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Justice constitutionnelle en France et démocratie

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par Jean- Baptiste KLEBERSON
Université de Bretagne occidentale de France - Master 2 en droit public 2011
  

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Introduction

Atlantique depuis l'arrêt Marbury vs Madison de 1803 rédigé par le Chief Justice, Marshall, a été vu jusqu'en 1958 comme un sacrilège démocratique dans l'hexagone. Alexis de Tocqueville n'a pas manqué de souligner ce fait dans son ouvrage publié en deux tomes « De la démocratie en Amérique. ». Surpris « par l'importance » du pouvoir judicaire américain par rapport à celui des autres pays y compris la France, l'auteur s'est donné pour tâche de trouver la cause qui explique ce décalage. N'ayant relevé aucune particularité dans le fonctionnement des tribunaux ou, pour le paraphraser, « dans les caractères auxquels on a coutume de reconnaitre à tout pouvoir judiciaire », il conclut en ce sens :

« La cause en est dans ce seul fait : les Américains ont reconnu aux juges le droit de fonder leurs arrêts sur la constitution plutôt que sur les lois. En d'autres termes, ils leur ont permis de ne point appliquer les lois qui leur paraîtraient inconstitutionnelles »

On ne saurait mieux infirmer la thèse régnante en France depuis 1789 voyant un déni de démocratie dans toute forme juridictionnelle de sauvegarde de la norme fondamentale contre les éventuels excès des différentes assemblées législatives. Ceci démontre que la trajectoire finale empruntée par la révolution française diffère de celle de sa consoeur américaine en ce sens. Ce qui est de génération en génération combattu comme une entrave à la démocratie ici a été glorifié comme un outil de stabilité démocratique Outre-Atlantique.

Comme on a pu le voir, quasiment toutes les structures imaginées par la France pour contrôler le pouvoir législatif n'étaient jamais extérieur à celui-ci conformément aux postulats de départ identifiant le peuple souverain et la chambre des représentants. Par conséquent, il est faux d'affirmer, qu'avant 1958 aucun essai d'encadrer le travail législatif n'a été entrepris. En revanche, la vérité historique est que ces soi-disant organes de contrôle étaient composés des membres du parlement (les 2 sénats impériaux) ou relevaient presqu'exclusivement de celui-ci à l'image du comité constitutionnel de 1946. En effet, ce dit comité, organe précurseur du « révolutionnaire Conseil constitutionnel », confirme cette illusion19 d'autocontrôle qu'on essayait de mettre en oeuvre. De ces treize (13) membres, sept (7) ont été élus annuellement à la représentation proportionnelle des groupes politiques par l'Assemblée nationale et le président de cette dite assemblée était membre de droit. L'idée d'assurer la conformité du travail législatif à la loi-mère n'était pas absente mais l'idéologie de la « souveraineté représentée » était hostile à ce que cette limitation soit de la compétence d'un organe judiciaire. Fort de cette réalité, nous privilégierons le concept plus restreint de justice constitutionnelle renvoyant davantage à l'oeuvre juridictionnelle à celui de contrôle de constitutionnalité qui est également utilisé par le monde du droit en général et la doctrine constitutionnaliste en particulier à la suite de nos développements.

Le dictionnaire de la culture juridique fournit une définition finaliste de cette notion qui a le mérite d'être très englobant : « la justice constitutionnelle a pour objet d'assurer la suprématie de la constitution sur les autres normes juridiques, selon une procédure de type

19Voir H KELSEN, « La garantie juridictionnelle de la Constitution », R.D.P., 1928, n°2, p.223

Kléberson JEAN BAPTISTE 10

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