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L'Islam et les fondements du pouvoir dans l'Egypte des années 1920

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par Sophia El Horri
Ecole normale supérieure de Lyon - Master 1 d'histoire des idées 2011
  

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B- Donner aux Hommes l'enseignement qui leur permettra de choisir le régime qui leur sied le mieux

48 Makram Abbès, Islam et Politique à l'âge classique, op. cit. p 44.

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Le thème du conseil et de l'enseignement politiques par des conseillers et des philosophes avisés est très présent dans le genre des Miroirs. L'ouvrage Islam et Politique à l'âge classique note que nombreux sont les « âdâb sultâniya » qui évoquent dans leur titre le terme « conseil ». Ces écrits montrent par ailleurs l'importance de la relation entre les puissants et les savants : il existe des chapitres entiers consacrés à la corrélation entre le pouvoir et ses conseillers. Ainsi, les auteurs conseillent non seulement le prince sur le choix de ses conseillers, la concertation au moment de la prise de décisions, l'écoute qu'il se doit de leur accorder mais aussi les conseillers eux-mêmes qui sont, de par leur statut, surexposés à l'autorité du gouvernant et à sa puissance de manoeuvre :

« D'une manière générale, le conseil (nasîha) et la consultation (mashûra) se présentent comme des devoirs dont dépend la survie même du pouvoir du prince. « La consultation, note Al-`abbâsî, est un art noble parce qu'il est psychologique, et qu'il dépend de la pensée et des facultés intellectuelles, ce qui est le sommet de la noblesse {É}Al Mawardî, lui, surnomme la consultation des conseillers « la justice cachée » parce qu'elle permet d'éviter la prise de décision unilatérale. Loin qu'il s'agisse d'une simple admonestation du prince, ou d'un rappel des lois à observer, le conseil d'applique dans les Miroirs à l'ensemble des décisions qui concernent la conduite effective des affaires du royaume49. »

Ce passage montre à quel point le conseil porte sur des sujets éminemment politiques mais il révèle aussi à quel point le conseiller et le souverain sont dans une relation close : l'enseignement de ces Miroirs ne bénéficie qu'au souverain et aux futurs conseillers qui s'attelleront à la tâche d'éclairer le prince au moment de prendre une décision conséquente, mais il n'apprend pas au reste du monde ce qu'est le pouvoir, comment le gérer.

Inversement, Ali Abderraziq appelle à l'édification d'une science politique séculière qui apprendrait à long terme aux musulmans qui est le véritable dépositaire du pouvoir, comment il s'exerce et surtout comment le limiter. Il se place dans une approche pédagogique plus large que la pensée politique médiévale :

« Aucun principe religieux n'interdit aux musulmans de concurrencer les autres nations dans toutes les sciences sociales et politiques. Rien ne leur interdit de détruire ce système désuet qui les a avilis et les a endormis sous sa poigne. Rien ne les empêche d'édifier

49 Idem, p 47

leur Etat et leur système de gouvernement sur la base des dernières créations de la raison humaine et sur la base des systèmes dont la solidité a été prouvée, ceux que l'expérience des nations a désignés comme étant parmi les meilleurs50. »

Ainsi, la démarche que prône l'auteur s'adresse plus à la communauté musulmane tyrannisée par le système califal. L'édification de cette discipline nouvelle, basée sur l'observation et l'analyse de l'expérience des autres nations et sur la profitabilité rationnelle d'un régime politique, constituerait une libération du joug tyrannique et aboutirait sur le choix d'un système de représentation politique qui soit propice au progrès. Cet essai serait, à l'image de L'or de Paris de Tahtâwî, un appel à une éducation populaire à la science politique. Encore une fois, Abderraziq montre à travers cet appel qu'il est bien le produit d'une décennie pendant laquelle la politisation explose, et pendant laquelle les affaires politiques et la souveraineté deviennent la chose publique.

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50 L'islam et les fondements du pouvoir, Ali Abderraziq, op. cit. p 156.

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