2-1-2-4 Capacité de stockage du tissu
adipeux
Le tissu adipeux est en charge du stockage des
réserves énergétiques. L'inflation des réserves
adipeuses qui caractérise l'obésité résulte en
premier lieu du déséquilibre entre entrée et sortie
d'énergie. Mais ce déséquilibre peut également
être favorisé par des anomalies primaires du tissu adipeux devenu
particulièrement « doué » pour le stockage du fait
d'anomalies cellulaires. Le tissu adipeux est d'une exceptionnelle
plasticité. Tout au long de la vie, il reste capable de se
développer. Le nombre des adipocytes peut ainsi s'accroître dans
de larges proportions. L'augmentation du nombre d'adipocytes résulte du
processus d'adipogenèse qui implique un processus de
prolifération des cellules souches et leur différenciation en
adipocytes. De nombreux facteurs intrinsèques ou extrinsèques,
moléculaires et cellulaires sont impliqués dans la
prolifération du tissu adipeux. Ce processus complexe est
contrôlé par différents signaux modifiant l'activité
de facteurs transcriptionnels identifiés par la biologie
moléculaire. Selon l'hypothèse dite de la « taille critique
», il existerait une taille cellulaire maximale. Ainsi, la cellule
adipeuse différenciée se charge en triglycérides
jusqu'à atteindre une taille critique au-delà de laquelle elle
« recrute » un nouveau préadipocyte. C'est ainsi que peut se
constituer une augmentation du nombre des adipocytes, c'est-à-dire une
hyperplasie. Le nombre des cellules adipeuses peut continuer d'augmenter si le
stockage d'énergie est rendu nécessaire par un bilan
énergétique positif. En revanche, une fois
différenciées, les cellules ne retournent pas au stade de
précurseurs. Elles restent disponibles pour stocker de nouveau.
L'hyperplasie semble irréversible. Ceci explique pourquoi,
au-delà d'une certaine ampleur et d'une certaine durée, le retour
au poids antérieur n'est plus possible. Il n'est pas possible de
maintenir la taille cellulaire en dessous d'une certaine valeur sans
déclencher l'ensemble des mécanismes de reconstitution de la
masse grasse ; le niveau minimum de masse grasse qu'il est possible d'atteindre
est limité par le nombre des adipocytes. Si ce nombre est
élevé soit constitutionnellement, soit à la suite de
recrutement de nouvelles cellules lors de la prise de poids,
il est difficile d'abaisser le volume de la masse grasse en deçà
d'un certain seuil (sauf restriction alimentaire permanente). Autrement dit,
l'obésité peut résulter ou être favorisée par
des anomalies primaires du tissu adipeux d'origine génétique ou
acquise (on s'interroge sur les substances qui dans l'organisme, dans
l'alimentation, ou dans l'environnement pourraient favoriser
l'obésité indépendamment des calories, en particulier dans
la période périnatale). La physiopathologie de
l'obésité s'avère de plus en plus complexe et
hétérogène d'un individu à l'autre.
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