Remarques et recommandations :
À l'issue de l'analyse que nous avons effectué
sur le portefeuille détenu par MEDIAFINANCE et que nous avons
complété par une discussion avec monsieur le responsable du
contrôle interne, nous pouvons avancer les remarques et recommandations
suivantes :
* MEDIAFINANCE calcule la duration et la sensibilité
pour ses différents portefeuilles. Cependant, l'usage qui en est fait
est discutable. En effet, si ces indicateurs sont pris en considération
pour les décisions concernant les portefeuilles investissement et
placement, il n'en est pas de même pour le portefeuille
spéculation. Ce qui entraîne nécessairement un manque
à gagner pour la banque sachant que la période au-delà de
la duration correspond à une immobilisation d'argent non
rentabilisée. Il serait donc plus judicieux de tenir compte de ces
paramètres même dans la gestion de ce portefeuille pour une
optimisation de la rentabilité du portefeuille ;
* À l'instar des autres banques, MEDIAFINANCE ne s'est
pas encore conformée aux recommandations de Balle II, prévue pour
2013 ; ce qui peut être un facteur d'aggravation des risques
encourus par la structure dans la mesure où la gestion des risques
serait encore imparfaite ou incomplète ;
* Il serait préférable de faire un
« stress test » basé sur une simulation dynamique.
Ce stress test devrait être basé sur hypothèse plus
détaillées de l'évolution future des taux en prenant en
considération les différentes sources de risques de taux. Ces
hypothèses qui sont relative aussi aux évolutions
éventuelles du portefeuille doivent inclure non seulement les encours
(l'ancienne production nouvelle) mais également les futures productions
nouvelles, l'écoulement de stock (clauses optionnelles...) ;
* Il faudrait établir un système de limites de
risques sous forme d'indicateurs de risques de taux. Ces indicateurs seraient
exprimés en position nominale ou, pour que le système de limites
soit plus opérationnel, en perte maximale ;
* Il serait plus intéressant de mettre en place un
indicateur synthétique, de type VAR, pour une meilleure gestion des
risques obligataires. La vision des dirigeants n'en serait que plus claire et
la prise de décisions plus facile, plus rapide et plus
efficace ;
* Il faudrait mettre en place une gestion active du
portefeuille car même si la détention des obligations
jusqu'à leur échéance garantie à
l'établissement la perception des revenus prévus, elle ne
protège pas contre des variations extrêmes des taux comme
démontré dans le stress test à moins 200 pb.
On constate donc un certain décalage entre la gestion
de portefeuille telle que pratiquée au niveau international et la
pratique de la gestion de portefeuille au sein des établissements
financiers marocain. Cela peut se comprendre dans la mesure où cette
pratique est relativement récente au Maroc, d'une part ; et le
marché des capitaux marocain est peu risqué comme on a pu s'en
rendre compte lors de la dernière crise financière mondiale,
d'autre part.
N'empêche que les autorités marocaines
n'entendent pas en rester à ce niveau et que les établissements
financiers sont plus prudents et utilisent un nombre d'indicateurs
supérieur à celui exigé par BAM.
Par ailleurs, BAM introduira incessamment le calcul de la VAR
dans la panoplie des instruments de gestion des risques obligataires au Maroc.
Toutefois, nous pensons que l'obstacle qui pourrait se mettre de travers de
cette initiative est le nombre très important de données
historiques sur lesquelles se base le calcul de la VAR, soit au moins 5.000
observations. Ce qui revient à dire qu'il faut être en possession
de données sur les prix des obligations en circulation sur le
marché obligataire concernant plusieurs années ( 5000/250 soit
environ 20 ans !!).
Ces données seraient plus faciles à collecter
pour les actions. Certainement que BAM introduira d'abord l'obligation
d'utiliser ce paramètre très performant et largement utiliser au
niveau mondial (USA, Europe,...) depuis 1993, pour la gestion des risques au
sein des portefeuilles actions. Les obligations suivront peut être avec
un léger retard. Mais, c'est juste mon intuition tout ça !
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