3. IMENE (21 ans)
Jeune fille que nous nommerons Imene, âgée de 21
ans, est la deuxième d'une fratrie de quatre, son père est
ouvrier et sa mère est au foyer. Elle a arrêté
l'école à l'âge de 14 ans et a intégré
l'équipe handisport depuis trois ans. Elle est reconnue par son
équipe comme l'une des meilleurs athlètes. En voici ci-dessous la
courbe représentative de sa tendance motivationnelle à
l'échelle EMS 28.
Echelle de motivation
Dynamique et très expressive sur le plan verbal et
corporel, elle s'est présentée comme une personne qui
mérite sa place dans cette équipe « dieu
sait combien j'ai travaillé, et il faut toujours travailler plus,
l'entraineur a un grand rôle dans ça sans lui certainement je ne
saurais pas arrivée là, mais l'athlète c'est lui qui fait
le grand travail, (jure), surtout dans notre cas on est des handicapés,
on ne trouve pas ça facile, mais ce n'est pas
impossible ». Parler avec une aisance de son handicap,
et manifester cette gratitude à l'égard de son entraineur tout en
affirmant son autonomie et sa part propre dans sa réussite, Imene nous a
semblé parfaitement à l'aise dans son corps, avec une attribution
propre de sa position dans son équipe.
Cependant et dés qu'elle commençait de parler du
handicap, elle déviait souvent du « je » vers le
« on », sorte de camouflage verbale, un pronom
caméléon dont elle se servirait. Ce « on »,
pronom indéfini comme l'indique, Messinger (2005), n'existe pas, ce qui
permet à celui qui l'emploie de reporter la faute ou le manque sur les
autres. Le « on » n'est jamais coupable de ses erreurs, il
ne peut assumer la culpabilité toute entière puisque la justice
parentale ou autres ne peuvent condamner un individu multiple et
indéfini. Ce recours à la généralisation et
à l'intellectualisation, face à cette situation conflictuelle de
handicap, d'incapacité, qui l'angoisse, lui permettrait d'éviter
la reconnaissance qu'elle y est personnellement impliquée. Même si
elle affirme son handicap, elle chercherait implicitement et par tous les
moyens à s'en échapper par une reconnaissance propre de ses
propre capacités au niveau du sport et à la
généralisation de sa situation de handicap.
Lors des entretiens qui ont suivis, Imene s'est
exprimée avec aisance et sagesse mature
« l'athlétisme c'est quelque chose de très
important pour moi d'abords je veux bien faire pour voir jusqu'où je
peux aller, parfois je fais bien parfois non certes c'est pas bien de perdre
mais je sais mes capacités et mes limites mais c'est bien de remporter
des médailles, ça me rend heureuse, puis pour rendre heureux ma
famille, ils me soutiennent eux et mon coach, je remercie dieu je suis bien
entourée mais même quand je perd je me dis j'ai fais de mon
mieux ». La cause principale de la motivation, pour
elle, n'est plus la sauvegarde de l'amour parental mais le désir
lui-même de la compétition, où l'athlète s'inscrit
pour son propre compte dans un échange symbolisé de la
compétition. Même si la perte est douloureuse, elle l'accepte et
surtout l'assume. La performance serait dans ce cas, un
« signifiant », qui ne tire son sens que de sa relation
avec les autres performances, et de sa mise en place dans l'ordre symbolique de
la compétition, un ordre auquel tout compétiteur s'ajuste. En
acceptant la perte les modèles parentaux et les substituts parentaux
deviennent à ce moment des références dont il est possible
de refuser ou d'accepter. Il s'agit d'un renoncement de fonctionner dans un
rapport exclusif de dépendance affective leur égards et pouvoir
exister en dehors de l'amour d'amour ; bref Imene serait totalement dans
le renoncement de tout ce que la situation oedipienne peut réactiver.
Ceci va de pair avec son protocole TAT.
3.1. ANALYSE DU TAT
Lisibilité : bonne
Les procédés utilisés (essentiellement A
et B) permettent un travail effectif d'élaboration en liant les
représentations aux affects de façon souple et modulée en
rapport avec les sollicitations latentes du matériel. Les histoires sont
construites et il existe une prime de plaisir à investir le
fonctionnement psychique.
Planche 1
1- äÊÕæÑ Øá
íÎãã , ãÊÞáÞ
ßíÇÔ íÍÇæá
íáÞì
ÇáãÚÒæÉ æ í
ÇáÇÎÑ ÈÔ
íáÞÇåÇ æ ÈÔ
íÊÑåÏ ÇßÇåæ.
