de la 4ème jusqu'en Terminale109. En nous
appuyant sur ces programmes, nous examinerons la place de l'histoire des
religions dans les programmes et dans le deuxième temps nous allons
souligner l'inexistence des autres religions dans ces programmes.
A- LA PLACE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS
En parcourant les programmes d'histoire du secondaire, on
observe une quarantaine de leçons où le fait religieux
intervient. A l'intérieur de ces quarante leçons, on compte douze
leçons de l'histoire de religions et le reste malgré qu'elle
n'aborde pas directement cette histoire relève quand-même des
aspects religieux.
1- Une quarantaine de leçons constituant des
aspects religieux
Les programmes d'histoire de l'enseignement secondaire
présentent 146 leçons de la 6ème en Terminale. Nous
dénombrons 15 leçons en 6ème, 16 en
5ème110, 22 en 4ème, 27 en
3ème, 22 en seconde, 22 en Première et 22 en
Terminale111. A l'intérieur de ce vaste programme on compte
42 leçons d'histoire présentant les aspects religieux. C'est dans
les classes de 6 ème et
107 M. Gillou, M. Moingeon et al., Dictionnaire
universel, Paris, Hachette, 2002, p. 1024.
108 Curriculum du sous cycle d'observation de
l'enseignement secondaire (6ème, 5ème).
109 Circulaire n°53/D/64/MINEDUC/IGP/ESG/IAM/AG du 15
novembre 1990 : actualisation et aménagement des programmes
d'histoire-géographie et instruction civique.
110 Curriculum du sous cycle d'observation
111 Circulaire
n°53/D/64/MINEDUC/IGP/ESG/
112 B. Delaveau, C. Mongnet et al.,
Décolonisation et problèmes de l'Afrique indépendante,
Paris, Edicef, 1983, p.60.
5ème qu'on trouve le plus grand nombre de ces
leçons, environ 12 en 6 ème et 11 en 5ème. Les
autres classes viennent avec moins de leçons, environ 04 en
4ème, 04 en 3ème, 06 en seconde, 01 en
Première et 04 en Terminale.
Nous pouvons constater que le fait religieux couvre 1/3 des
programmes d'histoire au secondaire. Mais cette estimation reste discutable,
car le domaine religieux est très vaste au point ou il est confondu avec
l'histoire des hommes et des régions. Le deuxième constat est que
le grand nombre de ces leçons se concentre au premier cycle quand on
regarde le pourcentage en leçons que représentent les classes de
sixième, cinquième et quatrième dans le nombre total de
leçons environ 60%.
Ceci est sur le plan de la forme c'est-à-dire la
présence du fait religieux dans chaque leçon d'histoire. Mais sur
le plan du fond, en faisant allusion à la pratique certains enseignants
peuvent étudier certaines des 42 leçons sans aborder le fait
religieux. Cela pour des raisons que seules eux savent. Si nous pouvons donner
une tentative de réponse c'est peut-être parce que le fait
religieux est confondu avec les autres faits historiques. Ainsi l'enseignant
choisit de développer ceux-là, à cause de leur importance.
Nous pouvons prendre par exemple la leçon de Terminale qui traite la
décolonisation du Maghreb: exemple de l»Algérie. Ici
certains enseignants déroulent les facteurs de décolonisation,
les leaders et les partis nationalistes, les moyens de revendication et
l'accession à l'indépendance sans souligner les aspects
religieux. Pourtant nous savons que dans cette crise qui a opposé
l'Algérie et la France, la religion y est pour beaucoup112.
Ce qui n'est pas le cas quand il s'agit des leçons qui traitent
directement l'histoire des religions.
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