6- THEORIE ECOLOGIQUE
Cette approche se veut en rupture avec le béhaviorisme
ou le cognitivisme. L'approche écologique de la perception a
été proposée par James J. Gibson.
L'idée fondamentale de ce mouvement est que la
perception consiste à extraire l'information contenue dans
l'environnement. Contrairement à l'approche physiologique, les tenants
de ce courant ne cherchent pas à cerner le rapport entre le
fonctionnement des systèmes sensoriels et les processus perceptifs.
Cette théorie est, en quelque sorte, une
continuité du gestaltisme. Ici, en plus de la forme, le réseau
optique lié à la stimulation fournie par l'espace, est une
donnée visuelle globale... Les données ne sont plus
cherchées dans le fonctionnement du cerveau, mais plutôt dans
l'environnement.
Selon ce modèle, les individus qui perçoivent
sont avant tout dans le monde. Pour comprendre comment les animaux
perçoivent, il faut prendre en compte les contraintes imposées
par leur environnement. Un animal signifie ici un être qui perçoit
et agit ( un être animé ).
Dans le cadre d'une théorie écologique, la
notion de temps et celle d'espace doivent être
reconsidérées. Le monde, pour les physiciens, est
constitué d'atomes, d'ondes, de champs de forces... Ce niveau de
description ne convient pas à l'étude de la perception. La
description écologique s'intéresse au monde en tant
qu'environnement d'un animal... Ce qui entoure un objet inanimé n'est
pas un environnement. La tendance écologique aborde le rapport entre
perception et action... Dans la perspective de Gibson, la perception se
distingue de la cognition en ce qu'elle s'appuie sur une « cueillette
» d'informations plutôt que sur un traitement
d'informations.39 Cette approche, dans un premier temps, se qualifie
de psychophysique de l'espace, puis de cueillette d'information, enfin de
théorie écologique.
7- CONSIDERATIONS CRITIQUES
D'abord, il faut noter que les théoriciens de la
Gestalt, guidés par des principes abstraits du holisme et de
l'organisation, ont du mal à expliquer de manière
cohérente et précise la perception. Wolfgang Köhler tente (
en vain? ) de remédier à cette faiblesse en considérant le
cerveau comme une "gestalt physique".
Puis, le modèle de l'escalier est remis en cause. Henri
Wallon prône déjà que le développement de l'enfant
doit être considéré dans sa totalité. Pour lui,
l'enfant vit des
39 Cf. André Delorme (dir.), op. cit., p.40
contradictions qu'il doit savoir dépasser par une
crise. On ne peut donc donner de repère d'âge très strict.
Son analyse tend à ne pas laisser de côté l'histoire de
l'individu.
Ensuite, les modèles psychophysiologiques sont ceux de
fonctionnement global, alors que nos connaissances sur les indicateurs
physiologiques sont généralement le fruit de l'étude
expérimentale d'un fonctionnement local. Le problème des
différences individuelles constitue également souvent une
difficulté réelle pour ces modèles. Ces derniers sont
très critiqués en raison de leur forte tendance naturaliste.
Enfin, la perspective cognitiviste, niant la
réalité extérieure, est très favorable à
l'idéologie de la performance et du management. C'est, en quelque sorte,
une perspective de « l'homme machine ». Les chercheurs cognitivistes
fondent leurs travaux sur une hypothèse fort contestée, selon
laquelle le psychisme doit être considéré comme une machine
de traitement de l'information, analogue à un ordinateur. C'est vraiment
difficile de dégager les modèles généraux de la
pensée par ces seuls moyens.
Ce qui fait, en résumé, l'essence de presque
tous ces psychologues évoluant dans ce domaine, c'est leur tentative de
comprendre les mécanismes perceptifs indispensables à l'adaption
de l'être humain à l'environnement ( au statu quo, dirions-nous ).
Ce sont des courants qui flattent l'état des choses existant. Ainsi, ils
cherchent à saisir le lien entre le stimulus ( instance physique ), le
processus sensoriel ( instance physiologique ) et le percept ( psychologique ),
sans oublier les activités multiples de sélection des
informations sensorielles et les interactions entre les perceptions et les
actions.
D'une manière générale, nous devons noter
qu'il existe deux grands courants en psychologie : métaphysique (
entendons par là « anti-dialectique ») et dialectique. Le
premier aborde les problèmes ou les phénomènes
psychologiques de manière superficielle, dans leur immobilité, en
isolant les choses et en établissant des divisions infranchissables.
L'autre tient compte des lois générales du mouvement et du
développement de la nature, de la société humaine et de la
pensée : l'interdépendance des choses et des faits, le changement
dialectique, la contradiction, la transformation de quantité en
qualité ... La psychologie concrète et dialectique serait une
psychologie libératrice, contrairement au modèle
métaphysique aliénant et
40 Cf. Jean-François LE NY, Matérialisme
dialectique et Psychologie scientifique, Ed. le pavillon-Roger Maria, Paris,
1970, p.23
manipulateur. Elle serait conçue autour des groupes
sociaux défavorisés et produirait des interactions psychosociales
capables de transformer les structures de la société. C'est un
modèle psychologique qui consiste à connaitre la
réalité, à agir sur elle et à la transformer. Ce
qui fait la spécificité de ce modèle en Haïti, c'est
que la psychologie concrète et dialectique doit prendre en compte le
projet philosophique et politique du mouvement révolutionnaire des
esclaves de Saint-Domingue. C'est un projet de liberté et de
bien-être.
Mémorisons bien ceci : les modèles en
psychologie se divisent suivant leur projet (politique et autre ...) soit en un
modèle qui défend la cause des groupes dominants, soit en celui
qui agit pour et avec les groupes sociaux exploités.
Nous choisissons d'étudier (à travers les
lunettes du Matérialisme historique et dialectique) la formation de la
perception de la maison de placement chez les enfants en domesticité en
prenant en compte les réalités socio-économiques (les
conditions concrètes) qui sont fondamentales dans leur
développement psychosocial.
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