L'objectif de l'analyse du comportement du consommateur
individuel est d'expliquer le niveau de demande des produits. Cette analyse
rend compte de la structure des prix relatifs auxquels fait face le
consommateur, son revenu réel et une série de
caractéristiques individuelles telles que l'âge,
l'éducation, statut professionnel, le type de ménage
concerné et l'environnement géographique (rural ou urbain).
Lorsque la demande est directement analysée au niveau régional ou
national, non seulement elle est influencée par le niveau moyen des
variables dans l'unité d'analyse, mais aussi par leur distribution au
sein de population (Sadoulet et de Janvry, 1993). Une analyse de politique
économique va typiquement poser la question : « Quelle est
l'élasticité-revenu ou l'élasticité-prix du bien X
pour les consommateurs d'un sous groupe particulier (classe sociale, couche de
revenu) ou pour tous les consommateurs d'une région ou d'un pays ?
».
D'après la FAO (1995b), la demande d'un produit
alimentaire est fonction de plusieurs variables: le prix du produit
considéré, les prix des produits complémentaires ou de
substitution, les revenus, certains paramètres démographiques,
les goûts et habitudes. A court ou moyen terme, les principaux
déterminants sont les prix et les revenus, et ce sont aussi les
variables qui ont le plus de chance d'être immédiatement
modifiées par le changement de politique. La modification du prix d'un
produit a souvent deux effets, un effet de revenu et un effet de substitution.
Ce dernier joue toujours dans le même sens, c'est-à-dire
que toute baisse de prix du produit entraîne invariablement un
accroissement de la quantité demandée. Mais l'effet revenu n'est
pas le même selon que le produit soit de qualité courante ou non.
Dans le cas d'un produit de qualité courante, l'accroissement du revenu
qu'implique la baisse de son prix provoque une augmentation de la
quantité demandée et renforce donc l'effet de substitution. Mais
s'il s'agit d'un produit «inférieur», l'effet revenu est
négatif et compense donc en partie l'effet de substitution puisqu'il
joue en sens inverse. Cependant, dans le cas des produits
«inférieurs», l'effet net d'une baisse de prix est toujours un
accroissement de la demande et vice versa. Au contraire, quand ce sont les
revenus qui changent sans que le prix du produit ne bouge, tout accroissement
de revenu se traduit par un accroissement de la demande de produits de
qualité courante, alors qu'il entraîne une baisse de la demande de
produits «inférieurs».
La demande des différentes denrées alimentaires
au niveau des ménages dépend aussi de plusieurs paramètres
démographiques, notamment le nombre et l'âge des membres de la
famille et l'âge de la personne qui achète la nourriture.
L'âge des membres de la famille joue de deux façons.
Premièrement, les enfants et les personnes âgées mangent en
moyenne moins que les autres. Deuxièmement, la structure de la
consommation des enfants n'est pas la même que celle des adultes. L'effet
de l'âge de la personne qui achète la nourriture peut tenir au
fait que les besoins changent dans une vie, car chaque génération
a ses préférences. La taille des ménages peut elle aussi
influer sur la demande car il peut y avoir un effet d'échelle à
ce niveau.
Les goûts et les habitudes alimentaires peuvent par
exemple entraîner des variations saisonnières de la consommation
pour des raisons qui ne sont pas liées à la variation
saisonnière des prix, mais à des tabous religieux ou sociaux,
voire simplement à une méfiance face à une nourriture
inhabituelle (FAO, op.cit)
Voyons par exemple ce qui se passe pour le riz. En Afrique
occidentale et en Asie, il est remarqué que les variétés
locales sont vendues plus chères que les variétés
importées. Il est donc possible que les familles dépensent
davantage pour acheter du riz quand leur revenu réel augmente, sans pour
autant en acheter une plus grande quantité. Inversement, il se peut que
la quantité totale achetée augmente sans que les dépenses
changent dans cas où les ménages dont le revenu réel
baisse remplacent le produit plus onéreux par le produit le moins
cher.
La réduction des revenus nominaux et réels
entraîne un déplacement de la courbe de la demande, de sorte que
pour un prix donné, la quantité de denrées achetées
diminue. Dans les pays qui subventionnaient les prix à la consommation
dans les villes ou sur tout le territoire, les diverses réformes
entraînant une hausse des prix, dont la suppression des subventions ;
entraînent également une réduction du volume des achats.
Tant la baisse des revenus réels que les variations des rapports de prix
(non seulement entre les différentes denrées alimentaires, mais
aussi entre ces dernières et les autres biens de consommation),
modifient la composition du panier de la ménagère.
D'après la FAO (1995b), l'expérience prouve que
dans tous les pays quel que soit le niveau de revenu,
l'élasticité-prix et l'élasticité-revenu de la
demande alimentaire varient en sens inverse des revenus des ménages, de
sorte que la réduction de la consommation frappera plus durement les
plus pauvres, tant au niveau quantitatif qu'en valeur nutritionnelle. Cet
effet
sera encore plus marqué si les ménages pauvres
paient, pour leur nourriture, des prix unitaires plus élevés que
les ménages riches; ceci est le cas par exemple s'ils ne disposent pas
du montant suffisant pour profiter des réductions sur les achats en
quantité ou s'ils n'ont pas de quoi accéder aux moyens de
transport pour se rendre dans les centres commerciaux qui cassent les prix.
Quand les revenus baissent et que les prix montent, les ménages
continuent à s'approvisionner en consacrant une part plus grande de leur
revenus à la nourriture et en achetant les denrées les moins
chères. Ils s'efforcent aussi d'améliorer leur ravitaillement au
moyen de transferts interindividuels (par exemple en se procurant des vivres
auprès de parents qui vivent à la campagne).