2-1-2 Déterminants biologiques et
comportementaux
Le rôle des facteurs environnementaux dans le
développement de l'obésité, qui seuls peuvent expliquer
l'augmentation rapide de sa prévalence ces dernières
décennies, est bien établi. L'obésité s'explique
par une suralimentation relative, c'est-àdire un apport alimentaire
supérieur à la dépense énergétique. Dans ce
contexte, la généralisation du comportement sédentaire
apparaît aussi importante comme déterminant de l'augmentation de
l'incidence de l'obésité que la modification des modes
alimentaires. Par ailleurs, la capacité de stockage de ce surplus
énergétique peut être modulée en fonction de
facteurs génétiques ou acquis. La génétique
détermine une susceptibilité à l'obésité.
Certains individus peuvent être plus susceptibles du fait de leur
génotype aux effets de la sédentarité, d'autres à
ceux d'une suralimentation. Des éléments récents
suggèrent que cette prédisposition pourrait également
provenir d'une empreinte laissée par des conditions
intra-utérines ou post-natales sur la régulation de la balance
énergétique ou les capacités de stockage. L'analyse des
déterminants de l'obésité comprend donc les aspects
génétiques, les déterminants précoces in
utero et postnatals, le comportement alimentaire et l'activité
physique.
2-1-2-1 Déterminants
génétiques
La susceptibilité génétique a bien
été démontrée par les études menées
chez des jumeaux monozygotes qui montrent une grande similarité de la
prise de poids au sein de paires de jumeaux lors d'études de
surnutrition (Bouchard et Tremblay, 1997). Cependant, le caractère
familial de l'obésité est le reflet de facteurs combinés,
génétique mais aussi d'environnement intrafamilial (incluant
facteurs intra-utérins, allaitement maternel), qui intervient en plus
des facteurs d'environnement extrafamiliaux propres à chaque individu.
Il est difficile de savoir la contribution spécifique de chacun de ces
facteurs. Bouchard et coll. (2003), à partir d'une cinquantaine
d'études sur des familles de jumeaux concordants ou non pour
l'obésité, a conclu que les facteurs génétiques
intervenaient pour 25 à 40 % dans les variations de poids et de masse
grasse de ces sujets. Une recherche intensive des gènes de
l'obésité a été conduite ces dernières
années. Plus de 400 gènes, marqueurs ou régions
chromosomiques ont été montrés
reliés à l'obésité (Snyder et coll., 2004).
Cependant, seulement 6 atteintes monogéniques ont été
identifiées comme responsables d'obésité pour moins de 150
individus. Ces découvertes (Clément et coll., 1998 ; O'Rahilly et
coll., 2003) ont permis de faire progresser la connaissance sur les
mécanismes de l'obésité, mais en dehors de ces cas
exceptionnels, l'obésité apparaît comme un trait
génétique complexe. Néanmoins, il existe une augmentation
du risque d'obésité chez les enfants avec le surpoids des parents
surtout si les deux sont atteints (Magarey et coll., 2003). Cependant, il est
évident que l'augmentation de l'incidence de l'obésité que
l'on observe actuellement, ne vient pas d'une modification des
caractéristiques génétiques des populations, mais bien de
l'interaction entre des génotypes de prédisposition et des
modifications des comportements et de l'environnement.
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