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Fécondité des adolescentes en RDC: recherche des facteurs explicatifs

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par Frédéric POUMBOU
Université de Yaoundé II - Cameroun - Diplôme d'études supérieures spécialisées en démographie 2008
  

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V.1.2. IDENTIFICATION DES FACTEURS DE LA PRATIQUE CONTRACEPTIVE MODERNE

Dans notre étude, nous nous sommes également intéressés à identifier les facteurs de la pratique contraceptive moderne chez les adolescentes, étant donné que celle-ci (la pratique contraceptive) constitue un moyen direct d'éviter les grossesses/maternités non désirées. Le tableau 23 présente donc les résultats de l'analyse des facteurs d'utilisation des méthodes contraceptives modernes chez les adolescentes. Toutes choses égales par ailleurs, quatre (4) variables apparaissent comme facteurs explicatifs de la pratique contraceptive moderne à l'adolescence, il s'agit notamment : du milieu de socialisation, du niveau de vie du ménage, du sexe du chef de ménage et du niveau d'instruction de l'adolescente (M12).

Le premier facteur à savoir le milieu de socialisation constitue, en effet, un facteur socioculturel. Et, il ressort que, les adolescentes ayant passé leur enfance (environ les 12 premières années de leur vie) dans les petites villes ont 1,94 fois plus de chance que celles qui l'ont passé dans les grandes villes d'utiliser les méthodes contraceptives modernes.

En ce qui concerne l'environnement familial, deux variables (le niveau de vie du ménage et le sexe du chef de ménage) sont identifiées en tant que facteurs explicatifs des comportements différentiels sur la pratique contraceptive moderne. Toutes choses égales par ailleurs, il apparaît que les adolescentes appartenant aux ménages de niveau de vie moyen ont environ 59% moins de chance que celles membres des ménages de niveau de vie élevé d'utiliser les méthodes contraceptives modernes. Et, suivant le sexe du chef de ménage, les adolescentes appartenant aux ménages dirigés par une femme ont 1,97 fois plus de chance que celles dont les ménages sont dirigés par un homme d'utiliser les méthodes contraceptives modernes.

Enfin, seul le niveau d'instruction apparaît comme la caractéristique individuelle la plus associée à la pratique contraceptive moderne des adolescentes. Toutes choses égales par ailleurs, les adolescentes sans niveau d'instruction et celles ayant un niveau d'instruction primaire ont respectivement 94% et 58% moins de chance que leurs homologues d'un niveau d'instruction secondaire ou plus d'utiliser les méthodes contraceptives modernes. Suivant les observations déjà faites ailleurs, ces résultats confirment l'hypothèse d'une relation positive entre le niveau d'instruction de la femme et la pratique contraceptive moderne. A ce niveau également, un modèle pas à pas nous a permis de déceler le mécanisme par lequel les facteurs susmentionnés agissent sur l'utilisation des méthodes contraceptives modernes chez les adolescentes. Nous constatons que la signification de l'ethnie baisse à 5% lorsque nous contrôlons avec l'âge (M1). L'effet de l'ethnie sur la pratique contraceptive moderne serait donc médiatisé par l'âge de l'adolescente.

L'introduction du niveau d'instruction (M8) a entraîné une augmentation du seuil de signification de l'ethnie (1%) et du suivi régulier de la télévision (10%), mais une baisse de celui du milieu de socialisation allant de 1% à 5%. Le niveau d'instruction est donc intervenu comme variable inhibitrice pour l'ethnie et le suivi régulier de la télé, c'est-à-dire que les différences de pratique contraceptive moderne observées entre les différentes modalités de ces variables étaient, en partie, dues aux différences de niveau d'instruction. Mais il a agit comme variable intermédiaire pour le milieu de socialisation.

Au modèle suivant (M9), nous ajoutons deux variables : la connaissance des méthodes contraceptives et la connaissance du cycle ovulatoire. L'ethnie perd sa signification et la religion devient significative à 10%. Ces variables agissent comme intermédiaires pour l'ethnie, mais comme inhibitrice pour la religion. La religion perd sa signification dès que nous contrôlons avec l'état matrimonial (M10) ; ce dernier constitue donc une variable intermédiaire pour la religion.

De même, le suivi régulier de la télé devient non significatif avec le contrôle par l'âge aux premiers rapports sexuels (M11). Ce dernier médiatise donc l'effet de la télévision sur la pratique contraceptive moderne.

