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Prévalence et déterminants de l'obésité en milieu universitaire: cas du campus d'Abomey-Calavi

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par Sèmèvo Anicet SANGNIDJO
Université d'Abomey- Calavi (Bénin ) - Diplôme d'ingénieur agronome 2006
  

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2-1-1-3 Conséquences de l'obésité pour la santé

L'obésité est très fortement considérée comme associée à une morbidité et à une mortalité accrue. Les études menées pour la plupart dans des populations blanches d'Europe et des Etats-Unis d'Amérique font apparaître qu'une mortalité élevée est essentiellement due à des maladies cardio-vasculaires, au diabète et à des maladies de la vésicule biliaire (BASDEVANT, 1993). Le surpoids est un facteur de risque pour plusieurs maladies :

Cardiopathie coronarienne : Le surpoids est associé à une prévalence accrue de facteurs de risque cardio-vasculaires tels que l'hypertension, une concentration en lipides sanguins défavorable et le diabète sucré. Une diminution de 10% du poids corporel correspondrait à une diminution de 20% de risque de cardiopathie coronarienne (BASDAVANT, 1993). Environ 40% de l'incident des cardiopathies coronariennes est attribuables à des indices de Quételet supérieur à 21 (OMS, 1996).

Infarctus : La graisse abdominale pourrait être associée à une élévation de la tension artérielle (PERLEMUTER, 1990 ; OMS 1996).

Hypertension : L'augmentation du poids corporel est associée à une élévation de la tension artérielle (OMS, 1996 ; WHO, 1998). En moyenne une perte d'un Kg est associée à une diminution de 1,2 à 1,6mm hg de la tension artérielle systolique et de 1,0 à 1,3mm hg de la tension artérielle diastolique.

Diabète de type 2 : Le surpoids est un facteur de risque bien connu du diabète de type 2 ou non insulinodépendant (DNID ) chez l'adulte, un gain de poids de plus de 5Kg en huit ans est associé à une augmentation marqué du risque de DNID. Il a été prouvé scientifiquement qu'une perte de poids chez les sujets atteints de DNID améliore la tolérance au glucose et diminue le recours aux hypoglycémiants (OMS, 1996).

Affection de la vésicule biliaire :L'obésité présente un risque important de calculs biliaires plus prononcé chez la femme que chez l'homme .Une perte de poids sur une longue période ne protège pas contre la formation de calculs biliaires.

Arthrose : Des observations de plus en plus nombreuses indiquent toutes fois que le surpoids est associé à l'arthrose au niveau de plusieurs articulations, en particuliers les mains et les genoux.

Cancer : L'excès de poids augmente le risque de cancer de l'endomètre et probablement le risque de cancer de sein chez la femme ménopausée. La relation entre surpoids et cancer du colon, du rectum, de l'ovaire et de la prostate reste discutable.

Autre trouble : La présence de graisse abdominale et l'excès de poids ont été associés à l'infécondité (OMS, 1996).

Les chercheurs continuent toujours de réfléchir sur les différentes complications que cause l'obésité pour la santé.

+ Obésité, facteur de risque cardiovasculaire et de diabète

Si l'obésité est considérée aujourd'hui comme « un contributeur majeur au poids global des maladies » comme l'indique l'Organisation mondiale de la santé (WHO, 1997), c'est en grande partie parce que les adultes ayant une masse corporelle élevée ont une probabilité plus grande de devenir diabétiques d'une part et de développer une cardiopathie ischémique et plus généralement une pathologie cardiovasculaire d'autre part. Longtemps controversé ce dernier domaine s'est beaucoup enrichi durant les 20 dernières années par la multiplication de résultats épidémiologiques provenant en particulier d'études de cohortes mais aussi par le développement des connaissances biologiques sur le rôle fondamental du tissu adipeux dans le métabolisme et ses conséquences dans des domaines physiopathologiques essentiels comme celui de l'inflammation.

