Section 2 : gestion des risques obligataires chez
MEDIAFINANCE
MEDIAFINANCE, en tant que banque de gestion d'actif,
gère, entre autre, des portefeuilles obligataires en veillant à
optimiser le rapport rendement/risque. Pour cela, les responsables suivent
scrupuleusement les directives de BAM en matière de mesure, de
prévention et de couverture des risques. Parallèlement, et
conformément aux objectifs stratégiques fixés par la
hiérarchie, ils ont mis en place d'autres instruments tels que le delta,
le calcul des plus ou moins values sur titres et sur portefeuille et les stress
tests. En même temps, il faut signaler que les gestionnaires de cette
banque se préparent depuis 2006 à l'introduction par BAM de la
mesure des risques par le moyen de la VAR.
Ainsi, dans ce qui suit, nous allons prendre deux
portefeuilles obligataires fictifs : le premier constitué de BTN et
le deuxième d'obligations privées. Cependant, puisque la
méthode de calcul préconisée par BAM est la même,
nous limiterons notre travail à l'étude du portefeuille des bons
de trésors (BTN). Nous lui appliquerons les techniques de gestion telles
que pratiquées par les responsables de MEDIAFINANCE. Vous trouverez le
portefeuille des obligations émises par le secteur privé en
annexe, à titre d'information.
A noter que tous les calculs se feront au 31/12/2010 et qu'ils
sont automatisés grâce à une application Excel
développée en interne.
De ce fait, le classeur Excel contenant le portefeuille objet
de cette étude contient les feuilles suivantes :
* la courbe des taux de BAM au 31/12/2010 :
* la composition du portefeuille de BTN au
31/12/2010 :
* calcul du taux de valorisation et évaluation des
BTN au 31/12/2010 :
Pour les maturités pleines, les calculs se font
directement en fonction du taux fourni par la courbe des taux de BAM.
Pour les autres cas, on calcule un nouveau taux par
interpolation linéaire, en utilisant les trois dernières colonnes
du tableau ci-dessus. Ce calcul est automatisé dans l'application
Excel.
* calcul de la duration et de la
sensibilité :
Ces calculs se font directement sous Excel par les
fonctions : DUREE pour la duration ; et DUREE.MODIFIEE pour la
sensibilité.
Les résultats obtenus se présentent comme
suit :
Dans la gestion des risques obligataires chez MEDIAFINANCE, la
hiérarchie fixe des limites de duration et de sensibilité aussi
bien pour chaque ligne que pour le portefeuille entier. De ce fait, lorsque la
duration ou la sensibilité d'un titre dépasse la limite impartie,
le gérant de portefeuille doit liquider la position
considérée ainsi comme compromise ou dépassant le risque
accepté par la banque.
Si par exemple, la limite fixée est : D 4, les
cinq derniers titres (200 308, 200 549, 200 563, 200 578,
200 575) doivent être cédés et le portefeuille doit
être recomposé.
Si le portefeuille entier ne doit pas avoir une duration
supérieure à 2,5 par exemple, le gérant doit liquider les
positions qui ont une duration élevée jusqu'à passer en
dessous de la limite impartie.
Le même raisonnement pour la sensibilité.
Chez MEDIAFINANCE, le calcul des deux paramètres
imposés par la BAM, la duration et la sensibilité, est
complété par le calcul du Delta, des plus ou moins values et par
des stress tests.
Ø le delta : il donne la même indication de
risque que la sensibilité, sauf que la sensibilité est en
pourcentage alors que le Delta est en dirhams. Il se calcule selon la formule
suivante :
Les résultats obtenus se présentent
ainsi :
Ainsi, pour une sensibilité de 0,3524%, la banque
risque de perdre 1.508.476,51 Dhs sur l'ensemble des titres 200 777
détenus dans son portefeuille BTN.
Le montant global investi dans ce titre est égale
à 428.000.000 Dhs ; ce qui équivaut bien à un risque
de perte de 0,3524% de la valeur du portefeuille.
Ø Les plus ou moins values : la gestion des
risques au niveau de MEDIAFINANCE se fait également en calculant les
plus ou moins values sur chaque titre et en fixant des limites à ne pas
dépasser par ligne et par portefeuille. Cette plus ou moins value est
obtenue en faisant la différence entre la valeur réelle du titre
et sa valeur comptable. Chaque fois que la perte probable dépasse le
seuil fixé, la position doit être liquidée par le
gérant du portefeuille.
Les plus ou moins values calculées sur le portefeuille
étudié ici ainsi que les provisions correspondantes sont
données par le tableau suivant :
On constate que la moins value sur le titre 200 787
représente environ 6,5% de la valeur investie dans ce titre. Ce qui est
trop élevé. Le gérant, s'il a par exemple une limite de
moins value maximale de 5%, devra liquider cette position. Ce qui
ramènera sa moins value globale de 82.871.893 Dhs à 22.929.428
Dhs.
Ø Les stress tests : ce sont des « tests
de résistance bancaire ». Cette démarche s'inscrit dans
le cadre d'une approche macro-prudentielle qui cherche notamment à
quantifier les effets de chocs sur le système bancaire par
l'intermédiaire de « stress tests ». Ceux-ci correspondent
à des chocs de grande ampleur, tout à la fois vraisemblables mais
peu fréquents : récession, déviation importante du taux de
change, choc pétrolier, forte baisse des cours boursiers... Dans cet
objectif, on simule des variations importantes de la courbe des taux et on
analyse l'impact de cette variation sur la valeur du portefeuille détenu
par la banque.
Ce calcul se fait aisément grâce à
Excel : dans une feuille de calcul qui est une copie de celle qui a servie
aux calculs précédents, utilisant les taux de la courbe des taux
fournie par BAM, nous faisons juste modifier les taux de la colonne
« taux au 31/12/2010 » dans le premier tableau ; par
exemple, on simule une augmentation des taux de 20 points de base, 50 pb, 100
pb, ... et parallèlement une diminution de ces taux dans les mêmes
proportions. On obtient directement et instantanément les
résultats possibles. On a alors une idée sur l'évolution
probable de la valeur du portefeuille dans des cas extrêmes. Les
décisions sont alors élaborées à l'avance sur la
base des scénarii simulés. La banque ne sera pas par
conséquent prise au dépourvu. Tout est calculé par
avance !
B.A.M préconise de simuler une variation
parallèle des taux de #177; 200 pb de la courbe des taux. Les
résultats obtenus sont consignés dans les tableaux
suivants :
* cas N°1 : augmentation des taux de 200 pb
- la courbe des taux :
- la valorisation du portefeuille :
- les indicateurs de gestion :
On constate donc que pour une augmentation des taux de 200 pb,
la duration et la sensibilité du portefeuille s'améliorent mais
la valeur du portefeuille se dégrade fortement et entraîne la
constatation de provisions conséquentes.
* cas N°2 : baisse des taux de 200 pb
- la courbe des taux :
- la valorisation du portefeuille :
- les indicateurs de gestion :
On constate que lorsque les taux ont baissé
de 200 pb, tous les indicateurs se sont détériorés par
rapport à la situation de base.
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