L'autre partie importante de la balance
énergétique est la dépense énergétique. Bien
que l'activité physique ne soit pas la composante la plus importante de
la dépense énergétique totale (c'est le métabolisme
de repos qui dépend essentiellement du poids, de la taille, de
l'âge et du sexe), c'est la partie la plus modulable. Le niveau
d'activité physique de chaque individu dépend de
différents paramètres liés à ses
caractéristiques personnelles, environnementales mais aussi
génétiques (Wolfarth et coll., 2005). Par ailleurs, il faut
comprendre que la balance énergétique correspond à une
intégration sur du très long terme. Une
déséquilibre mineur de cette balance de l'ordre de 100 kcal/j
conduit à une prise de poids annuelle de 5 kg et peut donc engendrer au
fil du temps une obésité (Jéquier, 2002). Les
modifications des conditions de vie et notamment les progrès
technologiques ont diminué la dépense énergétique
liée aux occupations professionnelles, aux travaux ménagers et
aux déplacements. Malgré l'augmentation des temps de loisirs, il
apparaît que la tendance générale est à la
diminution de l'activité physique faisant de l'inactivité
physique un véritable problème de santé publique (Prentice
et Jebb, 1995 ; Haut comité de santé publique, 2000). Le type
d'activité physique capable d'avoir un effet sur la prévention de
l'obésité est encore en discussion. Faut-il s'intéresser
au niveau total de dépense énergétique liée
à l'exercice ou à l'intensité de celui-ci ?
Enfin à la promotion de l'activité physique
pour lutter contre l'obésité, il paraît utile d'ajouter des
mesures concernant la réduction de la sédentarité. Il est
important de
tenir compte à la fois du comportement
vis-à-vis de l'activité physique mais aussi du comportement
alimentaire ainsi que d'autres comportements comme la consommation d'alcool ou
le tabagisme. Une meilleure compréhension des regroupements entre ces
différents types de comportement, et surtout de leurs
déterminants tant individuels que collectifs, est un enjeu majeur pour
la définition des stratégies de lutte contre
l'obésité (Oppert, 2003). L'obésité qui est une
maladie polygénique à forte composante environnementale (Astrup,
1999; Maffeis, 1999a) s'installe lorsque les apports énergétiques
sont supérieurs aux dépenses. Mais il faut également
prendre en compte le rôle des macronutriments en termes de bilan ou de
balance, en distinguant les lipides des autres nutriments, car ils ont des
effets particuliers sur les mécanismes de régulation de la
composition corporelle (Ziegler et Debry, 1997 ; Astrup, 1999 ; Jéquier
et Tapy, 1999). Le caractère hyperlipidique de l'alimentation est un
facteur de risque de l'obésité, chez l'enfant comme chez l'adulte
(Golay et Bobbioni, 1997) mais, probablement pas au cours des premiers mois de
la vie (Koletzko, 1999).
La première loi de la thermodynamique ou loi de
conservation de l'énergie (E) (« rien ne se crée, rien ne se
perd, tout se transforme ») permet de comprendre les modifications du
bilan énergétique au cours des différentes phases de la
prise de poids (Jéquier et Schutz, 1988 ; Rosenbaum et Leibel, 1998) : E
(apports)=E (dépenses) + E (croissance) + E (stockage). Lorsque les
apports sont égaux aux dépenses, le bilan est dit
équilibrer et la croissance staturo-pondérale reste normale.
Lorsque les apports sont supérieurs aux dépenses, l'excès
d'énergie est stocké sous forme de triglycérides dans le
tissu adipeux (Rosenbaum et Liebel, 1998). En effet, les possibilités de
stockage pour le glycogène hépatique ou musculaire et les
protéines sont limitées. En revanche, l'augmentation de la masse
grasse peut être considérable, impliquant d'abord une augmentation
de la taille (hypertrophie) puis du nombre des adipocytes (hyperplasie)
(Rosenbaum et Liebel, 1998) d'où la survenue de
l'obésité.