Au modèle final (M12) nous introduisons l'âge au premier mariage et, les résultats sont quasiment similaires aux précédents.

Interprétation des résultats

Ces résultats confirment en effet, que la pratique contraceptive moderne chez les adolescentes congolaises est influencée par leur environnement socioculturel, leur environnement familial et par leurs caractéristiques individuelles, relayée dans une moindre mesure par leur comportement relatif à la nuptialité et à la procréation. Le fait que les adolescentes socialisées dans les petites villes soient plus disposées à utiliser les méthodes contraceptives modernes que leurs homologues socialisées dans les grandes villes, pourrait traduire une propension plus prononcée chez les premières à la mobilité sociale que chez les secondes. En effet, il arrive parfois que les jeunes filles des petites villes voire rurales nourrissent plus d'ambitions sociales en arrivant dans les grandes villes que celles qui demeurent dans ce milieu depuis toujours. Hypothèse que devraient vérifier des études qualitatives.

Par ailleurs, le niveau de vie du ménage (ou des parents) conditionne l'utilisation des méthodes contraceptives modernes chez l'adolescente d'autant plus que les conditions économiques ne permettent pas vraiment de consacrer des moyens pour se procurer de ces méthodes. Cependant, les femmes chef de ménage, par la communication qu'elles entretiennent avec les jeunes filles au sujet de la sexualité et de ses conséquences (MST, VIH/Sida, grossesse/maternité non désirée), conduisent les adolescentes à utiliser les méthodes contraceptives modernes. Contrairement à la majorité des hommes qui considèrent encore la sexualité des filles comme un sujet tabou. En effet, dans le contexte congolais les hommes ont plus tendance à vouloir ignorer la sexualité de leurs jeunes filles, plutôt que de les éduquer à avoir une sexualité responsable. Enfin, les limites culturelles qui caractérisent les adolescentes congolaises de faible niveau d'instruction constituent un obstacle à l'utilisation des méthodes contraceptives modernes.

Tableau23 : Risques relatifs d'utiliser les méthodes contraceptives modernes chez les adolescentes congolaises âgées de 15-19 ans (EDSC-I, 2005)

Variables et modalités

Effets bruts

Effets nets

A à B

A à C

A à D

A à E

A à F

A à G

A à H

A à I

A à K

A à L

A à M

A à N

M0

M1

M2

M3

M4

M5

M6

M7

M8

M9

M10

M11

M12

A- Age

1,45***

1,45***

1,45***

1,47***

1,48***

1,49***

1,51***

1,50***

1,50***

1,38***

1,36***

1,18**

1,20**

B- Ethnie

***

**

**

**

**

**

**

**

*

ns

ns

ns

ns

Kongo

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

Mbochi

1,03

1,04

1

1,12

1,08

1,01

1,03

1,06

1,01

1

0,99

0,88

0,89

Téké

1,34

1,33

1,27

1,39

1,34

1,28

1,33

1,35

1,3

1,21

1,19

1,14

1,16

Sangha

0,21**

0,2**

0,19**

0,22**

0,22**

0,21**

0,22**

0,22**

0,23**

0,23**

0,22**

0,24**

0,23**

Autres ethnies

0,31**

0,33**

0,33**

0,33*

0,32**

0,35*

0,36*

0,36*

0,44

0,44

0,43

0,41

0,42

C- Religion

ns

 

ns

ns

ns

ns

ns

ns

ns

*

ns

ns

ns

Chrétiennes traditionnelles

réf

 

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

Autres chrétiennes

0,89

 

0,76

0,7

0,7

0,65

0,59

0,61

0,58

0,57

0,58

0,59

0,56

Traditionnelles

0,41

 

0,48

0,47

0,48

0,44

0,5

0,49

0,63

0,62

0,61

0,55

0,56

Autres religions

0,94

 

1,01

0,96

0,97

0,9

0,9

0,9

0,89

0,87

0,87

0,94

0,93

Sans religion

1,37

 

1,59

1,65

1,66

1,66

1,63

1,63

1,90**

2,20**

2,13**

1,98**

1,99**

D- Milieu de socialisation

***

 

 

***

***

***

***

***

**

**

**

**

**

Grandes villes

réf

 

 

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

Petites villes

1,55*

 

 

1,87**

1,93**

2,02***

2,00**

1,94**

2,05***

2,04***

2,07***

1,94**

1,94**

Rural

0,61***

 

 

