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L'enseignement du fait religieux dans l'enseignement secondaire au Cameroun: 1964-2013.

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par MARCEL KOVIEL SONGO
Ecole Normale Supérieure de Yaoundé - DIPES II 2013
  

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C- LE MANUEL SCOLAIRE ET LES METHODES D'ENSEIGNEMENT

La place de l'histoire dans l'enseignement au Cameroun se matérialise aussi par la confection des manuels scolaires d'histoire et l'existence des méthodes précises de l'enseignement de cette discipline.

Selon le Dictionnaire de Pédagogie,

Le manuel est un livre d'un type un peu particulier. Il est destiné à être toujours en main comme son nom l'indique et il contient, sur une matière donnée, l'essentiel de tout ce qu'il faut savoir, présenté de façon aussi plus accessible que possible.

Le manuel n'est pas propre aux disciplines d'enseignement puisqu'on peut trouver des manuels pour la pêche ou pour la cuisine, mais l'acception la plus courante le désigne comme livre de classe, où une discipline, axée sur un

35 Ibid. p.179.

36 E. Mveng Evina, `'l'histoire du Cameroun dans les programmes, pp. 379-380.

37 S. Eyezo'o, `'L'Enseignement de l'histoire dans le secondaire au Cameroun'' in La recherche en histoire et l'enseignement de l'histoire en Afrique Centrale francophone, Colloque International, Publications de l'Université de Provence, 1997, pp. 389-390.

programme est présentée en leçons, avec illustration, croquis, carte accompagnées des règles, d'exemples, d'exercices...38

Pour mieux appréhender un concept ou une notion, une définition n'est pas suffisante. Ainsi, pour Richaudau,

S'il faut définir le manuel scolaire, ce doit être d'abord en évitant toute qualification formelle ou restrictive. On peut alors avancer qu'un manuel (scolaire) est un matériel imprimé, structuré, destiné à être utilisé dans un processus d'apprentissage et de formation concerté.39

Cela veut dire que tout ce qui est écrit peut être utilisé comme matériel d'enseignement-apprentissage scolaire quel que soit son étendu et son volume qu'il occupe à la seule condition qu'on l'intègre à un processus d'enseignement. De préférence cette définition :

S'applique donc aussi bien à un atlas qu'à un dictionnaire, une encyclopédie, une anthologie de morceaux choisis, un manuel scolaire proprement dit, ... un manuel pratique (technique), un texte, programmé, etc.40

Une réflexion sur les différences définitions ci-dessus établit sans ambages qu'elles ont un dénominateur commun : l'intégration à un processus d'enseignement ou d'apprentissage. Quand une discipline est axée sur un programme et présentée en leçons avec illustrations dans un document écrit cela revient à dire que ce document est intégré dans un processus d'enseignement-apprentissage.

Comenius serait le premier auteur d'un manuel scolaire destiné aux maîtres et aux élèves, La porte ouverte des langues en 1633 et que par la suite, il mit au point le livre illustré41.

Le problème de manuel scolaire d'histoire au Cameroun est très réel. L'usage préférentiel des manuels d'histoire écrits par des occidentaux, la pauvreté quantitative et qualitative des manuels d'histoire.

La politique du manuel d'histoire au Cameroun ne tient pas compte du nouveau contexte du Cameroun. En effet, cinquante ans après son indépendance le système éducatif camerounais ne devrait plus se tourner vers ceux qui ont souhaité qu'on n'ait pas d'histoire pour faire l'histoire de notre pays. Aujourd'hui le Cameroun continue d'utiliser des manuels

38 L. Arenilla, et al., Dictionnaire de pédagogie, Paris, Bordas, 1996, p. 187.

39 F. Richaudau, Conception et production des manuels scolaires, guide pratique, Paris, U.N.E.S.C.O, 1986, p. 51.

40 Ibid.

41 J. B.Tchoufa, `'Problématique de la conduite, p. 37.

d'histoire écrits par les occidentaux. Pourtant ceux-ci font un travail superficiel et leur intérêt est plus commercial que scientifique. C'est ce que dénonce Mveng Evina quand il dit :

La plupart des manuels d'histoire utilisés au Cameroun sont édités en France par les grands éditeurs français (Hachette, Hatier, Larousse ; etc.) Ces éditeurs sont plus portés à éditer les ouvrages scolaires qui intéressent le plus grand nombre des pays francophones. Ce sont en fait des commerçants plus intéressés par les bénéfices que les intérêts particuliers d'un pays isolé42.

Le manuel d'histoire de terminale Décolonisation et problèmes de l'Afrique indépendant de B. Delaveau est un exemple patent. Dans ce manuel, cet auteur et ses compères réduisent l'histoire de l'Afrique à 159 pages. L'histoire de la décolonisation du Cameroun fait à peine deux pages dans ce manuel.

Voila la preuve que la production de l'histoire africaine est une source d'argent pour les occidentaux et nom un souci de doter les pays africains de leur histoire. Hélas sur le plan local ce n'est pas mieux.

L'insuffisance production des livres d'histoire au Cameroun pose un sérieux problème. La production est faible par rapport à la demande. Les historiens publient peu d'ouvrages. Les mémoires, les thèses qui peuvent être publiées sont classées dans les bibliothèques académiques. Ceux qui essaient de produire font des gros livres difficiles à s'en servir dans l'enseignement secondaire. Pourtant ils pouvaient sortir des petits manuels à partir de ces publications. Les cent d'histoire du Cameroun, l'histoire du Cameroun sont des gros ouvrages qui peuvent produire plusieurs manuels utilisables au secondaire.

La qualité de la matière historique est confrontée à plusieurs problèmes. La tranche connue de cette histoire n'a fait qu'une entrée timide, en tout cas tardive dans les programmes d'enseignement, tous cycles et tous niveaux confondus. Le matériel didactique est sommaire, souvent incohérent et pas toujours crédible, convaincant. Trop de manuels ou de fascicules intitulés : `'histoire du Cameroun. Classe de ...» ont été conçus et confectionnés à la va-vite pour couvrir un marché sur un créneau juteux, plutôt que pour satisfaire des réels besoins de connaissances43. On note encore aujourd'hui beaucoup d'amateurisme dans la production des manuels d'histoire. Les éditeurs à mal de connaissances en histoire synthétisent mal les connaissances scientifiques pour mettre à la disponibilité des enseignants et les élèves du

42 E. Mveng Evina, `'l'histoire du Cameroun dans les programmes, pp. 379

43 L. Kaptué, `'Historiographie et enseignement de l'histoire au Cameroun» in La recherche en histoire et l'enseignement de l'histoire en Afrique Centrale francophone, Colloque International, Publications de l'Université de Provence, 1997 .p. 327.

secondaire. Alors nous avons pu constater que le manuel scolaire bien n'étant pas bon en quantité et en qualité fait son bonhomme de chemin au pays. Au vu de la multiplication des enseignants d'histoire, de l'émergence de plusieurs historiens dans nos universités conscients du problème de la production historique dont souffre notre pays, il est possible d'espérer la production s'améliore en quantité et en qualité. A l'intar de la méthode de l'enseignement qui évolue d'année en année.

La méthode est l'ensemble de procédés, de moyens pour arriver à un résultat selon le Dictionnaire Universel. Etymologiquement, méthode veut dire chemin qui conduit vers une destination, un but44. La méthode didactique se distingue de la méthode de la recherche, en ce sens qu'elle se réfère plus précisément à l'enseignement. Or tout enseignement exige l'explication ou la formulation des objectifs de l'enseignement. Pour atteindre ces objectifs, l'enseignant doit passer par une ou plusieurs méthodes qui conduisent vers ces objectifs45. Alors dans son livre, Belinga affirme que la méthode de l'enseignement est vielle comme l'histoire. Au Ve siècle avant Jésus-Christ, les Sophistes apparaissent comme les premiers spécialistes de l'enseignement. Ce sont eux en effet qui vont être à l'origine des premiers développements didactiques46. L'objet de leur enseignement était l'art oratoire. C'est la maîtrise de la communication et de la persuasion au moyen de la parole. A côté des Sophistes, Socrate développe la maïeutique et la méthode basée sur la conversation47. Ainsi nous constatons que depuis la Grèce antique, les hommes de science étaient déjà préoccupés par la méthode.

Depuis les temps modernes, on a connu les méthodes traditionnelles, les méthodes actives, les méthodes par objectif et l'approche par les compétences.

La méthode traditionnelle est celle qui applique la pédagogie du transmissivisme. Ici l'enseignant est le magistère et l'apprenant le Tabula rasa.

Ces méthodes, on le sait, font appel à la mémoire plutôt qu'à l'intelligence de l'élève. Elles ont pour corollaire le cours dicté qui renferme le professeur dans un monologue et l'amène par conséquent à s'adresser plus aux stylos à billes qu'aux élèves48.

44 S. Belinga Bessala, Didactique et professionnalisation des enseignants, Yaoundé, Edition CLE, 2005, p. 34.

45 Ibid.

46 Ibid. p.33.

47 Ibid.

48 S. Eyezo'o, `'L'Enseignement de l'histoire, p. 390.

Cet enseignement ennuyeux et peu efficace ne pouvait perdurer, `'il était apparu comme un mal généralisé qui minait l'enseignement dans les lycées et collèges du Cameroun''49. Il fallait la changer avec une nouvelle méthode.

Dans les années 1980, l'Inspection Nationale d'Histoire-Géographie préconisa les méthodes actives pour enseigner l'histoire dans le secondaire.

La méthode active implique la prise en compte des intérêts des apprenants, de la participation des élèves moyennant des stimuli spécifiques. Il s'agit de susciter, de provoquer l'action de l'apprenant à travers les activités bien structurées. L'apprenant est situé au centre de sa formation, l'enseignant devient son guide, orienteur tout en évitant de se substituer à lui dans son activité d'apprentissage50.

Cette méthode a permis à l'enseignement d'être efficace. Car l'élève participait activement à l'élaboration de son savoir. Dans la quête de perfection, on essaye toujours d'adapter la manière d'enseigner au rythme de l'évolution de la pédagogie et en fonction des difficultés rencontrées sur le terrain, en l'occurrence des méthodes actives à la longue on a rencontré de nombreux problèmes. Certaines de ces difficultés sont :

- Les effectifs pléthoriques de certaines classes ne permettent pas à chaque élève de s'exprimer ;

- Les contraintes des programmes à terminer absolument amènent certains enseignants à utiliser les méthodes ex-cathedra ;

- Les supports didactiques font défaut.

Face à ces problèmes les spécialistes on expérimenté une nouvelle méthode, c'est l'enseignement par objectif ou directive. Pour Roger Mager il est `'la description d'un ensemble de comportements (performances) dont l'étudiant doit se montrer capable pour être reconnu compétant''51. En histoire comme dans toute autre discipline, la méthode par objectif présente des avantages certains. D'abord, elle traduit une indication précise de la direction de l'apprentissage envisagé par l'enseignant formateur, une description du résultat attendu par lui52. Voici les rubriques qui entrent dans la préparation d'une leçon avec la méthode par objectif :

- les contenus spécifiques de la leçon ;

- L'objectif pédagogique opérationnel terminal subdivisé en objectifs pédagogiques opérationnel intermédiaires ;

49 Ibid.

50 S. Belinga Bessala, Didactique et professionnalisation, p. 38.

51 S. Eyezo'o, `'L'Enseignement de l'histoire, p. 391.

52 Ibid.

53 Mayi, `'Cours de didactique de l'histoire», Histoire V, Ecole Normale Supérieure de Yaoundé, 2013.

- Le matériel didactique

- Les activités d'apprentissage - L'évaluation

- Le temps.

Cette méthode est appréciée, mais le de perfectionner, de produire les apprenants compétents, depuis quelques années, l'Inspection Nationale d'Histoire-Géographie expérimente une méthode novatrice. C'est l'approche par les compétences. Elle nous vient du Canada.

Selon Domenico Maciotra `'la compétence est un savoir agir en situation. Elle dépasse le simple cadre du savoir c'est-à-dire ce qui s'apprend, pour devenir un savoir en action. On est compétent par rapport à un tâche à une situation»53.

La compétence ne se donne dont pas, mais elle se construit dans et par une activité. Elle présente quelques caractéristiques :

- La compétence ne se donne jamais à voir directement. Elle n'est pas donc observable directement comme les objectifs de Bloom cognitifs ;

- La compétence est indissociable e l'activité, de la singularité du sujet et du contexte dans lequel elle s'exerce.

- La compétence est structurée de manière combinatoire et dynamique ;

- Elle est construite et évolutive.

L'enseignement secondaire a choisi les clases de 6e et 5e au Cameroun pour expérimenter cette méthode. Elle est indiscutablement la meilleure, car elle permet à l'apprenant de résoudre ses problèmes quotidiens. L'histoire étant un nom de problèmes à résoudre, elle est appropriée. On attend voir les résultats de cette expérimentation d'ici les années à venir. Alors nous constatons que plusieurs efforts sont faits dans le système éducatif pour améliorer les méthodes d'enseignement. Dès lors suite à cette dynamique consacrée dans la méthode, il est indispensable que le problème du manuel d'histoire trouve des solutions efficaces.

Finalement l'histoire du Cameroun a pris une place importante aujourd'hui dans l'enseignement. Malgré que cette dynamique ait été progressive. L'élargissement de l'histoire du Cameroun dans les programmes de l'enseignement, la formation de plus en plus des enseignants d'histoire, l'amélioration des méthodes d'enseignement sont autant de signaux qui montrent que l'histoire a un bel avenir devant elle.

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