Procédés : La
reconnaissance immédiate (B 2-1) du thème banal (A1-1) avec une
tendance générale à la restriction (CP 2) passe par une
précaution verbale (A 2-3) et une reconnaissance d'un personnage anonyme
(C/P 3). Le conflit mis en scène sur un mode intrapsychique (A 2-17) est
suivi d'une expression verbalisée modulée par le stimulus (B1-4)
et une symbolisation (A 2-13), puis par une expression du désir (B 2-7).
La fin est marquée par un procédé d'inhibition (C/P
5).
Problématique : L'identification
à l'enfant confronte le sujet à sa propre angoisse de
castration qui le renvoie directement à son incapacité
à utiliser l'objet dans l'ici et maintenant de la passation.
Planche 2
2- Çå...ßÇä
ÒáÒÇá ßÇäæÇ
ÚÇíÔíä í
ÇáÞÑíÉ.ÇáãÑÇ
æ ÇáÈæ ãÇÊæÇ
ÈÞÇÊ ÇáØáÉ
ÇßÇåæ ÑÌÚÊ
ááÞÑíÉ ßí
ßÈÑÊ æ ÞÚÏÊ
ÊÊßÑ í
ÇíÇãÇÊåÇ
ßßÇäÊ ÕÛíÑÉ
ÞÈá ãÇ íÕíÑ
ÇáÒáÒÇá.
Procédés : L'entrée
directe dans le discours (B 2-1) par une exclamation (B2-8) et suivi
directement par un silence important (C/P 1), débouche vers une histoire
construite autour d une fantaisie personnelle (B 1-1)
caractérisée par la présence du thème de
catastrophe lointain dans le passé (B2-13 /A2-4) avec une dramatisation
(B2-5) et une reconnaissance de personnages anonymes (C-P 3).
Problématique : La triangulation
oedipienne est reconnue, le conflit de rivalité l'est aussi dans le sens
où le sujet n'a pas donné de statut à la mère
(femme) pourtant en en a précisé celui du père (renoncer
et perdre ses premiers objets d amour), le sujet reconnaît la
perte de ses objets parentaux tout en manifestant un va et vient entre la perte
et les retrouvailles.
Planche 3
4- Çå... ØáÉ
ãäåÇÑÉ
ãÍÊÇÑÉ
ÕÇÑÊáåÇ
ãÔÇßá ßíÇÔ
ÊÍáåã ÞÈá ãÇ
íÔáÞæ ÈæåÇ æ
ÇãåÇ æ í
ÇáÇÎÑ ÈÔ
ÊáÞì æ ÈÔ
ÊÍßíáåã æÈÔ
íåãæåÇ æ
íÓãÚæåÇ.
Procédés :
précaution verbale (A2-3), suivi d'un long silence (C-P1), son discours
est porté sur les conflits intrapsychiques (A17). Le sujet ne tarde pas
à introduire des personnages non figuratifs sur l'image (B1-2) avant de
faire du plaquage, un aller et retour entre désirs contradictoires est
vite établi (B-7/ A2-3)
Problématique : les affectes
dépressifs sont reconnus la dépression dans ce cas est
reliée au sentiment de culpabilité et à la crainte du
châtiment. Mais le sujet affirme une certaine indépendance
dans le sens ou il gère son problème seul et en parle
après à ses parents.
Planche 4
Procédés : Après un
long silence (C-P1), et une précaution verbale (A 2-3), suivi d un autre
long silence (C-P1), l'accent est mis sur les relations interpersonnelles
(B2-3) suivi de précautions verbales (A2-3) et de récit proche du
discours banale (A1-1). L'introduction d'un personnage anonyme et la mise en
évidence de posture signifiante d'affects (b1-2 / C-N4) et suivi d'un
long silence (C-P1). Le va et vient entre expression
pulsionnelle et défense se trouve rapidement plaqué (B2-6/
C-P4)
Problématique : Le conflit
pulsionnel au sein d'une relation hétérosexuelle est
présent. Il s agit d'une une manifestation de mise en tension
conflictuelle et une présence de la valence féminine de la
problématique oedipienne, dans le sens où il existe une
attirance envers le sexe opposé et une rivalité avec le
même sexe. Le repli stratégique s'opère cependant
l'abrasement n'est pas total et des rejetons du refoulé se
présentent.
