Chapitre 2
Valuations sur les corps
Dans ce chapitre nous présentons des
résultats élémentaires principaux sur les valuations . Ces
résultats sont bien connus et se trouvent notamment dans les livres :
[1] et [4].
Tous les anneaux considérés sont
commutatifs.
2.1 Anneaux de valuations
Soient A et B deux anneaux locaux
d'idéaux maximaux respectifs max(A) et
max(B) , nous disons que B domine A si
A c B et max(A) = Anmax(B) ; si
nous supposons l'inclusion A c B alors la deuxième condition
est équivalente à max(A) c
max(B) . la relation "B domine A" que nous
notons A < B , est une relation d'ordre sur l'ensemble des anneaux
locaux. Si A < B, alors l'injection de A dans B
définit un isomorphisme du corps résiduel
k(A) =
A/max(A) sur un
sous-corps du corps résiduel k(B) =
B/max(B) . En
effet, soit ? : A -
B/max(B), a 1->
a + max(B) , alors
?(a) = max(B) t=> a
€ A n max(B) t=> a € max(A),
d'où ? induit une injection
?e :
A/max(A) -
B/max(B) .
A/max(A)C
B/max(B)
Soient A et B deux anneaux
intègres avec A c B , alors pour tout idéal premier
Q de B l'anneau localisé BQ domine
AP où P est l'idéal premier de A
défini par P=AnQ.
13 A.Belkhadir
2.1. ANNEAUX DE VALUATIONS
Définition 2.1.1. -- Soit V un anneau
contenu dans un corps K ; alors V est un anneau de valuation de K , si K est le
corps des fractions de V et si V est un élément maximal de
l'ensemble des sous-anneaux locaux de K ordonné par la relation de
domination : i.e. V est un anneau local et si W est un sous-anneau local de K
différent de K qui domine V , alors W =
V .
- Soit V un anneau intègre, V est un anneau
de valuation si V est un anneau de valuation de son corps des fractions.
·
Avant de donner les propriétés
caractéristiques des anneaux de valuation, nous allons rappeler le
théorème de Cohen-seidenberg et la notion d'anneau
intégralement clos:
Soit A un sous-anneau d'un anneau commutatif
intègre B. Un élément x ? B est
dit entier sur A s'il est zéro d'un polynôme
normalisé de A[X].
On dit que B est entier sur A, si
tout élément de B est entier sur A. L'ensemble
des éléments de B entiers sur A est
appelé la fermeture intégrale de A dans
B. On appelle clôture intégrale de A la
fermeture intégrale de A dans son corps des fractions. A
est dit intégralement clos (ou normal) s'il est
égal à sa clôture intégrale.
Théorème de Cohen-seidenberg.
-- Soient A et B deux anneaux avec A c B et
B entier sur A , alors pour tout idéal premier P de
A il existe un idéal premier Q de B au dessus
de P, c'est à dire tel que P = A n Q.
·
Théorème 2.1.1. -- Soit V un anneau
contenu dans un corps K , alors les conditions suivantes sont
équivalentes:
a) V est un anneau de valuation de K
;
b) soit x un élément de K , si x
n'appartient pas à l'anneau V alors son inverse x-1
appartient à V ;
c) K est le corps des fractions de V et
l'ensemble des idéaux de V est totalement ordonné par la relation
d'inclusion;
d) K est le corps des fractions de V et
l'ensemble des idéaux principaux de V est totalement ordonné par
la relation d'inclusion. Nous déduisons en particulier que tout
idéal de type fini de V est un idéal principal.
·
14 A.Belkhadir
2.1. ANNEAUX DE VALUATIONS
Démonstration. -- a)
b) : soit x un élément non nul du corps K
, nous allons montrer que x où x-1
appartient à V . Si x est entier sur V
, nous considérons l'anneau W = V[x].
