4-2-3-3- La réexportation du riz au
Bénin
En dehors des importations supposées être
destinées à la consommation sur le territoire national, le
Bénin constitue aussi une zone de transit par excellence de par sa
position géostratégique pour les pays de l'Hinterland et le
Nigeria. En effet, un volume non négligeable du riz transite par le
Bénin à destination des pays voisins (Burkina Faso, Nigeria,
Niger, Togo). Les statistiques de la réexportation doivent être
considérées avec une grande prudence compte tenu de la
perméabilité de nos frontières et donc du volume important
des transactions avec le Nigeria qui échappent aux statistiques
officielles. Si les flux de réexportation vers le Nigeria ont
représenté en 2001 près de 50 000 tonnes, ils sont loin
des volumes réexportés au milieu des années 1990 où
ils pouvaient atteindre 300 000 tonnes.
D'une manière générale, trois principaux
facteurs sont à la base de la réexportation de produits tels que
le riz en direction du Nigeria :
- tout d'abord, les divergences dans les politiques
commerciales (surtout tarifaires) entre le Nigeria et le Bénin ;
- ensuite, les volumes importés directement au Nigeria
sont parfois insuffisants pour faire face à la demande nationale ;
- enfin, les limitations d'offre de devises, notamment de
dollars, peuvent inciter les commerçants à acheter au
Bénin en ayant recours au marché parallèle des changes.
Ainsi, la réexportation du riz en direction du Nigeria
est la conséquence principale de la divergence des politiques
commerciales adoptées dans les deux pays frontaliers. La mise en oeuvre
de politiques douanières différenciées crée ainsi
des opportunités d'arbitrage pour les commerçants au Nigeria. En
effet, les taxes douanières sur le riz au Nigeria sont passées de
100% en 1995 à 50% en 20006 entraînant ainsi une baisse
de la demande auprès des importateurs béninois. Néanmoins,
il faudrait relativiser cette analyse en tenant compte de la lenteur des
opérations de déchargement au port de Lagos, de
l'insécurité (coût élevé des assurances) et
des difficultés d'accès aux devises pour les opérateurs
Nigérians. De plus, la vente de riz est souvent couplée avec
l'achat de produits manufacturés venant du Nigeria. Il y a donc des
intérêts commerciaux de part et d'autre de la frontière
bénino-nigeriane qui incitent au maintien des flux commerciaux
(importation/ réexportation).
Tableau n°4-6: Statistiques sur les
échanges de riz au Bénin de 1994 à 2004 en
tonnes
Années
|
Importations au Bénin
|
Réexportation par le Bénin
|
1994
|
213622
|
50713 (24%)
|
1995
|
171919
|
42666 (25%)
|
1996
|
165136
|
61618 (37%)
|
1997
|
86798
|
50193 (58%)
|
1998
|
47012
|
34893 (74%)
|
1999
|
73612
|
28385 (33%)
|
2000
|
72743
|
23803 (33%)
|
2001
|
88286
|
43441 (49%)
|
2002
|
124184
|
ND
|
2003
|
202854
|
ND
|
2004
|
476488
|
ND
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Source: Port Autonome de Cotonou
cité par Abiassi, 2006 ND=non disponible
6 Ces taxes douanières sont passées
à 110% à partir de 2003.
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