INTRODUCTION GENERALE :
La gestion obligataire est le secteur dans la gestion d'actifs
financiers qui traite des produits de taux d'intérêt. Ces produits
financiers comprennent les bons de trésor, les obligations des
entreprises, les T.C.N et divers produits dérivés.
Avec la baisse des rendements obligataires des
dernières années - suite à la situation de
surliquidité du marché des capitaux au Maroc jusqu'en 2007- et la
volatilité des taux d'intérêt - surtout avec
l'appréhension née suite à la crise des subprimes et ses
retombées sur l'économie marocaine, la gestion passive de
portefeuille devient dépassée ; seule une gestion active
utilisant des techniques de plus en plus sophistiquées permettrait
d'optimiser le couple rendement-risque.
En effet, pour trouver les meilleurs placements obligataires,
il ne suffit plus de choisir les fonds qui ont eu dans le passé la
meilleure performance. Une analyse proactive du couple risque-rendement est
nécessaire.
Le risque apparaît ainsi comme étant la
pierre maîtresse de l'édifice. L'ignorer revient à
courir à une ruine quasi certaine ou à limiter
sérieusement ses plus-values. En effet, la différence principale
entre un particulier et un professionnel, ou au moins un amateur
éclairé, réside probablement dans le rapport au risque.
Cela s'explique par le fait que lorsqu'on débute,
surtout si le marché est en période haussière, on
perçoit très bien les possibilités de gain, mais
plutôt mal les risques associés. Avec l'expérience, on
comprend qu'il faut s'intéresser au couple rendement/risque plutôt
qu'au rendement seul. On est alors confronté à un triple
problème : celui de la nature du risque, celui de sa mesure ou
de sa quantification et celui de sa gestion.
De ce fait, au lieu de parler de la gestion obligataire en
générale, nous ciblerons la partie la plus sensible :
la gestion des risques obligataires ! En effet, lorsqu'on
avait demandé à J.P. Morgan de prédire le marché
boursier, sa réponse fut la suivante : «Le marché boursier
fluctuera». Cette assertion, bien qu'elle n'ait pas très bien
profité à son auteur, résume un enseignement basique pour
tout investisseur sur les marchés financiers : la principale
caractéristique de ces marchés est qu'ils fluctuent. Le
changement est la seule constante ! C'est pourquoi la gestion des risques
est devenue si prédominante au cours des dernières années.
Il aurait dû toujours en être ainsi, mais c'est récemment
seulement que cette industrie a développé des outils pour une
meilleure compréhension des risques financiers. Ceux-ci doivent donc
toujours être bien évalués avant toute décision de
constitution de portefeuille obligataire et ensuite gérés d'une
manière active, en fonction des objectifs de l'investisseur et de son
degré d'aversion au risque, pour en maîtriser les effets sur la
valeur du portefeuille. Car, en fait, il ne s'agit pas d'éliminer
totalement le risque : le rendement s'en ressentirait sensiblement.
Ainsi, la volatilité importante des marchés et
l'accent mis sur la gestion des risques ont entraîné le
développement d'instruments adaptés à la gestion
des risques. Ces nouveaux instruments financiers ont révolutionné
les méthodes de gestion dans le domaine de la gestion de portefeuille,
en l'occurrence, ce qui nous intéresse : la gestion des risques de
portefeuille obligataire.
Dans cet objectif, nous privilégierons une gestion
active du portefeuille. Celle-ci s'appuie sur les attentes des mouvements de
taux d'intérêt ou des changements dans le rendement. Elle vise
à exploiter les trois facteurs qui influent sur le rendement d'un
portefeuille à revenu fixe, à savoir :
les changements dans le niveau des taux d'intérêt
et dans la forme de la courbe des taux ;
les variations des écarts de rendement entre les
secteurs ;
les changements dans les écarts de rendement pour une
obligation particulière.
En limitant encore le champ de notre étude au cas des
obligations classiques et au seul risque de valeur, notre
objectif dans ce travail s'articulera autour de trois axes : Comprendre les
principes de gestion Taux/Crédit ; connaître les principaux
sous-jacents sur les marchés obligataires ; appliquer les
stratégies associées à la gestion obligataire pour une
optimisation du rendement.
De ce fait, nous scinderons notre travail en deux
parties : une partie théorique qui sera basée sur la
littérature disponible et accessible en la matière ; une
partie pratique qui tentera de rendre compte de l'état de l'art en
matière de gestion obligataire dans la pratique marocaine à
travers l'étude du cas particulier de la banque de gestion d'actifs
MEDIAFINANCE.
La première partie sera structurée comme
suit :
- dans un chapitre préliminaire, nous parlerons de
l'organisation de la gestion d'un portefeuille obligataire ; des
différents risques obligataires ; et des indicateurs de gestion des
obligations classiques ;
- notre premier chapitre sera consacré à
l'étude de la VAR comme instrument moderne et évolué de
mesure du risque de valeur, appliquée au cas des obligations ;
- un deuxième chapitre nous permettra de passer en
revue les techniques de gestion du risque de valeur des obligations.
La deuxième partie présentera dans son premier
chapitre le cadre juridique de la gestion des risques obligataires au Maroc tel
que mis en place et uniformisé par bank Al Maghrib. Le deuxième
chapitre concrétisera l'étude à travers le cas de
MEDIAFINANCE pour toucher de prêt la pratique de gestion obligataire
marocaine.
PREMIERE PARTIE :
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