Contact et usage des langues dans l'espace médiatique algérien: de la créativité au quotidien( Télécharger le fichier original )par Moussa LAHOUAM Université Badji Mokhtar Annaba - Master FLE 2015 |
1- Le contact des languesSelon Dubois & Al, le contact des langues est «l'événement concret qui provoque le bilinguisme ou en pose les problèmes[...]D'une manière générale, les difficultés nées de la coexistence dans une région donnée (ou chez un individu) de deux ou plusieurs langues se résolvent par la commutation ou usage alterné, la substitution ou utilisation exclusive de l'une des langues après élimination de l'autre ou par amalgame, c'est-à-dire l'introduction dans des langues ,de traits, appartenant à l'autre...»18(*). Pour Hamers, « le contact des langues inclut toute situation dans laquelle une présence simultanée de deux langues affecte le comportement langagier d'un individu » (Hamers, in Moreau : 94). Ainsi, la présence de deux codes linguistiques qui peuvent avoir une incidence sur le comportement langagier des locuteurs est une situation de contact de langues. En Algérie, La question du contact des langues a été enclenchée par de nombreux chercheurs depuis quelques années. Ainsi les travaux menés dans ce cadre, ont montré que l'Algérie est un pays plurilingue puisque l'on assiste à la coexistence de plusieurs idiomes, en l'occurrence l'arabe standard, l'arabe dialectal, le tamazight et le français. Parlant de la situation sociolinguistique en Algérie, Taleb-Ibrahimi (1998: 22), souligne que : « Les locuteurs algériens vivent et évoluent dans une société multilingue où les langues parlées, écrites, utilisées, en l'occurrence l'arabe dialectal, le berbère, l'arabe standard et le français, vivent une cohabitation difficile marquée par le rapport de compétition et de conflit... »20(*). L'auteure note que la société algérienne est multilingue dans la mesure où il y existe quatre langues différentes en usage quotidien chez les locuteurs algériens. 2- Le bilinguismeLe contact entre les quatre langues en présence dans le paysage sociolinguistique algérien engendre de nombreux phénomènes, tel que le bilinguisme qui donne à son tour lieu à l'apparition des marques transcodiques dans les pratiques langagières des locuteurs algériens. Plusieurs définitions ont été données de ce concept. Pour Dubois (1973 : 65), le bilinguisme « est, d'une manière générale, la situation linguistique dans laquelle les sujets parlants sont conduits à utiliser alternativement, selon les milieux ou les situations, deux langues différentes, c'est le cas le plus courant du plurilinguisme » En Algérie, le français qui est d'un usage fort fréquent, est employé comme une langue de civilisation à côté des langues maternelles notamment l'arabe dialectal. Dans un article consacré aux langues du Maghreb et d'origine maghrébine, Dominique Caubet, (2002 :119), constate que : «Ces deux langues sans statut officiel ont dans l'esprit des gens une valeur différente pour ce qui est des représentations. Le français demeure la langue de la modernité, à forte valeur économique et culturelle, l'arabe algérien, marocain ou tunisien, dialectes de l'arabe sans code graphique fixé, restent la langue du quotidien, mais également et, surtout, sans que cela soit reconnu ou dit, la langue de l'identité, de la complicité, de l'humour, une langue qui a structuré la personnalité dans l'enfance et tout au long de la vie ». Dans ce cas, les locuteurs autochtones éprouvent le besoin d'adapter leur langue maternelle aux situations nouvelles imposées par le progrès de la civilisation dominante. Pour la réalisation d'innovations linguistiques, les sujets parlants adoptent plusieurs manières dont on cite essentiellement celle décrite par Meillet & Sauvageot, (1934): « le sujet parlant s'empare d'une forme qui existe dans la langue et l'emploie dans une fonction nouvelle pour exprimer une catégorie dont il a appris le maniement par la pratique d'une langue étrangère. » * 18 Dubois, J & Al. (1994). Dictionnaire de linguistique et des sciences du langage, Paris .Larousse, p.115 19 Taleb-Ibrahimi K. 1998. « De la créativité au quotidien, le comportement langagier des locuteurs algériens ». |
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