CONCLUSION GENERALE :
Au terme de ce modeste travail qui nous a permis de faire le
point sur la situation de la gestion des risques obligataires tant au niveau
national qu'au niveau international, nous ne pouvons que constater que
l'environnement financier évolue à un rythme difficile à
cerner et à suivre, notamment les marchés qui eux, sont
marqués depuis ces dernières années, la fin des
années 80 au Maroc, par une forte déréglementation et une
tendance à la globalisation, comme en témoigne le 1er
salon des « Fonds d'Investissements au Maghreb » tenu
à Casablanca le 12 janvier 2010.
Le gérant obligataire est astreint, tant pour des
raisons financières et économiques que pour des raisons
juridiques, à suivre de près cette évolution qui se
traduit par l'émergence de nouveaux produits financiers, l'apparition de
nouvelles méthodes de gestion et le changement de la
réglementation en vigueur.
Dans les fonds d'investissement et les grandes banques, la
gestion de portefeuille prend la forme d'un processus décisionnel qui
commence, dans le respect strict des directives et circulaires de BAM, par la
fixation des objectifs, se poursuit par le choix de la stratégie la plus
adaptée, et se termine par un certain nombre de choix tactiques. Le
contrôle doit s'effectuer en permanence afin de rester toujours en
conformité avec les prescriptions de BAM, et d'apporter les
modifications et rectifications nécessaires à l'atteinte des
objectifs assignés par la hiérarchie.
Ainsi, une fois les concepts théorique
maitrisés, il convient de les mettre en pratique, tout en veillant
à les adapter au contexte dans lequel ils s'appliquent. En effet, les
obligations émises sur le marché financier marocain sont peu
liquides et se négocient le plus souvent de gré à
gré. Le dynamisme du trésor sur ce marché n'y apporte pas
vraiment une solution dans la mesure où ces valeurs sont prisées
et ne se négocient que très rarement. Concernant le marché
des obligations Corporate, il reste réservé à de gros
émetteurs du secteur public principalement, mais également les
grandes entreprises privées, comme celles que vous trouverez dans
l'annexe comportant le portefeuille obligations Corporate de Mediafinance.
L'étude de l'exemple que nous avons pris nous permet
d'affirmer qu'une gestion des risques obligataires ne serait réussie que
si celui qui la pratique est en mesure de comprendre l'organisation et le
fonctionnement des marchés où il est susceptible de prendre
position, d'analyser les actifs financiers obligataires (leurs
caractéristiques, les déterminants de leur valeur et les facteurs
de risques associés) et de maitriser tout son processus.
Nous avons, par ailleurs, constaté que l'application
d'une gestion de portefeuille obligataire se trouve limitée par les
caractéristiques du marché financier marocain. Dans ce contexte,
la politique des banques consiste souvent en l'achat de titres en vue de les
garder jusqu'à échéance (c'est le buy and hold). Leur
rôle s'apparente plus à l'administration des titres qu'a la
gestion, et la rentabilité de leurs portefeuilles se trouve
limitée au rendement courant.
Ainsi, l'optimisation de la gestion des risques obligataires
conduit le gérant à chercher une structure permettant d'atteindre
le meilleur rendement possible pour le niveau de risque fixé par la
hiérarchie, ou inversement, de prendre le minimum de risque possible
pour la réalisation de la performance visée.
Concernant les techniques de couverture des risques
obligataires, elles sont quasi-inexistantes ! Nous ne en avons entendu
parler à aucun moment lors de l'étude du cas pratique, si l'on
exclu un semblant de référence à l'assurance de
portefeuille qui serait appliquée par Mediafinance. Mais cela reste
à prouver !
Notons que le marché des options reste embryonnaire. La
« BMCE Capital » a été la première
banque au Maroc à lancer les options sur actions
destinées uniquement aux résidents marocains (l'Economiste,
Édition N° 2476 du 02/03/2007). Jusqu'à ce jour, ce produit
n'a pas été étendu aux obligations.
Tout cela nous amène à dire que la gestion des
risques obligataires est un domaine encore
« ésotérique » au Maroc. Beaucoup d'efforts
restent à faire tant au niveau conceptuel qu'au niveau pragmatique. De
ce fait, on est en droit de se poser certaines questions de types :
- Quelles sont les nouvelles méthodes de gestion
obligataires susceptibles de contribuer au développement du
marché financier marocain?
- Quel serait l'apport de l'utilisation des instruments de
couverture contre les risques de marché dans le contexte marocain ?
- Ne faut-il pas mettre en place une politique plus
volontariste visant à inciter les entreprises privées à
recourir au financement par le marché ;
- Ne serait-il pas judicieux d'organiser des séances de
vulgarisation et d'information sur le marché de la dette privée
afin de créer un climat de confiance entre entreprises et ménages
(épargnants en général) ;
- le Trésor ne devrait-il pas faire un effort dans le
sens de coordonner le calendrier des émissions de titres publics avec
ceux des entreprises privées afin d'éviter l'effet
d'éviction ;...
La volonté de trouver réponse à ces
questions doit être multilatérale : les entreprises doivent
être imprégnées d'un esprit de communication
institutionnelle et opter pour une introduction massive en bourse ; de
leur coté, les banques doivent mettre en place une organisation efficace
pour conseiller et accompagner aussi bien les entreprises que les
ménages, et pour gérer les actifs (pour propre compte ou pour le
compte de tiers). Quant à l'Etat, il doit jouer pleinement son
rôle de garant de la solidité du système financier pour
effacer les dernières réticences des particuliers à
investir leur épargne dans les obligations Corporate.
ANNEXE : titres de créances
privés TCN
OBL : obligations
BSF : bons des sociétés de financement
CD : certificats de dépôt
Ces titres sont gérés de la
même manière que les BTN : même courbe des taux,
mêmes indicateurs de gestion,...
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