III.2. DISCUSSION
La station d'épuration (STEP) du C.H.U qui
été construite pour traiter les eaux usées qui seraient
produites dans cet établissement hospitalier, dans la F.M.S.B et dans
l'E.N.S.P est depuis plusieurs années abandonnée et se
dégrade chaque jour un peu plus. Cette STEP a pourtant une
capacité nettement suffisante pour le traitement des eaux usées
des structures qui y sont raccordées. Son abandon est donc le
résultat des pannes successives, du mauvais entretien et du manque de
moyens financiers pour achat des pièces de rechange. Les eaux
usées en provenance de cet établissement hospitalier sont donc
déversées dans l'un des étangs de l'Université de
Yaoundé I sans traitement. Ce déversement participe à la
pollution, à la contamination, à l'eutrophisation des
étangs de l'Université de Yaoundé I et constitue un risque
grave de propagation de maladies d'origine hydrique dans la population dont une
partie utilise les eaux de ces étangs à plusieurs fins dont
agriculture, ménage, pisciculture. Cette pollution entraîne aussi
la diminution de la biodiversité naturelle et l'introduction dans les
chaînes trophiques des substances dangereuses comme les métaux
lourds (Fonkou et al., 2002).
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Les eaux usées ainsi rejetées ont des
paramètres physico-chimiques et microbiologiques supérieures aux
normes appliquées dans plusieurs pays. De plus, elles renferment des
substances chimiques dangereuses qui proviennent des laboratoires d'analyse, et
des germes pathogènes liés à la contamination
fécale, tel que le confirment les teneurs élevées en
germes indicateurs.
L'une des raisons majeures pour lesquelles les STEP
mécaniques existantes dans la ville de Yaoundé ont
été abandonnées est le manque ou l'insuffisance de moyens
financiers pour assurer leur bon fonctionnement. Malgré les propositions
faites depuis quelques années pour palier à ce disfonctionnement
des STEP mécaniques et résoudre le problème des eaux
usées dans toute la ville de Yaoundé (Fonkou, 2000), le
problème reste entier. Il est donc nécessaire d'estimer les
coûts d'exploitation des systèmes envisagés et de penser
à concevoir des systèmes efficaces et si possible encore moins
onéreux. Pour ces raisons, la réhabilitation de la STEP à
boues activées du C.H.U n'est pas nécessaire car cette
opération serait très coûteuse à cause des
équipements mécaniques à renouveler, ainsi que sa gestion
et son entretien. Les eaux usées du C.H.U de Yaoundé, de la
F.M.S.B, de l'E.N.S.P peuvent être épurées par un
système hybride qui pourra exploiter efficacement les deux bassins
d'aération de la station existante qui ont chacun un volume de 164
m3 et qui seront tout simplement vidangés et nettoyés
puis utilisés pour la mise en place du premier système qui est
celui du filtre planté de roseaux. Le volume total des deux bassins (328
m3) étant très important par rapport au débit
total (64 m3/j) d'eau qui arrive à la STEP. Le temps de
séjour de l'eau dans le premier système sera long et permettra
une bonne digestion anaérobie des matières organiques et
inorganiques avant la phase du deuxième système qui est celui du
lagunage. L'épuration se poursuivra dans les deux lagunes de 0,7 m de
profondeur qui seront construites (Fig.16). Un compartiment de chloration
pourra être mis en place pour désinfecter les eaux
épurées avant leur rejet ou à défaut, une autre
lagune de 0,7 de profondeur dans laquelle on ne cultivera aucune plante et
pourra être mise en place pour permettre aux rayons ultra violet du
soleil d'atteindre l'eau et de détruire les micro-organismes (Kengne, et
al., 2002). A la fin de ce procédé, l'eau
épurée sera déversée dans l'environnement
(l'étang Atemengue ) sans grand danger. Le lit de séchage
pourrait être aménagé pour permettre la mise en place
autour de la STEP pour éviter les accidents.
Si un tel système est réalisé, il
n'utiliserait aucune source d'énergie extérieure pour son
fonctionnement, nécessitant au plus deux personnes pas très
qualifiées pour assurer son fonctionnement et son entretien quotidien
avec du matériel local peu coûteux. Un spécialiste en
matière d'assainissement sera utile pour assurer la supervision du
travail.
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A l'état actuel, les étangs de
l'Université de Yaoundé I qui sont envahis par les macrophytes
participent à l'épuration des eaux usées qui y sont
déversées par un abattement important des paramètres
physico-chimiques. Néanmoins, certaines substances chimiques telles que
les métaux lourds se propagent très certainement au-delà
de l'étang Atemengue et se retrouvent dans des chaînes trophiques
dans l'étang de Melen et au niveau de la station aquacole de
Yaoundé (Fonkou et al., 2002 ). En plus, il n'est pas exclu que
la pollution microbiologique déversée dans les étangs de
la retenue et Atemengue se trouve dans l'étang de Melen. Il est normal
de penser que les substances indésirables telles que les métaux
lourds se trouvent rapidement dans les étangs en construction du fait de
la faible distance entre les points de rejet et la zone
considérée. Ces étangs sont aussi exposés à
une importante pollution organique et microbiologique qui est à
l'origine de l'envahissement des eaux par les plantes et de leur
contamination.
Effluent brut
Dégrillage
Grille de protection Filtre planté de
roseaux
Echinochloa pyramidalis,
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(Bassin d'aération et de décantation de l'ancienne
station de boues activées)
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Chloration Eaux épurées
Bassin de sédimentation
Bassin de maturation
Lagunage naturel
Fig.16. Système hybride combinant les filtres
plantés de roseaux au lagunage proposé pour l'épuration
des eaux usées du C.H.U de Yaoundé.
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