(4) Utiliser une organisation en
« ilots » (Ecoconception/Lean).
Comme nous l'avons vu, l'une des forces de ZARA,essentielle
à son agilité,est d'obtenir une grande variété de
produits similaires sur une même chaine de fabrication, afin de
bénéficier,malgré de relatives petites séries, des
effets d'échelle et d'expérience propres aux grandes
séries.Dès le début de la chaine, le groupe retarde par
exemple jusqu'au dernier moment la personnalisation qui commence avec la
teinture ou l'impression, et ce jusqu'à la découpe laser
automatisée(en lien direct avec le design)qui rend le processus
irréversible.
En parallèle de cette agilité, son
système de production organisé par ilots cohérents
s'inspire du Toyota Production System (Lean Management) qui repose sur
l'élimination des gaspillages dans les processus de production
(MUDA : par exemple trop de stock, trop de déchets,
réduction des temps d'attente ou de changement de série,
déplacements inutiles ou sous-utilisations de compétences ...).
La pensée Lean vise à augmenter la capacité de production,
en réduisant les coûts et le temps de cycle. Elles`appuie sur la
compréhension des besoins des clients (flux tirés) et vise
perpétuellement la perfection, en améliorant la
qualité et en éliminant les gaspillages.
Dans ce contexte, Inditexambitionne de maximiser l'interaction
et l'efficacité homme-machines-environnement. En ce sens le groupe
s'approche du concept Allemand d'industrie 4.0, lui-même en partie
lié au concept d'écoconception, qui, dans sa définition
première, se focalise sur une approche conduisant à
l'amélioration continue et environnementale d'un produit tout au long de
la chaîne de valeur.
Là encore, le système de production de ZARA est
inspirant et semble transposable au MIF dans la mesureoù il correspond
essentiellement à une nouvelle façon d'organiser ses moyens de
production (en lien permanent avec ses équipes projet notamment).
L'objectif transposable au MIF serait donc la mise en place d'usines de
production textile dites « intelligentes » capables d'une
plus grande adaptabilité dans la production en France et d'une
allocation plus efficace des ressources. En effet, les « smart
factories » sont caractérisées par une interconnexion
des machines et des systèmes au sein des sites de production mais aussi
entre eux et l'extérieur (clients, partenaires, autres sites de
productions). Comme pressenti dans la première partie, le système
d'information fusionnant avec les systèmes cyber-physiques et l'internet
des objets devient une clé de voute de l'édifice qui semble
transposable et accessible au MIF.
« L'usine du futur » représente
également une réponse aux problématiques actuelles de la
gestion de l'énergie et des ressources. Avec ce système
d'information organisé selon un réseau de communication et
d'échange instantané et permanent, l'organisation devient capable
de rendre cette gestion plus efficace en coordonnant les besoins et
disponibilités de chaque élément du système de la
façon la plus efficiente possible, en densifiant leur exploitation,
alimentant par-là de nouveaux gains de productivité dans un
cercle vertueux.
D'autre part, la vision de l'écoconception a
évolué avec le temps. Elle exige une réflexion
légèrement différente suivant que son approche soit
purement produit, service ou système. Selon l'AFNOR en 2004,
« L'écoconception consiste à intégrer
l'environnement dès la conception d'un produit ou service, et lors de
toutes les étapes de son cycle de vie ».Selon cette
définition,il s'agissait plutôt d'une démarche
d'amélioration continue, portée par une volonté
établie au plus haut niveau, puis, mise en oeuvre au sein
« d'équipes projets transversales » (achats, bureau
d'études, design, marketing, ...). Ces équipessont
censéesintégrer les aspects environnementaux au même titre
que les aspects plus classiquement considérés
(économiques, technologies, attentes clients, ...).
Cette dimension « environnementale » reste
néanmoins à vérifier chez ZARA, dont le modèle
fast-fashion inspire par nature davantage un monde de consommation qu'un monde
de sobriété envers les ressources. C'est donc à priori une
source de différentiation pour le MIF. En effet, l'écoconception,
par son approche de réduction des impacts, peut conduire à des
économies significatives favorables au MIF en limitant, par exemple, le
coût des transports ou en favorisant la prévention à la
source (utilisation de moins de Matières Premières), le recours
à des matériaux issus du recyclage (recyclage jeans 1083)
...
En ce sens, depuis 2004 la vision de l'AFNOR a largement
évolué. En 2013, la Norme NFX 30-264définissait
l'écoconception comme : « Intégration
systématique des aspects environnementaux dès la conception et le
développement de produits (biens et services, systèmes) avec pour
objectif la réduction des impacts environnementaux négatifs tout
au long de leur cycle de vie à service rendu équivalent ou
supérieur. Cette approche dès l'amont d'un processus de
conception vise à trouver le meilleur équilibre entre les
exigences, environnementales, sociales, techniques et économiques dans
la conception et le développement de produits ».
Créatrice d'innovation, l'écoconception permet
donc aux entreprises de diminuer les impacts tout au long de son cycle de vie
(de l'extraction des matières premières jusqu'à la fin de
vie). Elle conduit à s'interroger notamment sur le choix de
matières et de leur capacité de renouvellement, sur les impacts
des procédés de fabrication (délavage / eau) mais aussi
l'amélioration continue, des transports (rotation et fraicheur des
stocks), de l'usage ou encore de la fin de vie
(collecte/recyclage)... Mais cet objectif réduction des impacts
environnementaux devrait être précédé par une
réflexion sur l'utilité et l'usage du produit en lui-même
afin de l'adapter au mieux à l'utilisateur et à ses besoins
(utilité du fast-fashion qui lasse ?).
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