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La Constitution à  l'épreuve des accords politiques dans le nouveau constitutionnalisme africain


par Pihame BARBAKOUA
Université de Lomé Togo - Diplôme d'études approfondies en droit public fondamental 2008
  

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B : La substitution implicite du comité de suivi au juge constitutionnel

« A bon chat, bon rat ». Ce vieil adage semble justifier de fort belle manière la situation du juge constitutionnel. Pour assurer l'effectivité d'un accord politique, il faut forcément un organe politique dont le rôle est précisé par ledit accord (1). Ce qui explique la non saisine du juge constitutionnel (2).

1 : Le rôle du comité de suivi

Le comité de suivi est l'organe qui chapeaute le processus de pacification. C'est lui qui est chargé d'assurer l'effectivité des exigences de l'accord politique. Il prend alors les manettes de la gestion du pays et transcende du coup, toutes les institutions juridiques virtuellement laissées en vigueur. Sa composition est significative. Dans le cadre de l'accord de Linas Marcoussis, il est composé comme suit :

« ...- le représentant de l'Union Européenne -le représentant de l'Union Africaine

150 C'est du moins ce qu'il soutenait à l'occasion de la conférence doctorale organisée par le Centre de Droit Public de l'Université de Lomé le 14 mars 2011.

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- le représentant du Secrétaire de la CEDEAO

-le représentant spécial du Secrétaire Général qui coordonnera les organes des Nations Unies

- le représentant de l'Organisation Internationale de la Francophonie

- les représentants du FMI et de la Banque Mondiale

-un représentant des pays du G8 -le représentant de la France ».151

Pour l'APG, « il sera composé d'un représentant de chaque composante du dialogue ainsi que des représentants du facilitateur, de l'Union Européenne (UE), de la Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO)...

Il sera présidé par le facilitateur ou son représentant ».152 Cette posture lui donne une force inégalable. Il peut ainsi exercer une pression particulière, sinon très efficace sur toutes les composantes du dialogue. Il peut d'ailleurs saisir les instances nationales, régionales et internationales.153 Ce qui fait de lui une personne morale. La confiance que lui confère tout cet arsenal justifie le manque d'intérêt à saisir le juge constitutionnel.

2 : La non saisine du juge constitutionnel

On ne le dira pas assez, le juge constitutionnel est dans un Etat de droit démocratique, l'institution chargée de la régulation du fonctionnement des institutions et constitutionnelles, et de la pacification de la vie politique. Par ailleurs, il s'est récemment révélé comme protecteur des droits de l'homme. Comme cela, il est celui qui devrait être saisi lorsque le fonctionnement des institutions bat de l'aile, ou lorsque les droits fondamentaux, notamment les droits politiques, sont violés. Cependant, il semble de notoriété publique que cette voie de recours ne présente aucun intérêt, ni pour les protagonistes, ni pour les victimes. Ils semblent orienter la recherche de leur salut vers d'autres cieux. Les multiples voyages des acteurs politiques togolais au pays du facilitateur Blaise COMPAORE et les innombrables

151 Art.4 de l'accord de Linas Marcoussis.

152 Art. 5.2 de l'APG.

153 Art. 4 de l'accord de Linas Marcoussis.

missions de l'ancien Secrétaire Général de Nations Unies Kofi ANNAN et de l'Ex-président Sud-africain Tabo M'BEKI à travers le continent, attestent de façon irréfutable de l'émergence et du renforcement des modes alternatifs de résolution des crises au sein de l'Etat, donc en droit constitutionnel. Le Professeur Francisco MELEDJE DJEDJRO ne parlait-il pas déjà de l'importance des mécanismes politiques dans le contentieux électoral154.

Le juge constitutionnel se trouve alors définitivement mis «hors-jeu » par les accords politiques. Ce qui ne fait que renforcer l'humiliation du pouvoir constituant. Cependant ce tableau aussi alarmiste qu'il puisse paraître, ne parvient pas à noyer les avantages, les bienfaits des accords politiques.

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154MELEDJE DJEDJRO (F.), « le contentieux électoral en Afrique », Pouvoir, 2009, p.153

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