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La gestion des risques dans le secteur agricole( Télécharger le fichier original )par Lahoucine Gouga Université Ibn Zohr d'Agadir - Licence en économie et gestion 2008 |
2.2. Diversification de l'exploitation31La diversification de l'exploitation constitue l'un des plus anciens outils de gestion des risques liés à la production. La diversification constitue un moyen efficace de diminuer la fluctuation du revenu, en ce qu'elle fait appel à différents processus de production. Par exemple, elle peut comporter diverses productions, une combinaison de cultures et d'élevage, des produits variés à la fin d'un même processus de production (comme des produits vendus en différents formats) ou encore différentes variétés de la même culture (par exemple, maïs jaune, maïs blanc ou maïs à haute teneur en protéines). On peut aussi diversifier en s'assurant un revenu d'autres sources, comme occuper un emploi extérieur, notamment dans le cas des plus petites exploitations. Lorsque les maigres recettes d'une exploitation sont compensées par les recettes élevées d'une autre exploitation, la diversification est une réussite. Dans les marchés actuels, la diversification est de plus en plus coûteuse parce que les besoins d'investissements en capitaux augmentent. 2. 3-Transfert des risques au marché de l'assurance :Le principe des systèmes d'assurance consiste à déléguer la gestion des risques à un tiers, en l'occurrence à une société d'assurance. Celle-ci met en commun les primes d'un grand nombre de clients et verse des compensations pour les pertes réalisées. L'assurance est essentiellement l'un des moyens de contrôle du risque pur c'est un mécanisme de transfert contractuel des risques.32 2.3.1-concepts33 2.3.1.1- Aversion au risque et prime On assume que l'exploitant a une attitude d'aversion au risque alors que l'assureur est réputé neutre au risque parce qu'il répartit son risque sur un grand nombre de d'assurés. L'exploitant est donc prêt à payer plus pour se protéger d'un certain risque que l'assureur. C'est cette différence qui permet qu'un marché d'assurance existe. La franchise est la partie des pertes qui ne sont pas remboursables. 31 Guide de gestion des risques agricoles, OP.CIT 32 www.memoireonline.com/12/07/795/m_analyse-et-gestion-des-risques4.html 33 Gestion des risques-Perspectives pour l'agriculture wallonne, OP.CIT La prime est le prix de la couverture du risque. Au minimum, la prime est le produit de la probabilité d'un aléa multipliée par la perte causée par cet aléa plus les frais de l'assureur. 2.3.1.2- Aléa moral L'aléa moral est la mesure dans laquelle l'assuré peut cacher des actions d'autoprotection à l'assureur. Plus l'aléa moral est élevé, plus l'assuré sera tenté de modifier son comportement par rapport à une situation sans assurance et plus le coût de contrôle/vérification sera élevé. Par exemple, si l'assuré est couvert contre les risques de ravageurs sur une culture, il pourrait mettre moins de produits phytosanitaires (autoprotection) que s'il n'était pas couvert. 2.3.1.3- Indépendance des risques On dit que plus le risque est systémique, plus la probabilité qu'un grand nombre d'assurés soient atteints en même temps est élevée (dépendance des risques). Il s'agit essentiellement d'un problème financier : si une proportion élevée des assurés réclame leur indemnisation, l'assureur peut se trouver dans l'incapacité de faire face aux paiements (en général : se trouver en déficit). 2.3.1.4- Auto-sélection Si l'assurance se fait sur base volontaire, pour une méme prime il est plus probable que l'assurance attire une personne à haut risque plutôt qu'une personne à bas risque. C'est l'auto-sélection (parfois appelée anti-sélection). Même si l'assureur connaît ces risques, il faudrait aussi qu'il soit capable de distinguer les deux types de personnes lorsqu'elles souscrivent un contrat d'assurance. 2.3.2- Quelques contrats d'assurances en agriculture 2.3.2.1- Assurance récolte - assurance rendement L'assurance récolte est la plus courante en agriculture ; les modalités d'application sont multiples. On peut distinguer : - Les assurances contre un seul risque (grêle), les assurances multirisques (tous les aléas climatiques) et les assurances tous risques (rendement en général). - Les assurances par produit (ou par culture) des assurances sur l'exploitation entière (les pertes enregistrées sur une activité pouvant être compensées par les gains enregistrés pour une autre activité). - La quantité couverte (une seule parcelle ou une culture entière). - Le niveau de franchise... Le principe de ces assurances est généralement que suite à un déclencheur observable par un tiers (aléa), les pertes sur la récolte (donc futures au moment de l'aléa) sont évaluées par l'assureur. L'exploitant est indemnisé à un certain prix contractuel, soit la moyenne obtenue antérieurement, soit un prix accordé (fixé par l'une des deux parties), soit une référence (liée par exemple à des marchés). 2.3.2.2- Assurance prix Le risque prix va probablement augmenter dans les années à venir suite à l'ouverture des frontières et l'abandon de l'intervention. Etant donné que le risque rendement n'augmente pas, les politiques publiques en matière de gestion des risques devraient se concentrer en priorité sur le risque prix. Il est possible de montrer que dans l'exemple de la pomme de terre, production non régulée, la variabilité du prix est le principal facteur explicatif de la variabilité de la recette. 2.3.2.3- Assurance revenu Etant donnée la corrélation négative entre prix et rendements, il semble peu utile d'assurer l'un ou l'autre alors que l'objectif final est la stabilisation des revenus. Néanmoins, on a vu que les assurances étaient peu adaptées à la gestion du risque prix. Ceci va se répercuter sur l'assurance revenu et va sans doute être amplifié par la difficulté de vérification du sinistre en rendement. 2.3.2.4- Fonds de mutualisation Le principe d'un fonds volontaire de mutualisation est que des agriculteurs se regroupent afin de s'assurer entre eux, c'est-à-dire l'ensemble du groupe indemnise (intégralement ou à concurrence d'un certain montant) un de ses membres lorsque celui-ci subit un aléa. Il peut y avoir un grand nombre de fonds de mutualisation afin de couvrir l'ensemble de la population d'agriculteurs. Un fonds institutionnel peut être vu comme un système d'assurance obligatoire dont la gestion est à charge des pouvoirs publics.
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