Paragraphe II : L'institution d'organes ad' hoc
Ces organes sont aussi nombreux que diversifiés. En se
référant à leur mission, on pourrait les regrouper
volontiers en deux entités. D'une part, les organes à mission
générale (A) et des organes à mission
spécialisée(B) d'autre part.
A : Les organes à vocation
générale
Les organes à mission générale sont
généralement ceux qui doivent veiller à
l'effectivité de l'accord politique et permettre la continuation du
dialogue. Il s'agit entre autre d'un organe de suivi(1) et d'un cadre permanent
de dialogue et de concertation(2).
1 : Les organes de suivi
Ensemble de normes devant régir les institutions, du
moins jusqu'à l'organisation des élections libres, transparentes
et démocratiques, les accords politiques ont besoin d'un « gendarme
», d'un organe qui assure la régulation du fonctionnement organique
et l'effectivité programmatique de la feuille de route. Comme les
constitutions qui prévoient toujours, ou presque toujours, une
juridiction constitutionnelle pour en garantir la suprématie et surtout
l'effectivité, les accords politiques prévoient toujours un
comité de suivi. En effet, l'art 4 de l'accord de Linas Marcoussis
dispose : « la table ronde décide de la mise en place d'un
comité de suivi de l'application des accords de Paris sur la Côte
d'Ivoire chargé d'assurer le respect des engagements pris.
»88. L'art. 5.2 de l'APG prévoit quant à lui, que
« les parties prenantes du dialogue conviennent de la mise en place
d'un mécanisme de la bonne application89 ».
Sa composition ne semble obéir à aucune norme et
a seulement pour règle d'or de contenir les membres de toutes les
parties signataires et d'être présidé, soit par un
facilitateur90, soit par une personne de haute dignité et de
moralité.
88 Art 4 de l'accord de Linas Marcoussis.
89 Point 5.2 de L'APG.
90 Cas du Togo.
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Quoi qu'il en soit, il dispose des moyens d'action parfois
imperceptibles, oscillant entre faire des propositions ou des recommandations
au gouvernement, qui a la lourde mission d'exécuter le
`'programme»91 de l'accord, et saisir « les instances
régionales et internationales de toute obstruction ou défaillance
dans la mise en oeuvre des accords afin que les mesures de redressement
appropriées soient prises ». Corrélativement, les
discussions continuent au sein d'un cadre permanant de dialogue.
2 : Cadre permanent de dialogue et de
concertation
Etant entendu qu'ils ne peuvent tout prévoir, les
accords politiques laissent la porte ouverte pour la continuation des
négociations et surtout pour maintenir la concertation.
Rarement prévu dans le corps de l'accord, il s'analyse
plutôt comme un répondant au principe même de l'obligation
de négocier. Au Togo, sa composition a fait l'objet de vifs
débats. Au départ, il était censé regrouper les
partis signataires de l'APG. Par la suite, on a plutôt fait valoir la
représentativité des partis politiques en se fondant sur les
résultats des élections législatives de 2007.
Quoi qu'il en soit, il faut reconnaître que, s'il est
vrai que ce cadre a l'avantage de garantir la continuation des
négociations, il est rapidement devenu un simple moyen de distraction
aux mains du Rassemblement du Peuple Togolais (RPT) pour empêcher les
autres, autant que faire se peut, de se concentrer sur les problèmes
cruciaux contenus dans l'accord, à savoir la question du
découpage des circonscriptions électorales et celle de la
révision de la constitution entre autres92.
Hormis ces organes à vocation générale,
les accords prévoient souvent d'autres organes dotés d'une
mission particulière et bien déterminée.
91 Annexe de l'accord Linas Marcoussis.
92 Il faut pourtant relever que la constitution
togolaise a été modifiée un an après la signature
de l'accord. Cette révision visait l'adoption d'un nouveau mode de
scrutin pour les élections législatives, mais elle n'a pas
touché le point essentiel du régime électoral
c'est-à-dire le découpage électoral, ni celui de la
limitation du nombre de mandats pourtant très chère à
l`APG. D'ailleurs cette réforme a pu être possible grâce au
fait que l'Assemblée Nationale était monocolore à cette
époque. La preuve, la récente tentative de révision qui
avait pour visé le Conseil Supérieur de la Magistrature a
rapidement été reléguée aux oubliettes.
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