Le risque de développer un diabète de type 2 (diabète de la maturité) croît fortement avec l'indice de masse corporelle puisque dans deux grandes cohortes américaines, il est multiplié par 10 chez la femme ayant un IMC supérieur à 29 kg/m2 (supérieur à 31 kg/m2 chez l'homme) par rapport aux valeurs basses (<20 kg/m2)

(Carey et coll., 1997 ; Chan et coll., 1994). Ce risque s'élève en fait également pour des augmentations plus modérées de l'IMC. De la même façon la perte de poids est associée à une diminution du risque de diabète et particulièrement chez les sujets obèses et en surpoids (Wannamethee et coll, 2005 ; Tuomilheto et coll., 2001). En fait, il est bien montré aujourd'hui que c'est l'excès de masse grasse et en particulier sa localisation périviscérale ou abdominale qui est en cause dans cette susceptibilité au diabète. À la suite de Reaven (1988), de nombreux auteurs considèrent d'ailleurs que le tour de taille est un indicateur qui pourrait être plus pertinent que l'IMC pour le risque de diabète : l'élévation du tour de taille serait l'élément central du syndrome métabolique qui marque la phase d'insulinorésistance accompagnant le développement du diabète de type 2.

L'obésité, et plus généralement l'excès de masse corporelle, est le déterminant le plus important de trois domaines classiques du risque vasculaire : l'élévation de la pression artérielle, la baisse du cholestérol HDL (et/ou l'augmentation des triglycérides) et le diabète de type 2. Dans les plus importantes études de cohortes américaines, une augmentation du risque de cardiopathie ischémique avec le surpoids, et plus encore l'obésité, a été mise en évidence (Manson et coll., 1990 ; Rimm et coll., 1995). Cependant, l'association de l'IMC avec le risque cardiovasculaire a montré des résultats parfois variables pour lesquels des explications peuvent aujourd'hui être tentées mais qui montrent la complexité du domaine.

Le risque associé à l'IMC n'apparaît nettement qu'après un suivi suffisamment long de la population d'étude : 12 ans par exemple dans l'étude de Framingham (Hubert et coll., 1983). Si ce fait contribue à expliquer l'absence d'association significative dans les études de recul insuffisant, il suggère qu'une exposition de durée suffisante à un excès de masse grasse pourrait être nécessaire, mettant ainsi en doute l'efficacité préventive de baisses de poids qui ne seraient que de courte durée.

Le risque relatif associé à l'IMC décroît fortement avec l'âge (Hubert et coll., 1983) et de façon globalement équivalente chez l'homme et chez la femme même si certains écarts ont pu être montrés pour certaines formes de complications. Dans l'étude de l'American cancer society, l'excès de décès cardiovasculaire associé à une

augmentation de 1 kg/m2 de l'IMC diminue régulièrement à partir de 10 % pour les sujets de 30-44 ans des deux sexes pour disparaître chez ceux de plus de 85 ans (Stevens et coll., 1998).

Parallèlement aux observations concernant le risque de diabète, l'excès de masse grasse et en particulier sa répartition abdominale sont dans l'ensemble plus fortement associés au risque cardiovasculaire que l'IMC. Ceci a pu être montré dès les années 1980 par une équipe suédoise utilisant le rapport des circonférences taille/hanches (Larsson et coll., 1984), dans l'étude prospective parisienne utilisant la distribution des plis cutanés (Ducimetière et coll., 1986) puis le rapport des circonférences iliaque/cuisse (Ducimetière et coll., 1989). Depuis, ces résultats ont été confirmés dans plusieurs enquêtes de cohortes de grande taille (Rimm et coll., 1995 ; Rexrode et coll., 1998).

