2- Evolution de l'arabe
dialectal
Partant ainsi d'un statut quasi officiel, faisant de lui un
rival à l'arabe classique, l'arabe dialectal a servi de support à
de nombreux travaux médiatiques et culturels relatifs au patrimoine
national. Ceci s'illustre par les scénarios de films très
réussis qui relatent des évènements historiques importants
de la nation. Nous citons à titre d'exemple le film
« Chronique des années de braise » de Lakhdar Hamina
(palme d'or au festival de Cannes en 1975) et celui de « Cheikh
Bouamama » écrit par l'ex ministre algérien de la
culture Boualèm Bessayeh. Sur le plan artistique, nous trouvons la
poésie populaire locale (les Kassaied), matière de base de la
musique andalouse « Malouf » et
« Chaabi ». OEuvres appartenant à des auteurs
célèbres à l'image de Med Benguitoun, Sidi Lakhdar Ben
khlouf et combien d'autres encore pour ne citer que ces deux là.Tous ces
travaux sont réalisés, en cette époque d'après
l'indépendance, à partir d'un arabe dialectal sans
interférence avec le français.
Par la suite, ce parler s'est distingué par un recours
à une alternance codique. Cette pratique langagière
interfère généralement avec la langue française
à laquelle s'ajoute souvent, selon le cas (origine sociale,
qualités des participants et aussi le thème des discussions), une
des variétés de tamazight (le kabyle, le chaoui, le tergui ou le
m'zabi). Cette alternance de code a toujours préservé les
règles de la syntaxe. C'est une forme de stratégie de
communication-une compensation- loin d'une méconnaissance des langues
parlées, puisqu'elle ne les altère pas et le sens des
énoncés demeure inchangé.
L'arabe dialectal arrive enfin à un stade de
métissage basé sur l'emprunt algérianisé que nous
avons précisé supra. Cette situation a fait que ce parler adopte
des termes nouveaux qui vont enrichir les interactions quotidiennes des
locuteurs natifs de toutes les classes sociales. Dabène, (1981: 39)
soutient à ce sujet: « En Algérie, le français
conserve le statut de langue seconde pour toute une génération
d'Algériens colonisés, il a laissé des traces importantes
sous forme d'emprunts dans l'arabe dialectal ».
III- Définitions de
notions et concepts
L'observation des pratiques langagières
spontanées des locuteurs algériens dans les émissions
télévisées révèle la réalité
du métissage linguistique. On peut dire que le contact des langues
notamment, l'arabe dialectal et le français, constitue principalement un
répertoire ouvert dans lequel les locuteurs puisent leurs ressources
langagières.
Le premier chercheur à avoir utilisé le terme
de « contact des langues » est Weinreich (1953). Selon lui le contact
des langues a d'abord lieu chez l'individu. Il oppose, de ce fait, la notion de
contact de langues à celle de bilinguisme dans la mesure où le
contact des langues renvoie à un état individuel (l'usage
alternatif de deux langues) alors que le bilinguisme renvoie à la
présence de (deux ou plusieurs langues) dans la
société.
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