D'après le théorème de Cohen-seidenberg , il
existe un idéal premier Q de W au dessus de
l'idéal maximal de V . L'anneau local WQ domine alors
l'anneau V , d'où W c WQ = V , et
x appartient à V . Si x n'est pas entier sur
V , nous considérons l'anneau W =
V[x-1]. Comme x n'est pas entier sur
V x-1 n'est pas un élément inversible de
l'anneau W , en effet toute relation de la forme
x-1.w = 1 avec
w ? W = V[x-1], i.e. w
= ,ajx-j , donnerait une relation de dépendance
intégrale de
x sur V . Par conséquent il
existe un idéal maximal Q de W contenant
x-1 et soit V' le localisé V'
= WQ . Comme x-1 appartient à
l'idéal Q, le morphisme composé V ? W
= V[x-1] ? k =
W/Q est surjectif, et son
noyau Vn Q est l'idéal maximal de V . Nous en
déduisons que V est un sous-anneau de K qui domine
V , par conséquent V' = V et
x-1 appartient à V .
b) c) soient I et J deux
idéaux de V et supposons que J n'est pas inclus dans I. Alors
il existe un élément x de J n'appartenant pas à I
et pour tout élément y non nul appartenant à I,
nous avons x (y)V ; par conséquent
x/y est un
élément de K n'appartenant pas à V et
nous en déduisons que y/x
appartient à V , c'est à
dire
y ? (x)V , d'où
y ? J . Nous avons ainsi montré que I est inclus dans J et il
est clair aussi que K est le corps des fractions de V
.
c) a) comme l'ensemble des idéaux de
V est totalement ordonné par l'inclusion V
possède un seul idéal maximal max(V). Soit
W un sous-anneau local de K qui domine V et soit
x appartenant à W , nous allons montrer que x
appartient aussi à V ; nous pouvons écrire x
= a/b avec a
? V et b ? V . Si l'idéal
(a)V est inclus dans (b)V alors x
appartient à V . Si l'idéal (b)V
est inclu dans (a)V alors x-1 ?
V , nous en déduisons que x et x-1
appartiennent tout les deux à W d'où
x-1 max(W) et x-1
max(V) car W domine V .
L'élément x-1 de K vérifie
alors x-1 ? V et x-1
max(V) par conséquent, comme V est
local, x appartient à V .
d) ? c) l'implication directe est
évidente. Montrons la réciproque; soient I et J deux
idéaux de V et supposons que J n'est pas inclus dans I. Alors
il existe un élément x de J n'appartenant pas à I
et pour tout élément y non nul appartenant
à
I, nous avons x (y)V ,
d'où (y)V c (x)V c J , ainsi on a I
c J . ci
15 A.Belkhadir
2.1. ANNEAUX DE VALUATIONS
Remarque 2.1.1. En «a)
b)» nous avons montré que tout anneau de valuation est
intégralement clos.
Nous allons maintenant montrer l'existence d'anneaux de
valuations.
Proposition 2.1.1. -- Soit A un sous-anneau d'un
corps K et soit h un morphisme de A dans un corps algébriquement clos L,
alors il existe un anneau de valuation V de K contenant A et un morphisme
h' de V dans L tel que h' prolonge h et
max(V) =
h'-1(0).
/- V ·
h'
/- K
L alg.clos
Démonstration. -- Nous
considérons l'ensemble 1-( formés des couples
(B, f) où B
est un sous-anneau de K et f est un homomorphisme de
B dans L ; nous définissons sur cet ensemble la
relation d'ordre (B,F)
~ (C, g) par B
c C et g prolonge f . L'ensemble 1-( muni de
cette relation d'ordre est un ensemble inductif, i.e. toute partie totalement
ordonnée admet une borne supérieure - si nous avons la partie
((Bá,
fá)) il suffit de prendre pour
borne supérieure le couple (B,
f) où B est l'union des
Bá et où f
est défini par les restrictions
fá - D'après le
lemme de Zorn nous en déduisons que l'ensemble 1-(
admet un élément maximal (W,
g). Si nous appelons P le noyau
du
morphisme g : W - L, l'anneau V
cherché est le localisé V = WP .
El
Corollaire 2.1.1. -- Tout sous-anneau local A d'un
corps K est dominé par au moins un anneau de valuation de K.
·
Démonstration. -- Il suffit
d'appliquer la proposition précédente à h : A
- L, où L est
une clôture algébrique du corps
résiduel
A/max(A).
El
Remarque 2.1.2. Le plus souvent nous nous
donnerons un corps de base k et nous considérons uniquement des corps K
extensions de k et les sous-anneaux A qui sont des k-algèbres. Nous
trouvons comme précédemment le résultat d'existence
suivant:
16 A.Belkhadir
2.2. VALUATION
Soit A une sous k-algèbre de K et soi h un
k-morphisme de A dans un corps algébriquement clos L , il existe alors
un anneau de valuation V de K qui est une k-algèbre et un morphisme
h' de V dans L tel que V contienne A, h' prolonge
h et max(V) = h'-1(0)
.
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