Plusieurs études ont été
réalisées au Bénin sur la filière riz.
Les travaux sur le riz, autrefois rares, ont connu une
importance notoire ces dernières décennies. Ils ont
été conduits sur tout le territoire national par des institutions
et des centres de recherche. Ils ont également fait l'objet des
thèses et mémoires d'étude. Ces travaux ont utilisé
des méthodes d'analyse bien précises et le point sur les
résultats auxquels ils sont parvenus se présente comme suit.
Djogbénou (1981) a identifié et mesuré
l'importance des facteurs qui affectent la performance économique dans
la production du riz dans la province du Borgou. Le modèle
économique basé sur la fonction de production et les
productivités des différents facteurs ont servi comme outil
d'analyse. Une étude plus récente à l'aide de la
même méthodologie a été conduite par Sadou (1996).
L'étude économique menée par cet auteur dans la même
région pour le cas des systèmes irrigués et de bas-fond a
abouti à des conclusions faisant une comparaison des deux
systèmes. En effet, selon cette étude, les coûts totaux et
unitaires de production et le revenu net à l'hectare sont plus
élevés dans la riziculture irriguée que la riziculture de
bas-fond. Mais dans les deux cas la production du riz est rentable et cette
rentabilité serait plus forte si les paysans utilisent efficacement les
ressources.
L'approche sociologique utilisée par Adégbola
(1985), a révélé que l'échec d'intensification de
la production rizicole constaté dans le département du Borgou est
dû au fait que le milieu cible qui est une des cinq composantes du moulin
Royen, n'a pas fait l'objet d'une attention particulière. Tous les
efforts ont été orientés vers la culture cotonnière
au détriment de toutes les autres dont le riz paddy. Il a
également relevé d'autres freins à savoir : les
contraintes de la riziculture, le chevauchement des opérations rizicoles
avec les travaux des principales cultures de subsistance et la pénurie
en main-d'oeuvre supplémentaire en période de pointe des travaux
agricoles.
Ahoyo (1996) quant à lui a montré que la
production de riz au Bénin reste possible. En effet, les terres propices
sont disponibles, l'eau nécessaire existe et est relativement abondante
(pluie, bas-fonds, cours d'eau et fleuve), le climat souhaité y est
adéquat. L'auteur, à travers des simulations et scénarios
basés sur les modèles de programmation linéaire a
montré que les facteurs influençant la superficie dans les
systèmes de production intégrant la culture de riz sont la
disponibilité limitée du travail au sein des familles rurales,
les faibles rendements et les
prix bas du riz obtenus à la vente. Ces contraintes
sont renforcées par une commercialisation rendue difficile par
l'importation massive du riz de meilleure qualité (moins de brisure) et
bon marché. De plus il a montré que, le coton est le principal
concurrent du riz. La production du riz, toujours selon le même auteur, a
des possibilités de développement surtout après la
dévaluation du franc CFA qui renforce sa compétitivité.
Ces résultats seront confirmés plus tard sur le
périmètre de Dévé par Kpobli (2000) qui constate
que la réhabilitation des périmètres irrigués et la
dévaluation du Franc CFA en 1994 ont permis un temps soit peu un
développement de la riziculture. Elles ont aussi favorisé
l'augmentation de l'effectif des riziculteurs et de la superficie
emblavée après intervention des projets rizicoles sur les
systèmes de production dans cette zone.
Les résultats de Houndékon (1996) concernant le
Nord-Bénin ont montré, grâce à l'outil d'analyse
Policy Analysis Matrix (PAM), que la production de riz est rentable dans tous
les systèmes et seul le système irrigué permet aux paysans
de réaliser le profit le plus élevé à l'hectare
dans le cas où le dispositif d'irrigation fonctionnerait correctement.
L'auteur, en comparant le riz aux autres cultures de la zone, a montré
qu'il est financièrement plus rentable en ce qui concerne le
système irrigué et occupe la deuxième place aussi bien
dans le système de bas-fonds aménagé que non
aménagé. Dans tous les systèmes qu'il a définis,
seuls ceux irrigués et de bas-fonds non aménagés ont un
avantage comparatif à produire seulement le riz pour concurrencer les
importations dans leur zone. Mais cette production rizicole est devenue
compétitive aussi bien dans les zones de production que les zones de
consommation avec la dévaluation du franc CFA.
Par ailleurs, il ressort de l'analyse d'efficacité
technico-economique des riziculteurs et rizicultrices du Centre-Bénin
fait par Midingoyi (2003) que les femmes sont moins économiquement
efficaces que les hommes. Ainsi, comparativement aux hommes, elles ont les
mêmes aptitudes à obtenir le niveau maximal de paddy à
partir des facteurs de production qui leur sont disponibles. Elles ont
également moindre aptitude à obtenir le profit maximal, vu les
prix de l'engrais et le coût de la main-d'oeuvre. Aussi bien les femmes
que les hommes n'ont pas une efficacité économique absolue dans
la production rizicole. Les principales caractéristiques
influençant le profit sont l'aménagement des bas-fonds, la
maîtrise de l'eau et la forme et période de vente du riz de
même que l'appartenance des riziculteurs à un groupe. Il en
découle donc que pour améliorer l'efficacité des
rizicultrices et des riziculteurs, il faut promouvoir la vie associative au
niveau des riziculteurs, les associations étant des creusets pour
recevoir des formations dans le but d'améliorer l'efficacité des
producteurs. Les actions
doivent également être concentrées sur
l'aménagement des bas-fonds dans cette région du pays.
Adégbola et Sodjinou (2003) ont montré,
grâce à l'outil d'analyse (MAP), qu'au SudBénin, seul le
système de production avec maîtrise totale de l'eau a un avantage
comparatif dans la production de riz pour concurrencer les importations de riz.
Au Centre, en dehors du système pluvial strict, tous les systèmes
possèdent un avantage comparatif dans la production de riz pour
concurrencer le riz importé dans la zone de production. Au Nord, tous
les systèmes sont compétitifs sauf les systèmes de
bas-fond non aménagés utilisant la variété
traditionnelle.
Faladé (2003) a montré que les variables telles
que : les doses d'engrais, dates d'application de l'engrais de couverture,
types de systèmes de riziculture, nombre d'années d'utilisation
des terres et qualité des semences utilisées, expliquent au seuil
de 5% les rendements de riz observés dans cette localité.
De l'atelier de Malanville organisé par le
Ministère de l'Agriculture de l'Elevage et de la Pêche (MAEP,
2005a), il ressort les contraintes d'ordre commercial suivantes : (1) Faible
valorisation du riz local avec une offre de riz local insuffisante et
aléatoire, (2) distribution du riz japonais (40% moins cher) en
période de mise en marché du riz local, (3) absence d'une
politique de protection de la production locale, (4) trop grande influence de
la réglementation nigériane sur les importations de riz.
En 2005 des ateliers de concertation des structures d'appui
à la filière riz ont été réalisés
à Cotonou (MAEP, 2005b ; MAEP, 2005c). On retient de ces ateliers
qu'aujourd'hui, de façon générale, le Bénin se
trouve dans une situation invraisemblable au niveau de la filière riz :
le gouvernement souhaite promouvoir la filière riz local, mais dans le
même temps, des flux massifs d'importations de riz à bas prix sont
enrégistré. Des instruments de régulation des importations
sont potentiellement disponibles au niveau international mais ils sont peu ou
pas utilisés. La question est donc de pouvoir résoudre cette
contradiction à travers des mesures incitatives à deux niveaux :
sur des options de régulation commerciale à l'importation, sur la
mise en place avec les riziculteurs d'un programme volontariste de
développement de la filière riz local.
Plus récemment, Adégbola et Diagne (2005) sont
parvenus à la conclusion selon laquelle les populations en milieu rural
sont plus nombreuses à consommer le riz local que les populations des
milieux urbains dans toute leur zone d'étude et que le riz local est
plus consommé dans les zones du Nord-Bénin. Sa consommation est
très faible dans les milieux urbains du Sud et du Centre du
Bénin. Le riz importé est plus consommé en milieu
urbain
Nord-Est du Bénin que dans les autres zones.
L'étude fait remarquer également que les dons de riz sont plus
importants au Sud Bénin.
Adékambi (2005) a montré que les
variétés améliorées de riz ont eu de façon
générale, un impact positif sur la scolarisation et la
santé des enfants des riziculteurs et rizicultrices du
département des collines. Il ressort de cette étude que le revenu
rizicole et le nombre d'enfants en âge scolarisable sont les principaux
facteurs déterminants la scolarisation au niveau des enfants de
riziculteurs. Il a ainsi montré que l'adoption des NERICAs a induit une
augmentation des taux de scolarisation et de maintien à l'école
de 39% et 75% respectivement, et une augmentation des dépenses scolaires
d'environ 19690 FCFA environ par enfant scolarisé.
Les simulations faites par Abiassi (2006) lui ont permis de
montrer qu'une augmentation du tarif appliqué au riz importé
permet à la production locale de devenir plus compétitive. Les
résultats des simulations ont montré qu'à long terme, les
baisses du volume d'importations sont plus importantes qu'à court terme.
Ainsi, pour une augmentation de tarif de 10 % on observe une baisse de 10,5%
à long terme contre 6,8% à court terme soit un écart de
près de 4 %. Cet écart est de plus en plus important pour les
plus grandes variations du tarif. Par ailleurs, pour les niveaux de tarifs
très élevés, les baisses sont également très
importantes à long terme et atteignent environ 53%. Cependant, les
perspectives de mise en oeuvre d'une augmentation du TEC au delà de 20%
dans l'environnement sous-régional actuel sont assez difficiles voire
impossible. Néanmoins, un travail de sensibilisation et de lobbying
à plusieurs niveaux mérite d'être fait.
Ces études dans leur globalité ont, d'une part
montré la compétitivité du riz local par rapport au riz
importé et d'autre part mis en exergue les déterminants de la
production rizicole. D'autres études se sont beaucoup focalisées
sur les facteurs déterminant l'offre de riz sur les différents
marchés. Celles-ci ont occulté pour la plupart le fait que
l'offre d'un produit peut également être influencée par la
demande exprimée par le consommateur. Ainsi, il est important pour
pallier ce manque d'information qu'une étude soit faite pour expliquer
les déterminants de la demande pouvant expliquer le comportement
rationnel du consommateur l'amenant à préférer le riz
importé au riz localement produit.