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Analyse des facteurs determinant la demande du riz au centre et au sud du Bénin

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par Djalalou- Dine Ademonla Alamou Arinloye
Université d'Abomey- Calavi (Bénin ) - Ingenieur agro- économiste 2006
  

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4-2-3-4- Les dons de riz

Au Bénin, la demande de consommation de la population en riz ne cesse de s'accroître. En effet, la consommation du riz rentre progressivement dans les habitudes alimentaires des ménages ruraux et urbains dépassant annuellement 14kg par habitant en moyenne. Dans le même temps, l'essor démographique galopant (3,25% par an) amplifie la demande domestique estimée à plus de 80.000 tonnes en 2003 contre une production locale de 54 183 tonnes7 la même année. Il s'en suit alors un déficit alimentaire chronique. Ce déficit est comblé par les importations dont une partie est constituée par les dons et les aides alimentaires provenant essentiellement des gouvernements japonais et américains. Ces dons du riz dont les objectifs principaux sont supposés réduire le déficit alimentaire en riz et lutter contre la pauvreté ne sont pas sans incidence sur le développement de la riziculture locale et sur les conditions de vie des producteurs béninois.

4-2-3-4-1- Le don japonais
· Historique et importance

Le don japonais du riz au du Bénin date de plus de deux décennies. Il trouve son origine dans une période de sécheresse ayant entraîné une pénurie alimentaire au Bénin dans les années 80. Depuis, même si la situation alimentaire du pays est redevenue normale, le système a été pérennisé sous réserves d'autres critères. L'Etat japonais signe avec l'Etat béninois la remise d'un certain volume de riz correspondant à la valeur du don divisé par les cours du riz sur le marché international. Il s'agit d'un don numéraire équivalent à environ 200.000.000 Yen. Les quantités varient d'une année à une autre selon les prix mondiaux du riz et selon les cours du Yen.

La quantité offerte varie d'une année à l'autre et ne tient compte ni des importations commerciales ni de la production locale. En 2002 par exemple, le don japonais représentait à lui seul 7,5% des importations commerciales et 12,25% de la production locale. Les recettes issues des ventes ne sont pas négligeables mais elles sont en baisse. En 2002, elles s'élevaient à 1.102.492.783 FCFA, tandis qu' en 2004 elles ne sont plus que de 546.358.749 FCFA (CCR et REDAD-VECO, 2006).

7 Service statistique/DPP/MAEP

Figure n°4 : Evolution des dons du riz japonais au Bénin

Source : CCR et REDAD-VECO, 2006


· Gestion des dons de riz japonais

Pour la livraison du produit, le gouvernement béninois établit en collaboration avec le gouvernement japonais un cahier de charges soumis à un appel d'offre international auquel seules les sociétés japonaises peuvent postuler. La marchandise est délivrée en une seule cargaison, chargée par la SOBEMAP. Au Bénin, le don est supervisé par un comité interministériel composé par les ministères du commerce, de l'agriculture, des affaires étrangères, du plan, de la famille, de l'intérieur et des finances. Il s'agit d'une commission de la gestion des dons présidée par le ministre du commerce. Elle est créée par décret et amendée le 30 Décembre 2004. Elle reçoit les dons, propose le prix de cession et la formule de répartition, suit la distribution et rend compte au gouvernement.

Ainsi, le riz donné à l'Etat béninois doit être vendu. Il est distribué sur toute l'étendue du territoire y compris dans les zones de production. La distribution est assurée par la Centrale COOP et l'ONASA depuis 1996, chacune dans une zone bien délimitée. En 1996, la répartition du riz était de 60% pour la centrale COOP et de 40% pour l'ONASA. Mais depuis quelques années, la répartition est équitable entre les deux structures. Rappelons que la Centrale COOP est une structure privée dont la fonction centrale est la distribution des produits alimentaires tandis que l'ONASA est une institution étatique relevant du ministère de l'agriculture. Les deux structures soumettent un projet de répartition et un prix de cession à la commission de gestion des dons et aides alimentaires que le Conseil des Ministres étudie. Ce

prix est fixé en tenant compte du prix du marché de riz le plus bas et le plus consommé par la population.

Le prix de cession du riz donné est généralement fixé au minimum au deux tiers (2/3) du prix FOB et à un maximum non loin de ce seuil. Ainsi, le prix varie de 4 500 à 5 000 FCFA pour le sac de 30 Kg. Ce prix supposé unique varie cependant légèrement d'une zone à une autre. Avec la décentralisation, un comité d'orientation et de gestion du riz japonais est installé au niveau local. Ce comité est présidé par le Maire et a pour membres le responsable du CeRPA, le responsable des affaires sociales, un représentant de l'association du développement, une représentante des femmes, le chef de la brigade ou le commissaire, un représentant de l'ONASA ou de la Centrale COOP. Les revenus tirés de la vente sont regroupés dans un compte spécial.

Selon Verlinden et Soule (2003), le don japonais est distribué à un prix largement en dessous de celui du riz local. En Octobre 2003, il a été distribué dans le département des Collines à un prix inférieur de 40% au prix du riz produit dans cette région. De même, en 2004 sur le marché de Natitingou, le riz issu du don japonais a été distribué à un prix d'environ 175FCFA/Kg contre 225FCFA/Kg pour le riz local. Ce don étant exonéré des taxes à l'importation, il agit comme un concurrent de taille du riz local.

4-2-3-4-2- Le don américain
· Historique et importance

A l'instar du Japon, les Etats Unis apportent une assistance alimentaire en riz à la République du Bénin. En plus du riz, l'huile comestible, le blé et la farine de blé sont également importés. C'est le Catholic Relief Services (CRS) qui en assure la gestion. La structure s'est implantée au Bénin depuis 1958. Pour ce qui concerne le riz, l'assistance alimentaire comporte deux volets à savoir la distribution alimentaire et la monétisation (vente de vivres). Si le programme de distribution alimentaire date de plusieurs décennies, celui de la monétisation n'a commencé qu'en 2001 pour une durée de cinq (5) ans.

Pour chacune des deux composantes, les volumes importés varient très faiblement d'une année à l'autre. La distribution alimentaire s'élève à environ 500 tonnes par an. S'agissant de la monétisation, l'opération s'effectue sur toute l'année. Son volume moyen est

de 9000 tonnes par an. La totalité de ces importations (monétisation et distribution alimentaire) faisait près du tiers de la production nationale en 2000.


· Gestion des dons de riz américain

Les bénéficiaires du programme de distribution alimentaire sont principalement les écoles sous formes de cantines scolaires destinés à assurer la fréquentation de l'école par les enfants et à limiter les déperditions au cours du cursus scolaire. Quant à la monétisation des vivres reçus en aide, elle constitue un mécanisme de satisfaction des besoins de fonds pour la réalisation des objectifs de développement et un moyen de développement des capacités des entreprises locales. Ainsi, les bénéficiaires sont les sociétés, les associations et les groupements. Pour la vente, le CRS lance un appel d'offre et c'est la structure la plus offrante qui est retenue. On en déduit que la gestion des aides alimentaires américaines est entièrement sous le contrôle du CRS.

Figure n° 5 : Répartition mensuelle de la monétisation du riz par le CRS-Bénin en 2004

Source : CRS-Bénin, 2004 cité par Abiassi, 2006

4-2-3-4-3- Impact des dons et aides alimentaires sur la riziculture locale

La monétisation des vivres reçus en aide constitue un mécanisme de satisfaction des besoins de fonds pour la réalisation des objectifs de développement et un moyen de développement des capacités des entreprises locales. Ainsi, les bénéficiaires sont les sociétés, les associations et les groupements les plus offrants. Pour chacune des deux composantes, les volumes importés varient très faiblement d'une année à l'autre. Ces dons et aides alimentaires contribuent à combler le déficit alimentaire en riz de la population. Cependant, leur incidence

sur la population agricole en particulier et sur le développement du Bénin en général est loin d'être négligeable. En effet, les risques et incidences à court et à long terme sont nombreux. Ils se présentent comme suit :

A court terme

o Discrimination sociale car un petit nombre de personnes s'accaparent de la

plus grande quantité qu'ils revendent sur les marchés urbains et régionaux ;

o concurrence déloyale du don du riz vis-à-vis du riz local. En effet, le don du riz

est plus compétitif que le riz local car il coûte deux fois moins cher que le riz local et il est vendu à un prix inférieur au coût de production du riz local qui est de 158 F/Kg ;

o manque de débouchés à l'intérieur pour l'écoulement du riz local ;

o mévente de la part des producteurs nationaux ;

o bradage du riz local par les producteurs ;

o baisse des revenus des producteurs et productrices qui s'adonnent

particulièrement à cette culture ;

o manque de volonté pour l'investissement dans la filière ;

o détérioration des conditions de vie des populations rurales.

A long terme

o Découragement des riziculteurs ;

o découragement des efforts accomplis par les projets et programmes de

développement de la filière riz dont les effets risquent d'être négligeable voire nul sur la vie des producteurs ;

o baisse de la production locale du riz et des revenus des producteurs ;

o faible valorisation des potentialités rizicoles existantes ;

o insécurité alimentaire due à l'incapacité du Bénin à faire face à la demande

locale en cas de suspension soudaine des dons et aides ;

o augmentation du degré de dépendance du Bénin voire une souveraineté

nationale hypothéquée durablement ;

o agrandissement des inégalités entre les hommes et les femmes car les femmes

tirent une bonne partie de leurs revenus à partir de la riziculture ;

o faible diversification agricole avec comme conséquence le renforcement de la

dépendance du pays à l'égard de la monoculture ;

o problème sanitaire car la plupart des aides et dons alimentaires sont constitués

de réserves alimentaires datant de plusieurs années et pourraient être de qualité douteuse ;

o élargissement du déficit de la balance commerciale et donc un produit intérieur
brut de plus en plus faible (CCR et REDAD-VECO, 2006).

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci