V.2. IDENTIFICATION DES FACTEURS DE LA FECONDITE PRECOCE DES
ADOLESCENTES
L'examen du tableau 24 permet d'identifier parmi les
adolescentes, celles qui sont les plus exposées au risque d'avoir une
maternité précoce. Le premier modèle (M0)
met en évidence les effets bruts de toutes les variables explicatives
retenues dans l'étude sur le risque de fécondité
précoce à l'adolescence. Les résultats obtenus indiquent
que la maternité chez les adolescentes est déterminée
par : le milieu de résidence, le niveau de vie du ménage, le
degré d'exposition à la télévision, le niveau
d'instruction, la connaissance des méthodes contraceptives, la
connaissance du cycle ovulatoire, l'état matrimonial, l'âge aux
premiers rapports sexuels et l'âge premier mariage (p<0,01) ;
l'appartenance ethnique et la religion (p<0,05) ; et enfin, le milieu
de socialisation (p<0,1). Deux variables, à savoir le sexe du chef de
ménage et l'utilisation des méthodes contraceptives étant,
à ce niveau, non significatives.
V.2.1. Maternité précoce et environnement
socioculturel/socioéconomique de l'adolescente
« La fécondité s'exprime à
travers les règles de la vie sociale qui organisent les relations
sociales à travers la formation des couples et en modulent le
résultat » (Vallin, 1992 cité par Fall, 2004).
Aussi les environnements socioculturel et socioéconomique
constituent-ils des facteurs importants pour comprendre les logiques qui
sous-tendent les comportements en matière de fécondité.
Suivant l'appartenance ethnique, il ressort que les adolescentes du groupe
Téké et des « autres ethnies » ont
respectivement 1,39 fois et 2,14 fois plus de risque d'avoir une
fécondité précoce que celles du groupe Kongo. Sur le plan
religieux, les jeunes filles adeptes des religions traditionnelles et des
« autres religions » ont respectivement 1,96 fois et 1,31
fois plus de risque d'avoir une fécondité précoce que
leurs homologues des églises « chrétiennes
traditionnelles ». Comme milieu de socialisation, l'environnement
rural apparaît plus favorable à la fécondité
précoce que le milieu urbain. Comparées aux adolescentes
socialisées dans les grandes villes du Congo, celles ayant passé
les douze premières années de leur existence en milieu rural sont
1,33 fois plus susceptibles de connaître une maternité
précoce.
Quant au milieu de résidence, il a souvent
été identifié comme variable influençant non
seulement les représentations, perceptions et attitudes mais aussi les
opportunités économiques des individus, susceptibles de modifier
leurs comportements en général et en matière de la
fécondité en particulier. Il apparaît qu'au Congo, le
milieu semi-urbain est plus favorable à la fécondité
précoce que le milieu urbain : les adolescentes résidant
dans les grandes villes ont en effet 37% moins de risque de connaître une
maternité précoce que celles qui résident dans les petites
villes.
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