III.2.5 Application de l'Emprunt comme outil de flatterie
Etant un procédé qui sert à
préserver la couleur locale et à créer un effet de style,
il est aussi porteur d'un message caché comme c'est le cas dans notre
illustration. Il s'agissait de « chief Endeley » a
été rendu par « chief Endeley » où on
remarque un emprunt du mot « chief » pour non seulement
préserver la coloration qu'elle apporte au nom auquel qu'il est
attaché mais aussi pour dire montrer que peu importe qu'il soit en
anglais ou en français il n'y a pas de différence. Aussi il y a
comme une volonté pour le traducteur de préserver le respect
local qui se cache derrière le mot «chief» dans la
culture anglophone du Cameroun et montrer qu'il reconnait l'importance de ce
titre. Ici il y a aussi ici le souci de préserver d'unité
nationale en permettant au francophone de lire « chief »
comme tel et se sentir aussi imprégné de la culture anglophone
que la sienne. Ceci est aussi un phénomène sociolinguistique,
puisqu'il s'agit de langue en rapport avec les cultures et les
sociétés différentes.
III.2.6 Démonstration de solidarité à
travers « la compensation »
La compensation comme son nom l'indique, nous l'avons dit est
le procédé qui comme l'étoffement sert à combler
les vides. Sauf que c'est un procédé stylistique qui vise
à la fois à garder la tonalité de l'ensemble en
rétablissant la nuance qui n'a pas pu être rendu dans le texte
original. Dans l'objectif d'une traduction politique donc, elle peut servir
à soutenir ou à ajouter de manière indirecte un mot ou une
expression qui compense une lacune ou une qui apporte une information
supplémentaire souhaitée au cours de la traduction. Ce dernier
est le cas de notre illustration dans laquelle l'expression « my
brothers» a été traduite et compensé par
« chers frères » au lieu de
« frères » tout cour. Alors dans cette restitution
cette compensation sert à apaiser la situation qui est plutôt
triste. L'intention et le sens ont été préservés
tout en étant soutenu ou compensé par le
mot « cher » pour qu'il y ait plus d'impact sur
destinataire en guise de solidarité du traducteur. Ce qui se cache
derrière cette compensation est politique parce que le traducteur
préserve aussi l'idéologie politique qu'il protège en
feignant de comprendre la situation en cours et de se sentir
concerner.
Au terme de cette mise en relation des illustrations faites et
de la situation politico-historique du Cameroun, on réalise que la
traduction est effectivement au même titre que le texte source, un outil
de manipulation politique dans la mesure où, elle essaie de
réfuter le fait qu'il existe effectivement une distinction maligne entre
les anglophones et les francophones. Aussi, le traducteur qui est francophone
n'a pas pris parti au cours de sa traduction mais a des fois utilisé les
théories et techniques à sa disposition pour denier le fait.
L'auteur du texte source raconte la réalité de son point de vue,
non pas dans le but de diviser, mais au contraire, il veut que son lecteur
comprenne que si l'on s'attarde sur ce passé qui divise le Cameroun,
l'on va compromettre non seulement notre unité et intégration
nationales, mais aussi notre patriotisme et notre paix. A son tour, le
traducteur n'a pas présenté les parties qui exposent la relation
inégale qui existe entre anglophone et francophone. Il a choisi de
narrer l'histoire en prônant la paix et l'unité tout court, sans
accepter à aucun moment l'existence du problème anglophone. On
remarque donc que, tandis que l'auteur du texte source tente de jouer sur la
psychologie des anglophones en prétendant qu'il peut y avoir un Cameroun
uni, le traducteur lui s'applique juste sur la partie qui fait appel à
la paix et l'unité nationale en effaçant toutes les parties qui
montrent une dévalorisation quelconque de l'anglophone. Ainsi, l'on
n'aurait pas tort d'accepter sans crainte de contradiction, que notre
hypothèse s'est avérée être vraie. Tous les
éléments que nous avons relevés sont très porteur
de cette « désormais » réalité.
Le traducteur a compris l'intention du texte source et connait aussi le
destinataire de la traduction, donc il joint ces deux éléments
pour remplir les fonctions qui sont les siennes, c'est-à-dire de
communiquer les besoins de l'auteur tout en respectant les principes culturels
et sociologiques du destinataire. Effectivement, il y a eu utilisation de la
traduction comme outil de manipulation idéologique de la part du
traducteur qui devait épouser les intentions de l'auteur et savoir
comment les rendre en français pour le francophone.
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