Dans le cadre de cette étude, nous n'avons pas eu
l'occasion de lire de la documentation portant sur « la
contribution de la gestion prévisionnelle des effectifs et des
compétences d'enseignants à la réduction des taux
d'échec à l'école ». Néanmoins,
certains ouvrages traitant de thèmes proches du notre nous ont
donné un véritable coup de pousse dans nos recherches.
C'est ainsi que nous avons parcouru l'ouvrage `'Management
des organisations - une application à l'éducation» du
professeur Sahou ANY-GBAYERE. Dans ce livre, l'auteur note que la
prévision des ressources humaines dans une unité scolaire est la
première opération par laquelle le manager cerne quantitativement
et surtout qualitativement le profil de travailleur à recruter. Il
précise que c'est une opération d'anticipation et de
définition des besoins. C'est dans ce cadre qu'il écrit que l'un
des aspects de la projection des ressources humaines en milieu scolaire est
l'estimation du nombre d'enseignants et la prévision de leur recrutement
et utilisation à court, moyen et long terme.
Dans ce même ouvrage le professeur ANY-GBAYERE
démontre que si des élèves d'une école
donnée ont des difficultés de réussite, les enseignants
à affecter dans cette école devraient être choisis parmi
les plus expérimentés. Ainsi, le besoin serait ici en rapport
avec une situation donnée.
Dans le volume 28, numéro 3, 2002 de la revue des
sciences de l'éducation, parue au QUEBEC, le professeur Yasmina
BOUCHAMMA a fait une publication sur la relation entre les explications de
l'échec scolaire et quelques caractéristiques d'enseignants des
collèges. Cette étude a examiné les explications que
formulent les enseignants relativement à l'échec scolaire et
vérifié les relations entre ces explications et certaines de
leurs caractéristiques sociodémographiques, socioprofessionnelles
et sociocognitives.
Il a été montré, à partir du
résultat d'un questionnaire répondu par des enseignants, que les
quatre types d'explications de l'échec (étudiant, enseignant,
école et société) varient selon le sexe, le
perfectionnement, la scolarité et le sentiment d'efficacité
professionnelle de l'enseignant. Dans ce même document, le professeur
Yasmina BOUCHAMMA note qu'il semble y avoir un consensus selon lequel un
enseignant plus qualifié aurait tendance à se considérer
plus responsable de l'échec que ne le ferait un enseignant
possédant une moins grande qualification. Dans cette même
publication, l'auteur soutient la thèse d'un certain nombre de
chercheurs québécois qui ont montré que les enseignants
les plus expérimentés, les plus scolarisés et ceux qui ont
un fort sentiment d'efficacité professionnelle se sentent plus
responsables de l'échec des élèves.
Beaucoup d'écrits traitent de l'échec scolaire,
vu de façon générale.
Dans « Enfance et psychopathologie », Daniel
MARCELLI écrit ceci : « on distingue classiquement le retard
scolaire de l'échec, ce dernier terme étant réservé
au retard de plus de deux années. En réalité, le retard
précède toujours l'échec et y aboutit fréquemment
si aucune action préventive n'est mise en place.
L'échec scolaire est différent du
fléchissement scolaire : dans ce dernier cas on note une période
de scolarité satisfaisante avant que les conduites d'échec
n'apparaissent. Dans la majorité des cas le fléchissement
scolaire apparaît réactionnel soit à des difficultés
familiales soit à des conflits actuels propres à l'enfant.
»
Pour Philippe PERRENOUD, c'est le système scolaire
même qui fabrique l'échec scolaire. En effet, dans sa publication
parue dans le numéro 34/4 de la revue « psychologie
française » en 1989 sous le titre « La triple fabrication de
l'échec scolaire », ce professeur de la faculté de
psychologie et des sciences de l'éducation de l'université de
Genève écrit que les différences de tous genres entre
élèves, prises isolément, n'expliquent pas
l'insuccès scolaire. Il explique que la fabrication de l'échec
passe par un triple processus, à savoir :
- primo, il n'y a pas d'échec sans évaluation
car en choisissant ses normes d'excellence et ses niveaux d'exigence à
chaque âge, l'école révèle ou laisse dans l'ombre
certaines inégalités plutôt que d'autres, minimise ou
dramatise certaines différences particulières ;
- secundo, derrière l'évaluation, il ne faut
pas perdre de vue les programmes car en privilégiant certains contenus,
en surchargeant les programmes, en imposant à tous certains
apprentissages à un âge donné, l'école rend
l'échec plus ou moins probable et module l'inégalité
sociale devant l'enseignement ;
- tertio, la fabrication des inégalités
réelles dépend de la qualité de l'enseignement et de
l'organisation de l'école.
Le même Philippe PERRENOUD, dans son ouvrage «
Anatomie de l'excellence scolaire », note que nul ne naît excellent
car pour lui, toute forme d'excellence suppose la maîtrise de savoirs, de
savoir-faire, de techniques spécifiques. Il précise que cette
maîtrise est en général le fruit d'un apprentissage de base
et qu'elle est entretenue et développée au prix d'un travail
constant d'entraînement ou de perfectionnement. Il ajoute qu'une partie
des apprentissages de base qui conduisent à l'excellence s'amorcent dans
une école, parfois de la scolarité obligatoire. Mais aucune
scolarité ne garantit l'excellence. Pour PERRENOUD, l'excellence n'est
donc pas irrémédiablement solitaire. Mais elle se situe en
général au-delà de ce qui peut s'enseigner.