Formation professionnelle continue des enseignants et rapport à leurs besoins: cas des professeurs de français de l'enseignement secondaire technique et professionnel de Ouagadougou( Télécharger le fichier original )par Barthélemy TENKODOGO Université de Rouen/France - Master 2 pro Ingénierie et Conseil en Formation 2011 |
L'INTRODUCTIONIntroductionUn proverbe arabe dit : « La différence entre un jardin et un désert, ce n'est pas l'eau c'est l'homme »1(*). Nous retenons de ce proverbe un élément très important : c'est l'homme qui est au coeur de tout processus de transformation, d'évolution ou de mutation d'une étape vers une autre. La gestion des ressources humaines organisée de façon rationnelle permet à une entreprise, une organisation de relever de manière efficace et efficiente les différents défis. Pour développer ou adapter les compétences des ressources humaines à l'environnement de travail et permettre aux organisations d'atteindre les objectifs par leur organisation, la formation est parmi l'un des outils nécessaires. Les différents discours des responsables de l'éducation au niveau de l'enseignement secondaire reconnaissent le rôle que joue la formation initiale que surtout continue dans l'amélioration de la qualité professionnelle des enseignants aussi du niveau des élèves. En effet, à ce niveau, nous ne cessons d'entendre: « Le niveau des élèves a baissé, il n'y a plus de bons enseignants, ils n'ont plus la vocation, ils ne sont plus bien formés ». A cette récrimination de la société, les enseignants ont leur réponse: effectifs pléthoriques, matériels didactiques insuffisants, avantages pécuniaires non attrayants et surtout une raréfaction des formations dans un contexte d'évolution des savoirs et savoir-faire. Des propos qui contiennent certes une part de vérité et témoignent de la préoccupation de tous les acteurs parce que la performance d'un système éducatif repose a priori sur les compétences de ses enseignants et de leurs conditions de travail. Cependant, si l'Institut National des Science de l'Education (INSE créé en 1986) puis à l'Ecole Normale Supérieure de l'Université de Koudougou (ENS/UK) ont continué à donner une formation initiale à certains professeurs. Ceux dits « directs » n'ont pas bénéficié de ce principe. Conscient de cette insuffisance, le ministère pris à coeur la formation continue des enseignants en mettant en place des dispositifs de formation. Le projet maths-français qui allait connaitre une fin en est une illustration, remarquable. La formation continue des enseignants est devenue irrégulière à cause de ressources financières insuffisantes2(*). Les formations professionnelles continues se font maintenant au gré des disponibilités financières3(*) de la Direction Générale des Inspections et de la Formation Pédagogique (DGIFP). Pourtant, le métier d'enseignant quelque soit les conditions exige des méthodes pédagogiques, des savoirs et connaissances en perpétuel évolution. En un mot, l'enseignant doit d'être à jour. La formation professionnelle continue est l'une des voies royales pour parvenir à cette mise à jour. La formation continue peut prendre plusieurs formes : visite de classe, séminaires, universités d'été, Formation à Distance (FAD), journées pédagogiques, conseils d'enseignement par discipline. La langue officielle au Burkina Faso est le français. Il est la langue d'enseignement la plus utilisée4(*) dans le système éducatif du primaire au supérieur. Cette position de langue principale d'enseignement met le français au centre de l'apprentissage des autres disciplines. Combien de fois n'avons-nous pas été interpellé par les collègues des autres disciplines sur la qualité de l'expression des élèves : les élèves n'écrivent ni ne parlent bien le français. Cette interpellation montre que le professeur de français sans le vouloir joue un rôle essentiel dans l'apprentissage dans les autres disciplines. N'est-ce pas à travers le français écrit et parlé que les parents et l'opinion publique jugent-ils de la qualité de l'enseignement 5(*) ? Les professeurs des matières générales sont confrontés à la difficile articulation entre les programmes de l'enseignement général et ceux de l'enseignement technique et professionnel. A cette difficulté, s'ajoute la faiblesse des notes des élèves dans ces matières considérées comme secondaire. A ce titre, la conférence annuelle des inspecteurs de l'enseignement secondaire(CAIES) recommande que les programmes de l'enseignement général tiennent compte des besoins de l'enseignement technique6(*)y compris ceux du français. En effet, la 6ème CAIES tenue en 2005 constatait un manque de programmes cohérents et adaptés aux besoins de l'enseignement technique et professionnel au niveau des disciplines générales intervenant dans le technique d'une part et absence de pratique interdisciplinaire à tous les niveaux dont l'élaboration des programmes, des attitudes et des pratiques d'autre part. Le français n'échappe pas à cette réalité. D'ailleurs, Justine Couldiaty Kielem remarquait que de toutes les disciplines enseignées, le français est la moins réussie par les élèves. Elle attribue cet échec des élèves en français aux approches pédagogiques et disciplinaires des enseignants.7(*) La position centrale qu'occupe le professeur de français (mais pas en termes de primauté sur les autres disciplines enseignées), nécessite une politique de formation initiale et surtout continue en tenant compte des deux catégories de l'enseignement secondaire.
