(5) Automatisation de la production et
de la Supply Chain
Comme nous l'avons vu précédemment,
l'automatisation est un facteur déterminant de premier ordre pour le
succès du modèle ZARA. Elle permet non seulement
d'économiser sur les coûts de main d'oeuvre en ce qui concerne les
taches pénibles et répétitives (Moins cher et plus
précis/stable qu'une chinoise ou une éthiopienne, c'est un
automate ou un robot !). Maisl'automatisation permet aussi et surtout, de
compacter les délais afin de répondre plus vite que les
concurrents aux attentes du marché (« Time to
market »). C'est un aspect fondamental du Lean : quantifier la
valeur du produit du point de vue du client pour produire seulement ce que le
client a commandé. Là encore il s'agit d'organiser la production
en considérant que le temps est, au-delà du prix, une
barrière à l'entrée exigée implicitement par le
client. Barrière qui permet de se différencier et de distancer
ses concurrents. Il s'agit donc encore essentiellement d'une vision
stratégique totalement compatible et transférable au MIF.
Lorsque l'on parle d'automatisation de la production, on pense
immédiatement aux machines qui fabriquent, mais de plus en plus, comme
le suggère le modèle du Groupe Inditex, il s'agit d'automatiser
autant que faire se peuttoutes les phases amont et aval de la confection
à proprement parler. Cette phase reste d'ailleurs encore aujourd'hui
difficilement automatisable (il n'existe pas encore de robot couturier). De
fait, ce sont tous les autres flux qu'il s'agit d'automatiser(Conception,
Approvisionnement, Fabrication, Conditionnement, Préparation,
Expédition). Pour, comme dans le Lean, créer un flux continu qui
réduise la taille des lots et les encours (WIP).
En effet, au-delà de la plateforme logistique
automatisée et alimentée automatiquement via des tunnels
sous-terrain (intra-logistique), il faut tenter d'automatiser tous les
processus répétitifs et leur ordonnancement / coordination, y
compris ceux qui sont immatérielscomme le traitement des commandes, la
planification des approvisionnements et des fabrications (teinture,
impressions, découpe, étiquetage, colisage, ...).
Par ailleurs, l'un des enjeux des usines intelligentes est la
flexibilité. C'est un défimajeur pour l'automatisation qui doit
devenir elle aussi « intelligente », car elle
suittraditionnellement une logiquerigide, séquencée en succession
d'actions répétitives sur un ilot dédié et
isolé. Mais cette façon basique de programmer les machines
provient d'une vision Taylorisée de l'industrie qui est aujourd'hui
dépassée.Or l'intelligenceest décrite comme une
faculté d'adaptation (apprentissage pour s'adapter à
l'environnement ou au contraire, faculté de modifier l'environnement
pour l'adapter à ses propres besoins).
L'automatisation « intelligente » devient
donc une façon de programmer les machines suivant une logique qui
s'enrichit des paramètres extérieurs comme pourrait l'être
par exemple la taille ou le coloris d'un T-shirt. Pour devenir
« intelligente » cette recette(taille et couleur) doit
être disponible sur le réseau et ordonnée par lui en
fonction de la commande client, de la conception du design, ... Elle implique
également d'autres actions sur toute la chaine à d'autres
étapes comme lasélection de la matière première, la
taille des cartons, codes à barres, étiquettes RFID, la gestion
des stocks, la préparation de commande, ...En somme l'automatisation
« intelligente » crée du lien sur toute la
chaîne.
Ainsi, avec dessites de production composés d'objets
intelligents (IoT), communicants et liés dans un réseau
lui-même relié à l'extérieur, l'agilité de la
production peut être accrue. Le consommateur final de même que les
différents partenaires peuvent prendre une place dans le processus,
permettant la personnalisation des produits et la modification de leurs
caractéristiques en fonction des demandes ou des difficultés. Il
devient donc possible de proposer une production à la fois à
grande échelle et personnalisée avec une réactivité
instantanée ou presque.
Nous l'avons vu, une des clés de la pensée Lean
est le « juste-à-temps » qui permet de limiter les
stocks gourmands en BFR.Un des leviers d'amélioration de la
compétitivité de l'hyper automatisation
« intelligente » est donc, là encore, la convergence
et l'interconnexion directe au système d'information.Cette organisation
génère un flux d'information permanenttrèssupérieur
à celui généré par des modes de productions
traditionnels. De plus, ces informations doivent être
échangées le plus rapidement possible avec les acteurs
logistiques extérieurs au lieu de production (approvisionnement,
confections sous-traitée, livraisons). Le système RFIDde bout en
boutpeut servir non seulement à tracer les produits sur toute la
chaîne de production, mais encore servir d'antivol et d'étiquetage
de caisse à son arrivée dans le magasin. Cette ressource
(SI&U4.0) essentiellement immatérielle n'est pas spécifique
à ZARA et peut-être améliorée en France par nature
(la technologie et les outils progressent chaque jour).
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