2-Méthodes de couverture contre les risques 29:
La gestion des risques agricoles est d'abord de la
responsabilité de l'entreprise agricole. L'objectif de la gestion du
risque consiste à modifier le niveau d'exposition au risque de
l'entreprise afin de le porter à un niveau acceptable. La gestion du
risque consiste souvent à réduire le niveau de risque car les
fonds propres de l'entreprise ne permettent pas de supporter les pertes
potentielles et aléatoires liées à son activité et
à son environnement.
La toute première méthode de gestion du risque
est de disposer de réserves financières et de capacité
d'emprunt afin d'absorber de mauvais résultats économiques
annuels. La capacité d'emprunt dépend du taux d'endettement de
l'entreprise, c'est-à-dire le rapport entre l'endettement courant et les
capitaux propres. Les réserves financières correspondent au
capital social de l'entreprise et aux réserves accumulées. Les
agriculteurs parlent parfois de la récolte d'avance. Cependant
l'intensité capitalistique de la fonction de production limite la
capacité normale des agriculteurs à créer ou à
maintenir un niveau adéquat de réserves financières.
L'État peut cependant favoriser la création d'une épargne
de précaution par des formes incitatrices de défiscalisation des
résultats annuels de l'entreprise.
La seconde méthode de gestion du risque consiste
à le diversifier. Il s'agit d'organiser un portefeuille
d'activités ou de procédures qui permettent des compensations de
pertes et de bénéfices. Le dicton populaire « ne pas mettre
tous ses oeufs dans le méme panier » illustre parfaitement la
méthode de diversification. Concrètement, l'entreprise agricole
peut-elle diversifier ses productions afin d'éviter le cumul des risques
climatiques,
29Note d'études économiques, n°30,
mars 2008, pp. 33-71
sanitaires et de marché ? Si l'entreprise ne peut se
diversifier mais au contraire se spécialise pour réduire ses
coûts de production, elle peut rechercher une diversification commerciale
afin de gérer le risque de marché. Elle répartit ainsi ses
ventes dans le temps afin d'obtenir une valeur moyenne de marché. Les
productions agricoles non saisonnières, comme le porc ou le lait,
permettent naturellement d'obtenir un prix moyen de marché. Les contrats
à terme permettent également de diversifier les ventes pour les
produits saisonniers comme les céréales ou les
oléagineux.
Enfin, la troisième méthode de gestion du risque
consiste à le vendre à un tiers. Cette cession du risque contre
paiement d'une prime se réalise traditionnellement sur le marché
financier à l'aide d'options de vente et d'achat et auprès de
sociétés d'assurance spécialisées sur le risque
concerné. L'ensemble constitué du marché financier et du
marché de l'assurance s'appelle le marché du risque.
L'efficacité de ce marché apparaît historiquement
indispensable au développement économique.
2.1. Les provisions comptables30
Pour lutter contre les risques financiers croissants, il
semble nécessaire d'améliorer la gestion financière des
exploitations. Ces dernières années, l'importance croissante des
capitaux empruntés parmi l'ensemble des capitaux, amène des
risques croissants de surendettement et de défaillance des exploitations
agricoles.
Pour encourager la constitution de provisions et, d'une
façon plus générale, une meilleure gestion des risques
financiers, quatre solutions sont à envisager.
La première solution serait d'améliorer les
compétences en gestion des agriculteurs, en privilégiant les
formations dans le domaine de la gestion.
La deuxième solution serait de prévenir les
risques et détecter des entreprises à risque. La
réalisation d'audits financiers pour les entreprises qui les souhaitent
pourrait permettre de détecter les situations problématiques
avant que des problèmes sérieux n'interviennent.
Ces audits seraient semblables à ceux
réalisés par les banques pour juger de la rentabilité ou
non d'un plan d'investissement. Deux autres solutions consistent à
mettre en place des provisions pour investissement et des provisions pour
aléas. Ces solutions sont précisées ci-dessous.
30Gestion des risques-Perspectives pour l'agriculture
wallonne, OP.CIT.
a. Les provisions pour investissement
Les systèmes de provision sont très souvent
cités comme un élément efficace de gestion individuelle
des risques. Le principal avantage de ce type de système est qu'il
à un coût négligeable voir nul.
La condition d'investissement signifie que la PME doit
investir un montant égal à la réserve d'investissement en
nouvelles immobilisations corporelles et incorporelles amortissables. La
réserve ne peut donc pas servir à financer des investissements
non amortissables.
b. La déduction pour aléa
Cette déduction incite à la constitution d'une
épargne de précaution défiscalisée afin d'aider les
exploitants agricoles à faire face à des investissements futurs
mais aussi à des aléas d'ordre climatiques, sanitaires,
économiques et familiaux affectant la conduite de l'exploitation.
Le principe est le suivant. Un agriculteur constitue une
provision sur un compte prévu à cet effet. Cette provision est
alors déduite de ses revenus pour l'exercice au cours duquel elle a
été constituée. Suite à la survenance d'un
aléa, l'agriculteur peut retirer la
somme contenue sur le compte. Cette somme sera alors
ajoutée aux revenus de l'année oül'aléa
est intervenu.
En cas de survenance d'un aléa, l'utilisation des
sommes épargnées est libre. L'utilisation pourra aussi bien
être affectée dans l'intérêt de l'exploitation que
pour les besoins d'ordre privé de l'exploitant et de sa famille. En cas
d'aléa, la déduction pratiquée est rapportée au
résultat de l'exercice au cours duquel le retrait est intervenu. La
provision constituée est valable pour cinq ans. Au bout de cinq ans, si
la provision n'a pas été utilisée, elle est
réintégrée aux résultats du cinquième
exercice suivant celui où elle a été pratiquée.
Les aléas auxquels la déduction permet de faire
face sont d'ordre :
· Climatique (gel, sécheresse, inondations),
· Économique (fluctuation des prix,
réglementation des marchés, etc.),
· Sanitaire (épizooties, maladies
végétales),
· Familial (événements affectant la conduite
de l'entreprise
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