Les formations professionnelles continues des professeurs en général et des professeurs de français en particulier, les séminaires semblent le canal le plus utilisé actuellement. Les séminaires de formation regroupent à la fois des enseignants de l'enseignement général et de l'enseignement technique et professionnel. Dans la théorie ces deux groupes sont identiques, mais dans les faits, chaque groupe a en charge des apprenants différents avec des objectifs éducatifs finaux différents. Aussi, l'uniformisation des contenus des formations continues pour ces deux groupes d'enseignants notamment pour les enseignants de français de l'enseignement technique et professionnel peut ne pas répondre à leurs attentes en terme de formation. Thierry Ardouin ne dit-il pas que la formation8(*) est : « L'action de se doter de moyens pour permettre l'acquisition de savoirs par une personne ou un groupe, dans une perspective contractuelle, en lien avec un contexte donné en vue d'atteindre un objectif ». Ce souci de lier formation continue et besoins ou demande individuelle ou collective dans une démarche d'ingénierie de formation, nous a amené à nous interroger sur le sujet suivant: « Formation professionnelle continue des enseignants et rapport à leurs besoins : cas des professeurs de français de l'enseignement technique et professionnel de Ouagadougou. » Il s'agit pour nous dans l'examen de ce sujet d'explorer les réalités auxquelles sont confrontées les professeurs de français de l'enseignement technique et professionnel dans l'enseignement-apprentissage du français, l'apport de la formation continue dans leur professionnalisation. Cela, nous conduit à interroger la relation entre les formations continues reçues et leurs besoins. Dans la première partie de notre travail, nous présenterons le contexte. La seconde partie sera axée sur le cadre théorique et conceptuel, la troisième portera sur la problématique. La quatrième partie sera axée sur le cadre méthodologique où nous présenterons les populations concernées par l'étude, les modalités d'échantillonnage et de recueil des données. La cinquième partie portera sur l'analyse des résultats. Enfin la dernière partie sera basée sur la vérification des hypothèses et les solutions pour l'amélioration de la formation. * 1Jean Marie PERETTI (2011-2012), Cours de Gestion des Ressources Humaines, Master Professionnel Ingénierie et Conseil en Formation Université de Rouen. p2 * 2 En 2010, budget du MESS représentait 6,5% total de l'Etat (rapport tableau de bord 2009-2010, MESSRS, 2010). le budget alloué à la formation représentait 0,47 du budget du MESS exercice 2006-2007 (7ème CAIES, 2006) * 3 le budget alloué à la formation représentait 0,47 du budget du MESS exercice 2006-2007 (7ème CAIES, 2006) * 4 L'article 10 de la loi d'orientation de l'éducation 2007 les langues nationales sont aussi une langue d'enseignement. * 5 Rapport 2ème Conférence Annuelle des Inspecteurs de l'Enseignement Secondaire, MESSRS, Bobo-Dioulasso, 2001, p.57 * 6 Rapport 8ème Conférence Annuelle des Inspecteurs de l'Enseignement Secondaire, MESSRS, Bobo-Dioulasso, 2007, p.117 * 7 Justine Couldiaty-Kielem : Les facteurs déterminants de l'efficacité pédagogique des établissements secondaires : une analyse critique de l'échec scolaire au Burkina Faso. Thèse de doctorat, Université de Bourgogne, p. 396, 2005-2006. * 8 Thierry Ardouin, L'ingénierie de la formation pour l'entreprise, Dunod, 2003, p10 |
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