CHAPITRE 3 : INTERPRETATIONS ET COMMENTAIRES
Au cours des chapitres précédents,
il était question de présenter et illustrer les différents
procédés de traduction d'un texte politique. Pour ce faire, nous
avons jugé important, voire indispensable de décrire la
scène politico-historique du Cameroun pour comprendre la
nécessité d'une attention particulière dans une traduction
politique. Ayant donc présenté ces procédés et les
ayant illustrés, ce chapitre consistera à les interpréter,
afin de voir si notre hypothèse peut être réfutée ou
confirmée. Cette hypothèse est que la traduction d'un discours
politique peut servir à son tour d'instrument politique,
particulièrement si le destinataire de la traduction est visé au
même titre que celui du texte source comme c'est le cas dans notre corpus
d'étude.
III.1 INTERPRETATION DE L'APPLICATION DES THEORIES
Les théories que nous avons proposées comme
étant applicables à la traduction d'un texte politique ont
été ressorties dans la traduction de notre corpus de travail et
nous avons relevés les éléments qui les illustrent. Une
interprétation de l'utilisation de ces théories en vue de
confirmer ou pas notre hypothèse, fera l'objet de cette partie.
III.1.1 La traduction politique comme un moyen de
rapprocher les gens
Nous avons dit que la sociolinguistique met en rapport la
langue et la société dans laquelle cette dernière est
parlée et comment les habitudes langagières se ressentent dans la
manière de s'exprimer des locuteurs de cette société. Ce
n'est pas différent dans le cadre d'une traduction, sauf que l'on doit
prendre en considération le fait que deux langues sont concernées
et donc deux groupes de locuteurs. Dans notre cas précis la
société dont il est question est celle du Cameroun, pays bilingue
avec pour langues officielles l'anglais et le français. Pour illustrer
cette théorie dans la traduction politique, il y avait l'expression
« inglis » rendu en français par
« camerounais d'expression anglaise ». En anglais,
quand on utilise « inglis » c'est une façon
pour l'auteur du texte source (un anglophone), de montrer comment le
francophone camerounais fait référence à son compatriote
anglophone. Inglis du point de vue francophone porte une forte charge
négative qui en dit long sur l'image que les camerounais de l'autre
côté du moungo ont des anglophones. Nous avons là une
expression de la sociolinguistique, d'un lien entre la langue et l'imaginaire,
mieux la culture d'un peuple; lien que le traducteur, intermédiaire,
entre deux cultures, devrait rendre fidèlement. Or, on remarque que dans
la traduction qui a été faite la connotation négative,
risible et moqueuse est évitée, nous pouvons même dire
volontairement supprimée. Le traducteur (un francophone) n'a pas
conservé cet aspect, comme pour réfuter le fait qu'il y ait une
moquerie quelconque. Le fait que l'auteur du texte source veuille montrer que
le francophone Camerounais a peu de considération pour l'anglophone
camerounais pourrait menacer l'unité et l'intégrité
nationales. Néanmoins, le traducteur a compris que l'auteur du texte
source n'avait pas l'intention de diviser mais plutôt de peindre une
réelle image. Et donc, il a restitué de manière
pacifique, avec des mots qui épousent mieux la compréhension
sociétale du francophone. On réalise donc que la traduction a
été utilisée ici pour renouer les liens d'unité
nationale qui ont une fois été brisés par les activistes
d'antan. Cette théorie a donc été utilisée dans la
restitution de « inglis » comme outil de
manipulation politique.
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