CONCEPTS DE BASE DE LA GESTION
DES RISQUES OBLIGATAIRES
L'objet de cette première partie est d'étudier
les soubassements théoriques de la gestion des risques obligataires
telle que pratiquée au niveau international. En effet, ce qui se passe
à l'autre bout du monde se répercute inévitablement,
directement ou indirectement, sur les conditions de fonctionnement du
marché financier national.
Dans ce sens, nous procéderons tout
d'abord à un nivelage en présentant un aperçu sur
l'environnement obligataire en général, qu'il s'agisse des
différents risques auxquels sont exposés les obligations,
l'organisation de cette gestion obligataire ou les différents
indicateurs de cette gestion.
Nous examinerons, par la suite, dans un choix
délibéré, mais influencé par l'importance
particulière accordée par la littérature financière
à cet outil de gestion obligataire, la Value at Risque, la VAR, comme
instrument privilégié de mesure des risques obligataires ;
sans omettre de parler des limites dont souffre cet instrument.
Pour clore cette partie, nous passerons en revue certaines des
techniques de couverture des risques obligataires dans le cadre d'une gestion
objective des risques de valeur des obligations, étant donné que
la valeur des obligations est indirectement corrélée à
l'évolution des taux d'intérêt. Ce qui nous amènera
à parler de la couverture par les contrats à terme et par les
options.
CHAPITRE PRELIMINAIRE : L'ENVIRONNEMENT DE LA
GESTION
OBLIGATAIRE
En priorité, la gestion de portefeuille obligataire
requiert une connaissance, une évaluation et une bonne gestion des
risques. Puis, à la marge, un gérant de portefeuille actif pourra
essayer d'utiliser ses compétences spécifiques dans certains
domaines ou des inefficiences temporaires de marché pour
améliorer la performance de sa gestion. Là encore, il convient
d'opérer en connaissance des risques pris et en utilisant au mieux la
panoplie d'instruments mis à disposition sur les marchés.
Dans tous les cas, avant d'investir dans un titre obligataire,
il est nécessaire de s'informer sur ses caractéristiques afin de
bien identifier le rendement et les risques liés. Ces
éléments sont précisés pour chaque émission
dans le prospectus destiné à informer le public, à savoir
: la valeur nominale, le prix d'émission, le prix de remboursement, le
taux nominal, le coupon, la date d'échéance, la maturité
et le mode de remboursement (ou d'amortissement).
En effet, gérer un portefeuille ne s'arrête pas
à la simple prise de décision d'achat ou de vente. Il faut
à tout instant s'assurer de la pertinence du choix de l'investissement
en obligations dans la mesure où les obligations constituent un bon
moyen de diversifier un portefeuille et constituent un placement
complémentaire à d'autres classes d'actifs pour plusieurs raisons
: prévisibilité des rendements, transparence et suivi du risque
de crédit (par le rating), grande diversité de titres
adaptés à des stratégies variées,...
De ce fait, il n'y a pas de gestion rigoureuse sans
organisation ni contrôle. Ce qui suppose que le gérant dispose
d'une panoplie d'indicateurs de gestion obligataire fiables et une parfaite
maîtrise du couple risque/rendement.
Section 1 : Organisation de la gestion d'un
portefeuille obligataire
L'organisation d'une activité de gestion de
portefeuille caractérisée par un haut niveau de professionnalisme
repose tout d'abord sur l'identification d'un processus complet de prise de
décision. Il ne suffit pas de se limiter à choisir les meilleurs
décideurs. Il faut, au-delà des individualités, organiser
des procédures de prise de décision et une répartition des
rôles qui aboutissent aux meilleurs choix.
1- Le processus de prise de décision :
Le processus de prise de décision d'investissement en
bourse se compose de plusieurs étapes qu'on peut schématiser
ainsi :
Figure 1: Processus de prise de décision dans le
cadre d'un investissement en bourse
D'après ce schéma, tout investissement en bourse
suit une logique bien établie :
· la fixation des
objectifs : il s'agit de la détermination de l'horizon
d'investissement et la fixation du degré d'aversion au risque.
Le facteur temps est un élément
déterminant pour un investissement en bourse. C'est la colonne
vertébrale d'une stratégie de sécurisation ou
d'immunisation du capital à investir en bourse. Un investisseur pourra
répartir son portefeuille entre le court, moyen et le long terme, comme
il pourra opter pour un seul horizon d'investissement pour l'ensemble de son
portefeuille.
L'investisseur devra aussi déterminer un niveau du
risque à partir duquel il rectifiera sa décision. Une fois que
son portefeuille ou sa position atteint le niveau de risque fixé
l'investisseur prendra des mesures d'urgence afin de palier au dit risque.
· la délimitation du champ
d'intervention : D'abord, l'investisseur doit choisir
minutieusement les secteurs sur lesquels il va agir. Les critères de
choix de ces secteurs peuvent différer d'un investisseur à
l'autre. Certains investisseurs peuvent privilégier les secteurs les
plus rentables (le ciment, les NTIC, ...) ou ceux qui correspondent à
leur domaine de compétence (un promoteur immobilier qui souscrit
à une émission de ADDOHA).
Ensuite, l'investisseur choisira le type de marché sur
lequel il va agir, ainsi que la nature des valeurs qui feront l'objet de son
trading.
· l'analyse technique et l'analyse
fondamentale : les investisseurs qui optent pour un horizon
à long ou moyen terme accordent plus d'importance à l'analyse
fondamentale. Celle-ci se base sur le diagnostic détaillé des
documents comptables de l'entreprise afin de déterminer la valeur
réelle de la firme.
Les investisseurs qui optent pour un horizon de court terme
privilégient l'analyse technique qui se base sur l'analyse graphique des
cours, et l'utilisation d'une palette d'indicateur technique qui permet
à l'investisseur de détecter les signaux d'achat ou de vente
d'une valeur, ainsi que le timing de l'investissement.
· le suivi et la mesure de
performance : Une fois la position acquise et le portefeuille
construit, l'investisseur procèdera à l'étape de suivi de
son portefeuille et de mesure de sa performance, afin de liquider les positions
perdantes au moment opportun, et/ou de rectifier soit ses décisions
soit les paramètres de son processus de prise de décision.
· le feedback : il est
effectué par l'investisseur en fonction du niveau de risque couru par
ses positions. De ce fait, si le risque est minime et qu'il ne touche qu'une
seule ou deux lignes de son portefeuille, l'investisseur pourra rectifier ses
analyses techniques et fondamentales afin de déterminer le prix et le
moment de sortie : c'est le premier niveau de la révision de
processus de prise de décision.
Si le risque soulevé est très
élevé ou qu'il touche plusieurs lignes de portefeuille,
l'investisseur passe au deuxième niveau de révision de sa
décision d'investissement, à savoirs la révision de son
champ d'intervention par la réalisation d'une étude sectorielle,
afin de dénicher les secteurs les plus performants et se
débarrasser des secteurs les moins performants. L'investisseur doit
procéder également à la révision de la structure
des valeurs sur lesquelles il agit.
Par contre dans un marché baissier où le risque
est flagrant et qu'il touche l'ensemble des secteurs et valeurs cotées,
l'investisseur révise la première étape du processus de
prise de décision. Dans une telle situation, l'investisseur
procède au troisième et dernier niveau de révision du
processus de décision à savoirs, la rectification de son horizon
d'investissement.
|