+ Obésité et cancers

Différentes études ont montré une relation entre excès de poids et cancer chez l'homme. Jusqu'à présent, peu d'intérêt a été porté à cette question car le risque relatif de cancer en cas d'obésité est augmenté dans des proportions sans communes mesures avec celui lié au tabac. De plus, les mécanismes liant excès de masse grasse et cancers n'étaient pas clairs. La progression actuelle de l'obésité, aux États-Unis en particulier, appelle l'attention sur cette question longtemps négligée : le risque relatif est certes faible mais il s'applique désormais à un tiers de la population américaine. Dans une étude prospective récente sur une population de 900 000 adultes (environ 400 000 hommes et 500 000 femmes) analysée initialement en 1982 et suivie 16 ans, les relations entre l'indice de masse corporelle en 1982 et le risque de décès par cancers ont été analysées en général et selon le site (Calle et coll., 2005). Une analyse multivariée prend en compte une série de paramètres dont le tabac. Les sujets présentant une obésité morbide, c'est-à-dire un IMC= 40, avaient un taux de décès supérieur de 52 % (hommes) à 62 % (femmes) par rapport à celui des sujets ayant un IMC dit normal. Dans les deux sexes, l'IMC était significativement associé à un risque accru de décès par cancer de l'oesophage, du colon, du rectum, du foie et des voies

biliaires, du pancréas et du rein. Les lymphomes non Hodgkinien et les myélomes multiples étaient également plus fréquents chez les sujets atteints d'obésité morbide. Chez l'homme, le cancer de la prostate et celui de l'estomac sont plus fréquents en cas d'obésité. Chez la femme, le cancer du sein, de l'utérus, du col et de l'ovaire sont plus fréquents. Selon les auteurs, le surpoids et l'obésité pourraient rendre compte de 14 % des décès par cancer chez l'homme et de 20 % chez la femme. Le risque relatif le plus fort est observé pour les cancers de l'utérus, du rein, du col et le plus faible pour le myélome, le colon et le rectum. Ces résultats viennent confirmer des données déjà publiées.

l'International agency for research on cancer considère d'ailleurs qu'il y a maintenant suffisamment d'arguments pour inclure la prévention de la prise de poids parmi les mesures préventives, du cancer de l'endomètre, du rein, de l'oesophage, du colon et du sein (en post-ménopause). Ce qui surprend dans cette association entre corpulence et cancer est la variété des types de cancer qui dépasse largement les atteintes généralement considérées comme hormono-dépendantes. Des études mécanistiques doivent compléter maintenant ces informations épidémiologiques. En attendant, pour le clinicien une conclusion s'impose : le dépistage des cancers est justifié chez les sujets obèses, au même titre, voire plus que chez les sujets non obèses.


·
· Autres complications

Les conséquences de l'obésité ne se limitent pas aux maladies métaboliques et vasculaires et aux cancers, mais touchent également d'autres organes. Le tableau n°2-2 (en annexe) résume les principales causes de morbidité chez les sujets obèses.

Les résultats de l'étude réalisée par Djrolo et coll (1999) sur les femmes enceintes au CNHU de Cotonou tendent à montrer que la femme obèse, lorsqu'elle est enceinte, est plus à risque d'accoucher par césarienne que la femme de poids normal, mais la différence n'était pas significative. Giacalone et coll (1995) font la même observation. Cette absence de différence significative est probablement liée à la petite taille des échantillons utilisé par Djrolo et coll (1999) puisque Crane et collaborateurs (2000) retrouvent dans une étude portant sur une population de femmes beaucoup plus

large, une fréquence de césarienne qui augmente avec l'indice de masse corporelle et la différence entre obèses et poids normal est significative. Pour d'autres auteurs, cette fréquence d'accouchement par césarienne significativement plus élevée chez la femme obèse est aussi associée à un risque de morbidité périopératoire plus élevé (Perlow et coll, 1994 ; Houston et Raynor, 2000 ; Vermillon et coll, 2000). Outre cette tendance à accoucher plus fréquemment par césarienne, Giacalone et coll (1995) ont noté chez les femmes en surpoids, une fréquence plus élevée de déclenchement artificiel du travail et de recours à l'analgésie obstétricale, de même qu'une durée moyenne plus longue du travail et de l'ouverture de l'oeuf.

