2- La déontologie de l'enseignement comme
renfort de la laïcité
La déontologie est l'ensemble des règles et des
obligations professionnelles qui s'imposent à une profession. Elle est
l'étude, non seulement de l'ensemble des devoirs et des prescriptions
102 R. Debray, Rapport du séminaire, `'L'enseignement du
fait religieux», France, 2002.
admises à une époque donnée dans une
profession, mais l'effort pour se conformer à ces prescriptions ainsi
que les exhortations les suivre103.
Ainsi, la déontologie de la profession de
l'enseignement au Cameroun pose plusieurs éléments qui
favoriseraient le respect de la laïcité par l'enseignant dans la
salle de classe. Elle stipule par exemple que les professeurs sont par
conséquent obligés de créer et de préserver un
climat éthique à l'école. C'est-à-dire qu'ils
doivent :
- Respecter la dignité humaine, les droits de l'homme;
- Respecter la mentalité, les coutumes et les croyances
des élèves104.
Ces deux principes assurent la neutralité des
enseignants vis-à-vis des questions qui soulèvent la
sensibilité des élèves. Dès lors, ils assoient les
libertés de conscience et de croyance émises par la constitution
du Cameroun.
S'agissant de cette déontologie, Régis Debray pense
que :
La déontologie enseignante, et qui s'applique à
l'exposé des doctrines, en philosophie, comme à celui des
systèmes sociaux, en histoire, stipule la mise entre parenthèse
des convictions personnelles (...). Les professeurs sont instruits,
au-delà de la simple réserve, dans l'art de réduire sans
aplatir, expliquer sans dévaluer, donner à sentir sans se mettre
en avant105.
A travers cette affirmation, on peut relever que la
déontologie invite l'enseignant à réserver ses convictions
personnelles, si il arrive qu'il intervienne dans les questions religieuses ou
d'opinion qu'il soit objectif. Alors, nous remarquons que l'apprentissage de la
déontologie par les élèves enseignants vise à faire
d'eux les futurs enseignants neutres. Ce qui pose le problème de la
nécessité formation des enseignants dans les structures
étatiques.
3- Les statistiques des enseignants d'histoire
formés entre 1964 et 1994
Les statistiques révèlent que, de 1964 à
1994, l'Ecole Normale Supérieure a formé 1299 enseignants
d'histoire dont 615 professeurs de collèges (PCEG) et 684 professeurs de
lycées (PLEG). Le nombre de ces derniers, a rapidement augmenté
depuis ces dernières années, compte-tenu de la création de
l'Ecole
Normale de Mbambili et l'Ecole Normale de Maroua, qui à
leur tour ont formé plusieurs professeurs d'histoire106.
Alors si les structures de formation des enseignants existent, c'est
103 Madame Medoua, cours de l'administration et de la
législation scolaire, ENS de Yaoundé, 2013.
104 Ibid.
105 R. Debray, Rapport à Monsieur le Ministre de
l'Education nationale, `'L'enseignement du fait religieux dans l'école
laïque», Février 2002, p.14.
106 S. Eyezo'o, `'L'enseignement de l'histoire, 1997, p. 389.
pour répondre à plusieurs problèmes.
D'abord le souci de former les enseignants et ensuite celui d'affecter dans les
établissements les personnes qui jouissent d'une neutralité pour
aborder dans leur métier toutes les questions sans blesser la
sensibilité des apprenants. Alors notre analyse de la neutralité
du personnel enseignant s'est faite à travers la différence entre
le professeur et le catéchiste, la déontologie comme renfort de
la laïcité et l'évaluation des enseignants d'histoire
formés.
Sur l'analyse autour du cadre laïc sur l'enseignement du
fait religieux au Cameroun, nous avons fait d'abord un historique de la
laïcité au Cameroun, ses sources internationales et nationales.
Dès lors, nos retenons que la laïcité prônée
par la constitution du Cameroun aurait plusieurs origines. Elle serait
tirée de la constitution française de 1789. Mais au vu de la
Déclaration Universelle des Droits de l'Homme et la Charte Africaine des
Droits de l'Homme, il semblerait que la constitution française ne soit
pas la seule source de la laïcité au Cameroun. Car ces deux
institutions internationales posent les bases du respect des libertés de
conscience et de croyance. Cette disposition de la constitution camerounaise
s'est étendue dans le cadre scolaire à travers la loi
d'orientation de 1998 et la déontologie de l'enseignement.
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