MARCHE OBLIGATAIRE MAROCAIN
ET CADRE D'ANALYSE
CAS DE LA BANQUE D'AFFAIRES : MEDIAFINANCE.
Dans un environnement économique, monétaire et
financier complexe et globalisé, marqué par une intensification
de l'incertitude relative aux conséquences des décisions de
gestion des risques financiers, Bank Al-Maghrib a mis en place une
réglementation assez stricte que tous les établissements
financiers doivent suivre scrupuleusement. En effet, un cadre d'analyse
multicritère et normalisé tend à évaluer
systématiquement l'impact des variations de taux d'intérêt
sur les titres financiers détenus par les institutions
financières. Parallèlement, les établissements financiers
font recours à des méthodes et outils de la gestion des risques
de taux d'intérêt assez élaborés afin de s'adapter
en permanence à l'évolution des marchés financiers et
pouvoir faire leurs propres projections dans le but d'anticiper
d'éventuels retournements de tendance.
L'étude du marché obligataire marocain nous
interpelle et nous pousse à nous poser certaines questions :
- Comment fonctionne le marché obligataire et quels
sont les acteurs contribuant au dynamisme de ce marché ?
- Quels sont les outils d'analyse des risques des obligations
?
- Quelles sont les caractéristiques du marché
obligataire marocain ?
- Comment les établissements financiers mettent-ils en
application les stratégies de gestion obligataire ?
- ...
Les réponses à ces questions et à bien
d'autres vont nous guider dans la structuration de cette deuxième
partie. Pour cela, nous avons adopté une méthodologie descriptive
et analytique. Ainsi, cette partie consacrée à l'étude du
cas marocain sera étoffée par deux chapitres : le premier
passera en revue les différents aspects réglementaires de la
gestion obligataire mis en place par BAM ; le deuxième nous
permettra de voir comment s'effectue cette gestion des risques obligataires
dans la pratique à travers l'étude du cas de MEDIAFINANCE.
CHAPITRE 1 : L'ENVIRONNEMENT DE LA GESTION
OBLIGATAIRE
AU MAROC
Le marché obligataire marocain a connu un essor
important ces dernières années. En effet, depuis le lancement des
privatisations en 1993, le Maroc a connu un développement progressif de
la culture des marchés de capitaux et de finance des marchés.
Ainsi, le système financier a ainsi connu, depuis 1993, une série
de réformes visant un meilleur financement de l'économie par la
promotion accrue de l'épargne, l'affectation optimale des ressources par
les mécanismes de marché et le développement de
financement alternatif au crédit bancaire.
La réforme du marché financier en 1995, et plus
spécialement du marché obligataire, viendra compléter ce
dispositif afin de donner plus d'opportunités pour le placement de
l'emprunt en faveur aussi bien des entreprises et de l'Etat que des petits
épargnants. L'accent a été mis sur le développement
de produits répondant aux besoins des deux principaux agents
économiques collecteurs d'épargne : l'Etat et les entreprises, en
l'occurrence, les obligations.
La gestion collective de l'épargne a connu, une
expansion tant quantitative que qualitative à partir de 1996. Des
techniques de la gestion de portefeuille furent de ce fait,
développées et adaptées aux spécificités du
marché marocain.
Durant la période 1997-2002, le marché
obligataire marocain a connu de grands changements suite à
l'approfondissement de la réforme par une dynamisation accrue du
marché boursier et par le renforcement de sa supervision. Par ailleurs,
2003 a été marquée par la poursuite de la modernisation du
marché financier et renforcement de la sécurité, de
l'intégrité et de la transparence du marché.
Ainsi, le volume de ses opérations a augmenté
passant pour la période 2005 à 2009, de 760,20 M Dhs à
6.781,45 M Dhs pour le marché central ; de 11,74 M Dhs à
10.401,86 M Dhs pour le marché de blocs et de 3560,35 M Dhs à
2963,00 M Dhs pour les introductions. Le devenir de ce marché s'annonce
ainsi sous de bons auspices. Cependant, les opérateurs financiers
doivent encore doubler d'effort. Il faut non seulement maîtriser les
techniques de gestion obligataire, mais aussi les adapter aux
spécificités du marché marocain. De plus, il faut
être suffisamment préparé en termes de structures internes,
moyens humains, logistiques, informatiques et organisationnels, pour
développer les métiers de la finance directe et ce aussi bien au
niveau de l'offre qu'à celui de la demande.
Durant l'année 2009, la Bourse de Casablanca a
entamé un vaste projet de refonte de la plateforme matérielle du
nouveau système de cotation (NSC). Dans ce sens, la Bourse de Casablanca
a mis en place une plateforme dédiée, permettant une
automatisation complète de toutes les opérations de cotation
d'obligations depuis la déclaration jusqu'à la
génération de la transaction avec affectation d'un numéro
de contrat. Cette opération réduit ainsi les risques d'erreur et
optimise la gestion du marché obligataire marocain.
Section 1 : Marché obligataire au
Maroc :
Plus qu'un simple marché de capitaux, le marché
obligataire occupe dans les économies développées une
position centrale dans la mesure où il est appelé à
remplir plusieurs fonctions économiques prépondérantes. En
effet, il constitue :
- Un circuit de financement de l'économie
nationale ;
- Un instrument organisant la liquidité de
l'épargne investie à long terme.
Au Maroc, Les principaux compartiments des marchés des
capitaux sont les suivants :
1- La structure du marché obligataire au
Maroc :
Le marché obligataire marocain se compose de deux
compartiments :
- Le premier est sur lequel l'Etat émet des obligations
publiques (Bons de Trésor Négociables, BTN) qui procurent
à leurs souscripteurs des coupons d'intérêts annuels ou
semestriels ;
* Marché primaire des
BTN : Le Trésor marocain a opté pour des
adjudications qui se font selon la technique dite "à la hollandaise".
L'adjudication est faite par appel d'offre lancé par le Trésor
pour lever des capitaux. Les montants retenus sont
rémunérés aux taux conclus entre les soumissionnaires et
le trésor. Ainsi lors d'une séance d'adjudication, plusieurs taux
peuvent être accordés pour une même maturité. Le
Trésor peut, si les taux lui paraissent excessifs, renoncer en tout ou
en partie de l'adjudication. Le Trésor peut émettre sur des
lignes déjà émises. En outre, il a mis en place la
Technique de l'assimilation en décembre 1997.
Évolution des levées sur le marché
primaire (en Md USD) :
Source :
CDVM
* Marché secondaire des
BTN : Le marché secondaire présente
plusieurs avantages. En l'occurrence, il s'agit d'un marché de
gré à gré où l'acheteur et le vendeur
négocient directement les transactions. Il y a aussi possibilité
de placer des liquidités le jour de sa disponibilité sans
attendre les émissions primaires. En plus, il y a la possibilité
de bénéficier d'une baisse future des taux en achetant sur le
marché secondaire des maturités longues. Finalement, il existe
un avantage de bénéficier d'une hausse future des taux par la
vente des titres moyen long terme et leur remplacement par des BTN court
terme.
Évolution des volumes traités sur le
Marché secondaire
(Moyenne mensuelle en Md USD)
Source : CDVM
- Le deuxième compartiment est ouvert au secteur
privé pour y émettre des titres obligataires dont les
caractéristiques sont communes à celles des obligations de l'Etat
à l'exception du risque encouru.
Au cours de l'année 2009, le groupe Attijariwafa Bank a
été le principal émetteur sur le marché, à
travers 2 opérations sur les 7 réalisées. Attijariwafa
Bank représente près de 24,5% du total des fonds levés
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