0,67**

0,68

0,66*

0,7

0,67

0,83

0,86

0,87

0,78

0,77

E- Milieu de résidence

ns

 

 

 

ns

ns

ns

ns

ns

ns

ns

ns

ns

Grandes villes

1,17

 

 

 

1,15

1,1

1

0,99

0,97

1,03

1,03

1,09

1,09

Petites villes

réf

 

 

 

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

Rural

0,74

 

 

 

1,08

0,98

0,95

0,86

0,88

0,89

0,89

0,82

0,82

F- Niveau de vie du ménage

***

 

 

 

 

***

***

***

***

***

***

***

***

Faible

0,72*

 

 

 

 

1,08

0,94

0,78

0,9

0,94

0,93

1,04

1,04

Moyen

0,43***

 

 

 

 

0,42***

0,38***

0,33***

0,36***

0,37***

0,36***

0,41***

0,41***

Elevé

réf

 

 

 

 

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

Variables et modalités

Effets bruts

Effets nets

A à B

A à C

A à D

A à E

A à F

A à G

A à H

A à I

A à K

A à L

A à M

A à N

M0

M1

M2

M3

M4

M5

M6

M7

M8

M9

M10

M11

M12

G- Sexe du chef de ménage

***

 

 

 

 

 

***

***

***

***

***

***

***

Masculin

réf

 

 

 

 

 

réf

réf

réf

réf

réf

réf

réf

Féminin

2,03***

 

 

 

 

 

2,09***

2,10***

2,06***

2,06***

2,11***

1,98***

1,97***

H- Suivi régulier de la télé

ns

 

 

 

 

 

 

ns

*

*

*

ns

ns

Jamais

réf

 

 

 

 

 

 

réf

réf

réf

réf

réf

réf

Rarement

0,98

 

 

 

 

 

 

0,75

0,7

0,67**

0,68

0,69

0,7

Souvent

1,07

 

 

 

 

 

 

0,62*

0,55**

0,56**

0,57**

0,63**

0,64*

I- Niveau d'instruction

***

 

 

 

 

 

 

 

***

***

***

***

***

Sans niveau

0,05**

 

 

 

 

 

 

 

0,51**

0,07**

0,07**

0,06**

0,06**

Primaire

0,38***

 

 

 

 

 

 

 

0,44***

0,50***

0,49***

0,42***

0,42***

Secondaire ou plus

réf

 

 

 

 

 

 

 

réf

réf

réf

réf

réf

J- Connaissances des méthodes contraceptives

***

 

 

 

 

 

 

 

 

ns

ns

ns

ns

Aucune

0,01

 

 

 

 

 

 

 

 

0

0

0

0

Traditionnelle

0,01

 

 

 

 

 

 

 

 

0

0

0

0

Moderne

réf

 

 

 

 

 

 

 

 

réf

réf

réf

réf

K- Connaissance du cycle ovulatoire

***

 

 

 

 

 

 

 

 

ns

ns

ns

ns

Aucune connaissance

0,26***

 

 

 

 

 

 

 

 

0,53**

0,53**

0,85

0,88

Connaissance douteuse

0,84

 

 

 

 

 

 

 

 

0,53

0,94

0,96

0,96

Bonne connaissance

réf

 

 

 

 

 

 

 

 

réf

réf

réf

réf

Variables et modalités

Effets bruts

Effets nets

A à B

A à C

A à D

A à E

A à F

A à G

A à H

A à I

A à K

A à L

A à M

A à N

M0

M1

M2

M3

M4

M5

M6

M7

M8

M9

M10

M11

M12

L- Etat matrimonial

*

 

 

 

 

 

 

 

 

 

ns

ns

ns

Célibataire

réf

 

 

 

 

 

 

 

 

 

réf

réf

réf

En union

1,44*

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1,16

0,81

0,59

M- Age aux premiers rapports sexuels

ns

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

ns

ns

10 - 15 ans

réf

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

réf

réf

16 ans et plus

1,05

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

0,72

0,74

N- Age au premier mariage

ns

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

ns

11 - 17 ans

réf

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

réf

18 ans et plus

0,67

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

0,56

Khi-deux du modèle

 

56,37***

61,36***

73,90***

74,25***

88,18***

104,23***

107,27***

130,91***

156,16***

156,62***

257,15***

258,72***

*** Significatif au seuil de 1%; ** Significatif au seuil de 5%; * Significatif au seuil de 10%; ns=non significatif; réf = modalité de référence

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus