CHAPITRE I : PROBLEMATIQUE ET OBJECTIFS DE
LA RECHERCHE
1-1- Problématique
Classé au troisième rang mondial des
céréales après le blé et le maïs, avec environ
590 millions de tonnes de paddy en 2003 (Abiassi, 2006), le riz est la
principale denrée alimentaire de près de la moitié de la
population mondiale. Il contribue à plus de 20% à la fourniture
mondiale en calorie consommée. Plus de deux (2) milliards d'asiatiques y
tirent 80% de leur calorie (FAO, 2001). ). En Afrique, l'Egypte est premier
pays producteur de riz (Adégbola et Sodjinou (2003). Il est suivi du
Nigeria et de Madagascar (FAO, 2000).
Si en Afrique, la recherche sur le riz a jusqu'ici mis
principalement l'accent sur les technologies de production
pré-récolte, dans le but d'améliorer l'utilisation
optimale de l'engrais, de l'eau, la gestion des ressources et des parasites ;
peu d'attention a été accordée à
l'amélioration de la récolte, aux pratiques de récolte
manuelle de riz et aux technologies de transformation (Wang et Luh, 1991 ;
Waadsworth, 1991 ; Hosokawa, 1995 ; cités par ADRAO, 2004). Peu
d'attention a été également accordée à
l'amélioration du traitement et de la commercialisation du riz local. La
consommation du riz en Afrique de l'Ouest connaissait depuis 1961 une
augmentation avec un taux de croissance annuel de 6% (ADRAO, 2000). Mais
l'augmentation de la demande a été satisfaite à travers
l'importation de riz qui s'élève à 40% de la consommation
totale de riz.
Au Bénin, la consommation moyenne de riz par tête
et par an varie de 6 à 20 kg en zones rurales et de 10 à 30 kg en
zones urbaines. La quantité totale consommée chaque année
est en pleine évolution et est de l'ordre de 68.161 tonnes en 2001. Avec
l'hypothèse que cette demande ira en s'accroissant avec entre autre
l'urbanisation galopante et la croissance démographique, la projection
du besoin national en riz est de 110.812 tonnes en 2010 et de 132.750 tonnes en
2015 (ADRAO, 2004). Mais ces besoins sont loin d'être couverts
malgré les énormes potentialités rizicoles dont dispose le
Bénin : plus de 322.000 ha de terres rizicultivables, dont 205.000 ha de
bas-fonds et 117.000 ha de plaines inondables (Verlinden et Soulé,
2003). Moins de 8% de ce potentiel est actuellement exploité, en raison
de politique rizicole non appropriée, d'où un déficit
alimentaire structurel en riz décortiqué de l'ordre de 50.000
tonnes en 2002.
Pour combler ce déficit, le Bénin importe
d'importante quantité de riz. Les importations de riz sont
passées de 129.011 tonnes en 1996 à 236.563 tonnes en 2004 (MAEP,
2005b). Toutefois, une partie du riz importé est
réexportée vers les pays de la sous-
région. Ainsi de 1995 à 2000, 27% du riz
importé était en transit vers le Nigeria, le Niger, le Tchad, le
Burkina-Faso et le Togo, 73% restant au Bénin (LARES et UDP Mono/Couffo,
2003)2.
Par ailleurs, des études antérieures faites sur
la filière riz au Bénin se sont intéressées aux
facteurs déterminant l'offre de riz sur les différents
marchés. Ces études ont occulté pour la plupart
l'influence exercée sur l'offre d'un produit par la demande
exprimée par le consommateur. Ainsi, la faible production du riz au
Bénin peut être expliquée par le découragement
progressif des producteurs du riz local face à l'importation d'un riz de
haute qualité.
Il se pose un problème de compétitivité
relative du riz local face au riz importé en termes de qualité de
l'offre, des coûts de production et de post récolte, de même
que des techniques post récoltes pour une meilleure qualité du
riz local.
Même si le riz produit au niveau des différents
périmètres irrigués comporte moins d'impuretés par
rapport à celui des bas-fonds, la qualité de la
quasi-totalité du riz local demeure encore inférieure à
celle de ses concurrents importés. A qualité à peu
près équivalente, le rapport qualité/prix est peu
attractif. Le sac de 50kg de riz importé avec 25 à 30% de brisure
est vendu 500 à 2.000 FCFA moins cher que celui du riz local (MAEP,
2005b). Il est donc important d'améliorer le rapport qualité/prix
de la production locale. Cet objectif tient non seulement à une
augmentation des rendements agricoles mais surtout à une
amélioration des activités de post-récolte et des
stratégies de mise en marché. Aussi les politiques commerciales
à adopter par les pouvoirs publics doivent-ils régulariser les
importations tout en satisfaisant l'attente des consommateurs.
Le paradoxe apparent de la faiblesse de la commercialisation
du riz local face aux importations rapidement croissantes de riz peut
être expliqué par : (1) le manque d'infrastructures de transport
qui rend difficile l'accès des surplus de récoltes aux centres
urbains de commercialisation, (2) les consommateurs urbains de riz ont une
préférence de plus en plus accrue pour le riz importé que
le riz locale à cause de la qualité des grains (pureté,
homogénéité, taux de brisure, etc.) et attribuent une
prime de qualité pour la cuisson, (3) de plus, le prix du riz local est
relativement plus élevé que celui du riz importé sur les
marchés urbains. Le manque d'infrastructure de transport adéquat
n'est pas spécifique au secteur du riz. Des solutions aux deux autres
problèmes sont cependant plus ou moins spécifiques à la
promotion du riz produit au Bénin.
2 cités par Gounsé, 2004
Il devient impérieux de résoudre les questions
comme: quels sont les facteurs déterminant le choix du consommateur
entre le riz importé et le riz local ? Qu'est-ce qui justifie
l'orientation des consommateurs vers le riz importé ?
Quelle amélioration faudrait-il envisager aussi bien au
niveau de la production qu'au niveau des opérations de
post-récolte pour réduire le rapport qualité/prix du riz
local ?
Quelles stratégies de vente faudrait-il adopter pour
faciliter l'identification et compétitivité du riz local? Et
enfin quelle politique adopter pour une meilleure promotion du riz local?
Cette recherche se propose de trouver des approches de
solution à ces interrogations à travers une étude
comparative des facteurs déterminant la demande du riz local et du riz
importé au Centre et au Sud-Bénin. Elle a pour but de faire
des propositions pour l'amélioration de la qualité de grain de
riz local afin de le rendre plus compétitif que le riz importé
sur nos différents marchés.
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