Contact et usage des langues dans l'espace médiatique algérien: de la créativité au quotidien( Télécharger le fichier original )par Moussa LAHOUAM Université Badji Mokhtar Annaba - Master FLE 2015 |
CHAPITRE IMéthodologie et cadrage théoriqueNous proposerons dans ce qui suit d'expliciter notre objectif de recherche ainsi que la problématique qui a motivé la réalisation de ce mémoire I- Positionnement du problème de recherche 1- ObjectifLes sociolinguistes ont démontré que tout groupe, se construisant comme tel, vise à produire et à valoriser ses traits linguistiques emblématiques, aboutissant à une variété de langue et parfois à long terme à une langue spécifique9(*). L'arabe dialectal n'échappe pas à cette dynamique de construction, et subit des transformations dont les principales caractéristiques sont le métissage linguistique et l'hybridité néologique. Ces mutations se manifestent à travers l'acclimatation10(*) du français aux règles du code de l'arabe dialectal. Il prend ainsi des formes et des couleurs en vu de répondre à un besoin langagier de contexte local. A cet égard M. BENRABAH, (1999: 177) souligne: « La créativité linguistique qui caractérise le locuteur natif [...], dictée par des besoins immédiats de communication, produit une situation de convivialité et de tolérance entre les langues en présence...». Dans ce modeste travail, qui s'inscrit dans une perspective descriptive et qualitative, nous nous intéressons aux procédés créatifs lexicaux et morphosyntaxiques dans l'arabe dialectal. Autrement dit, nous nous focalisons sur le processus que suivent les locuteurs pour produire des termes et des expressions, dont la forme la plus saillante, est l'emprunt de traits linguistiques. Il ne s'agit pas ici d'un emprunt dû à un besoin qui conduit une langue à prendre un trait ou une unité lexicale dans une deuxième langue, tel que défini par Dubois et Al. Ces auteurs affirment qu'il y a emprunt linguistique « quand un parler A utilise et finit par intégrer une unité ou un trait linguistique qui existait précédemment dans un parler B (dit langue source) et que A ne possédait pas; l'unité ou le trait empruntés sont eux-mêmes qualifiés d `emprunts»11(*). En outre, l'emprunt algérianisé se manifeste inversement. Il se distingue par l'ajout des traits linguistique de l'arabe dialectal comme les (désinences, les flexions, les pronoms personnels, les déterminants, les éléments de négation...), malgré l'existence de traits équivalents, aux radicaux (des verbes, des noms, des adverbes, des adjectifs...) français. Citons, à titre d'exemple: le verbe votina (nous avons voté), le nom lcachiet (les cachets), l'adverbe belbien (aisément). En d'autres termes, c'est l'arabe dialectal qui emprunte à la langue française ses traits linguistiques pour la production de nouveaux termes en arabe dialectal, pour les adopter par la suite. Nous envisageons dans le cadre de notre étude de comprendre les procédés de construction de ces catégories ou classes de mots et dégager les raisons qui amènent les participants à pratiquer ce « transcodage »12(*) au cours des émissions d'Echaab yourid d'Echourouk TV et de Sarih jidan d'Ennahar TV. 2- Motif du choixDeux raisons ont motivé notre choix: D'une part, la question des langues en Algérie qui est toujours d'actualité. D'autre part le contexte médiatique qui a permis à notre corpus de se matérialiser. Le corpus soumis à l'analyse se réfère à deux émissions de télévision. Il s'agit de l'émission Echaab yourid (ce que veut le peuple) émise par la chaine Echourouk TV et de l'émission Sarih jidan (en toute franchise) émise par la chaine Ennahar TV. Ces chaines sont arabophones, toutefois, elles tolèrent l'utilisation d'autres langues entre autres le français mixé à l'arabe dialectal. Cependant, l'arabe standard censé animer ces émissions est peu présent. * 9-Samira Boubakour,« ÉTUDIER LE FRANÇAIS...QUELLE HISTOIRE ! », //www.google.com/search, consulté le 24/04/2015 * 10Terme que nous empruntons à Louis Jean Calvet(1999). En Algérie, le français s'acclimate tout en acceptant les mutations qui lui confèrent l'aspect local. * 11KHELIFI Hanane, mémoire de master, L'alternance codique dans l'émission radiophonique "média mania "Jijel FM* 12 Par transcodage, il est entendu par Ludi et Py (2003 :142), Etre bilingue, Berne, Peter Lang : « tout observable, à la surface d'un discours en une langue ou une variété donnée, qui représente, pour les interlocuteurs et/ou le linguiste, la trace de l'influence d'une autre langue ou variété ». |
|