Planche 5
9- ...åÏå
ÇáÇãíÑÉ æ
ÇáÇÞÒÇã
ÇáÓÈÚ.åÇÑÈÉ
ãä ÏÇÑåã , ÏÇÑ
ãÑÇÉ ÈæåÇ
åÇÑÈÉ æ ÊÈßí
æ ÎÇíÉ áÞÇÊ
ßæÎ Ñ ÍÊ ÏÎáÊ,
äÙíÉ íÓßäæ
íåÇ ÚÈÇÏ ÈÔ
íÑÍÈæ ÈíåÇ æ
ãÚÇåã í
ÇáÏÇÑ.Çí
ÓðíÈÊ ÏÇÑåã
ãÑÇÉ ÈæåÇ
ãÚÏÈÊåÇ
åÑÈÊ ãäåÇ
áÏÇÑ ÇÎÑì
Procédés : après un
temps de latence (C/P1), l'abord de la planche se fait par une fabulation hors
image (E7) sous couvert d'une référence littéraire
(A1-2).L'accent est portée sur la thématique de la fuite avec une
introduction de personnages non figurants sur l'image (B2-12/ B1-2). Le
discours se poursuit par un remâchage de la même idée avec
un accent porté sur les relations interpersonnelles (B1-3/A1-8).
Problématique : la confrontation
de l'image maternelle entraîne un désordre et une
désorganisation de la pensée ainsi qu'à une perte totale
des repères identitaires exprimés par le biais d'un conte
enfantin qui renvoie à une angoisse archaïque.
Planche 6 GF
8- ... Çå... ãÇ
äÚÑÔ... äÔæ ãÑÇ
æ ÑÇÌá
íÍßíÔí
ãÚÇåÇ åí
ÌÇíÉ ãÕÍÍÉ
ãÚÇå
ßäÊÑÇÊæ
ÞÇááåÇ ÇÚãá
åßÇ ÇáÍÇÌÉ æ
åí ÎÇíÉ
ãäÊÍÈÔ æ
äÊÕæÑ ÎÇÊÑ
ÇáÚÞÏ Çáí
ãÕõÍÊæ
äÊÕæÑ ÈÔ
ÊÚãáåÇ ØáÚÊ
ÎÏãÉ ÇÎÑì
ÇãÇ ãÊÈØá
ÇáÇ ãÇ ÊÚØí
áæÓ ãÍÏÏÉ
äÊÕæÑ ÈÔ
ÊÓãÚ ßáÇãæ æ
ÊÚãáåÇ.
Procédés : un long
silence, une exclamation, une dénégation et encore un autre
silence (C/P1 -/ B2-8/ A2-11/ C/P 1), puis une précaution verbale et
une nécessitée de poser des questions (A2-3/ C/P5)
annonçant une conflictualisation suivi d'un discours qui tourne autour
des relations interpersonnelles (B 2-3) avec une intégration des
références sociales et du sens communs (A1-3). L'accent porte sur
la thématique du dire (B2-12) vient juste après un accent
porté sur les conflits intrapsychiques (A2-17) interrompue par une
précaution verbale, une intellectualisation et une autre
précaution verbale (A2-3/A2-13/ A2-3) elle fini son récit par
une précaution verbale et une rumination (A2-3/ A2-8)
Problématique : la
relation se pose en terme d'opposition, cependant la
charge agressive ne peut se manifester et donne ainsi lieu au
mécanisme d'intellectualisation et d'inhibition mais un compromis
pourrait se dessiner a travers une prise une prise en compte des
qualités des objets.
Planche 7 GF
10- åÏå Çã
ÊäÕÍ í ÈäÊåÇ
ÞÇáÊáåÇ ãÇ
ÊÚãáÔ åßÇ ãÔ
ÈÇåí ÊßðÓÍ í
ÑÇÓåÇ ãÚ
ÇãåÇ æ äÊÕæÑ
í ÇáÇÎÑ ÈÔ
ÊÓãÚ ßáÇãåÇ
æ ÊÞæááåÇ
ÚäÏß ÇáÍÞ íÇ
Çãí ÎÇÊÑ
ÇãåÇ ÊÍÈ
Úáì
äÕíÍÊåÇ.í
íÏíåÇ ÓÇß
ÊÍÈ ÊÎÑÌ æ
ÇãåÇ
ÞÇáÊáåÇ
áÇ,ÈÔ ÊÞÇÈá
ÕÇÍÈåÇ ÊÓåÑ.
í ÇáÇÎÑ ÈÔ
ÊÓãÚ ßáÇã
ÇãåÇ.
Procédés : une
entrée directe dans le discours (B2-1) avec mise en évidence des
relations interpersonnelles (B 1-3) et un accent porté sur le dire
(B2-12) suivi d une précaution verbale (A1-3) et un va et vient entre
l'expression pulsionnelle et la défense (A2-7). Une fausse perception
et introduction de personnage non figurant sur l'image(E 5/B1-2) avec
idéalisation de soi (CN10) et une rumination de la même
idée (2-8)
Problématique : la relation
mère enfant renvoie à l'interdit. Le
sujet est réduit à investir la mère uniquement dans un
registre de domination soumission.
L'introduction d un personnage tiers dans le rapport
dyadique mère-fille renvoie a dimension de rivalité entre
elles.
Planche 9 GF
7- åÏå åí æ
ÇãåÇ
ÊÚãááåÇ ãÇ
ÊãÔíÔ ÇíÌÇ
áåäÇ ÇáÈäíÉ
ãÔÇÊ æ
ÎðáÇÊåÇ ãÇ
ÍÈÊÔ ÊÓãÚ
ßáÇã ÇãåÇ
ÊÈÚÊåÇ
áÞÇÊåÇ ÈÔ
ÊãÔí ÊÞÇÈá
ÕÇÍÈåÇ.
Procédés : entrée
directe dans le discours avec une histoire construite autour du thème
banale (B2-1/ B1-1), et un accent porté sur les relations
interpersonnelles (B2-3) et sur la thématique de partir et du laisser
(B2-12) suivi d'une dénégation (A2-11) et d une
érotisation des relations (B2-9) avec introduction de personnages non
figurants sur l'image (B1-2)
Problématique : le contexte
oedipien est présent, la problématique renvoie à une
rivalité entre deux femmes avec introduction d'un personnage non
figurant sur l'image. La mère devient le représentant
surmoïque des interdits au sein du conflit mère -fille
traduisant ainsi un conflit intra psychique. Les motions
pulsionnelles agressives réactivées par la rivalité
féminine sont prit en charge.
Planche 10
5- åÏå Èæå æ
æáÏæ íØáÈ Þí
ÇáÓãÇÍ ãä
ÚäÏæ. æáÏæ ãÇ
ÍÈÔ íÓãÚ
ßáÇãæ æßí ÍÓ
ÑæÍæ ÛÇáØ
ÌÇÁ íØáÈ í
ÇáÓãÇÍ ãä
Èæå æ äÊÕæÑ
Èæå ÈÔ
íÓÇãÍæ.ãËáÇ
ãÍÈÔ íÓãÚ
ßáÇãæ ÞÇáæ
ãÇ ÊÇÎæÔ
ÇáØáÉ ÎÏÇåÇ
æ ÈÚÏ ÌÇÁ
íØáÈ í
ÇáÓãÇÍ.
Procédés : entrée
directe dans le discours (B2-1), avec mise en évidence de relations
interpersonnelles (B2-3) et un aller et retour entre expression pulsionnelle et
défense (A2-7) suivi d'une précaution verbale et d'une
appréciation personnelle (A2-3/ B2-8) puis une rumination, et un accent
porté sur la thématique du dire ( A 2-12/ B 2-12) puis une
introduction d'un personnage non figurant sur l'image( B1-2) et finit par une
rumination (A 2-12).
Problématique : Le sujet
établi un rapport parent-enfant où le parent est investi
uniquement dans un registre de domination soumission.
L'introduction d un personnage tiers dans ce rapport
dyadique renvoie à une dimension de rivalité entre eux.
Planche 13MF
6-
ÇáÊÕæíÑÉ
åÏå ÑæðÍÔí
ÇáÑÇÌá
ááÏÇÑ ÏÎá
ÚíØ Úáì
ãÑÊæ ÏÎá ÈíÊ
Çáäæã áÞÇåÇ
ãíÊÉ ÞÚÏ
ÍÒíä ÚáíåÇ
ÊÌÚ ßí áÞÇåÇ
ãÞÊæáÉ íÚäí
ãíÊÉ áÇ
ãíÊÉ... ÌÊØÉ
ÞáÈíÉ.
Procédés : une
entrée directe dans le discours qui tourne autour d une scène du
quotidien (B2-1/ C/F 2), avec une expression verbalisée d'affects forts
(B2-4) un accent porté sur le conflit intrapsychique (A2- 17) et
l'évocation de la mort en commentaire( B2-8), puis une hésitation
entre interprétations différentes avec annulation (A2-6 / A2-9),
un long silence se met en place (C/P 1) et s'achève par une
intellectualisation justificative de l'état du personnage (A-13)
Problématique : Malgré le
fait que le matériel a pu mobiliser des quantum d'affects, le conflit
lié à la sexualité est évincé, cependant
celui lié a l'agressivité est bien manifeste.
L'agressivité évoquée d'emblée reste
isolée le sujet évite toute insinuation à toute
érotisation même si des rejetons du refoule ont surgis dans une
éventuelle évocation du crime passionnelle
|