La prématurité est rapportée par Naeye ( 1990) comme significativement plus fréquente chez la gestante obèse par rapport à celle ayant un poids normal, et constituerait chez la femme obèse, le premier facteur de risque de mortalité périnatale. Les résultats de Djrolo et coll ne vont pas dans le même sens puisque n'ont pas observé de différence significative entre les deux groupes. Pour Siega-Ritz et collaborateurs (1996), c'est plutôt le petit poids de la future mère qui augmente le risque d'accouchement prématuré. Cette divergence des résultats est concordante avec l'observation de Galtier-Dereure et coll (2000) qui, dans une revue de la littérature, soulignent que l'association entre le surpoids maternel et la prématurité reste un sujet de controverse. Par ailleurs, ils ont noté que les nouveau-nés des femmes obèses ont plus souvent tendance à présenter une détresse respiratoire nécessitant une réanimation à la naissance mais sur leur échantillon, la différence n'est pas significative contrairement aux résultats rapportés ailleurs (Naeye, 1990). La fréquence de malformation chez les nouveau-nés de mères obèses est encore un sujet de controverse et des résultats divergents ont été rapportés (Waller et coll, 1994 ; Haddow et coll, 1995 ; Shaw et coll, 2000). Ces chiffres concordent avec les données de la littérature et nous pouvons donc conclure avec Cnattingius et coll (1998) que l'excès de poids chez la femme peut aussi protéger contre la mise au monde de bébé hypotrophique. C'est ce que rappelle également De Groot dans sa brève revue de la littérature (De Groot, 1999).

Cette étude conduite par Djrolo montre donc que l'obésité chez la femme représente, même dans les pays en développement, un facteur de risque obstétrical favorisant une fréquence accrue de complications au cours de la grossesse et mérite la mise en oeuvre de mesures préventives.


·. Corpulence et mortalité dans la population adulte

Les conséquences de santé publique de l'obésité concernent de nombreuses autres pathologies que métaboliques et cardiovasculaires et tout particulièrement des affections ayant des implications fonctionnelles importantes (maladies respiratoires, troubles musculo-squelettiques...). Même si les résultats observés sont parfois variables et les mécanismes non encore élucidés, l'obésité semble associée à une mortalité globale par cancer augmentée d'un tiers (chez l'homme) ou de moitié (chez la femme) (Garfinkel, 1986) et, une fois de plus, il semble bien que ce soit l'excès de masse grasse et sa répartition qui soient en cause. Cependant, des associations entre la mortalité par cancer (en particulier d'origine alcoolo-tabagique) et un indice de masse corporelle bas (<20 kg/m2) ont également été rapportées, suggérant un rôle possible de la masse maigre dans l'évolution de certains cancers (Oppert et coll., 2002).

Dans la plupart des études de cohortes publiées à ce jour, la mortalité globale de l'adulte, homme ou femme, apparaît comme une fonction convexe de sa corpulence mesurée par l'IMC, confirmant les relations observées initialement dans les populations des clients des compagnies d'assurance (Troïano et coll., 1996). La forme en J ou en U de cette fonction est variable selon de nombreuses caractéristiques des populations étudiées. L'importance de la surmortalité observée pour un IMC bas (par exemple inférieur à 21 kg/m2 est plus importante chez les individus de plus de 50 ans, fumeurs et ex-fumeurs, ayant des antécédents de maladies, que chez les autres sujets pour lesquels la relation est plutôt en J (Calle et coll., 1999).

Dans tous les cas, le taux de mortalité totale augmente avec l'IMC lorsque celuici dépasse approximativement 28 kg/m2, les sujets très âgés (après 85 ans) constituant, semble-t-il, le seul segment de population pour lequel la forme de la relation soit en L (Stevens et coll. 1998).

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld