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Corps pulsionnel des athlètes à  handicap moteur. Contre performance et motivation inconsciente

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par Amira Najah
Université de Tunis faculté des sciences humaines et sociales - Matser II recherche  2008
  

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1.3. Travail sur terrain :

Le cadre proposé est une intervention se déroulant sur toute la saison (mi-octobre à mi-mars),

comprenant une série d'entretiens individuels en face à face d'environ 1 heure. Le travail auprès des athlètes appartenant aux deux groupes s'est effectué dans le bureau de la psychologue de l'équipe. Il s'agissait d'une série d'entretiens semi-directifs, suivies d'une séance de passation du TAT et de l'EMS. Semi directif, car nous avons tenté de laisser au sujet un espace d'expression à la fois libre mais contrôlé. Nous avons essayé via la grille d'entretien de Morgues (2004) et les deux tests, d'apprécier la nature de la motivation subjective et ceci selon deux critères : Selon l'importance et le retentissement de la motivation spécifique (intensité et fréquence) et selon la qualité des interactions des différents processus psychiques dont son alimentation et sa régulation.

1.4. Outils d'évaluation de la motivation inconsciente :

Afin de répondre aux objectifs de notre recherche, nous avons eu recours à deux outils d'évaluation et à une grille d'entretien semi-directif ; Il s'agit du TAT, de l'EMS, et de la grille de Moragues ( Vu que nous allons nous baser sur l'interprétation uniquement qualitative du TAT). Avant de les décrire, il serait préférable de justifier les raisons pour lesquelles nous avons opté pour ces outils d'évaluation.

1.4.1. Justification du choix de l'outil :

Le test d'Appréciation thématique (TAT), est l'un des outils projectifs les plus populaires permettant au mieux d'étudier les motifs inconscients. Sa passation et son analyse comme l'a bien indiqué Moragues (1997), lors de l'évaluation des motivations des candidats d'admission au centre national de Volley Ball de Montpellier, permet de repérer les inhibitions et les blocages majeurs. Les éléments de ce test sont surtout utilisés en vue de mesurer l'écart pouvant exister entre les rationalisations des discours conscients et la nature conflictuelle des projections inconscientes. Le plus important, c'est que le TAT sollicite différents registres de représentations de relations (relation d'objet), dans un contexte d'investissement objectal et/ou narcissique, ainsi qu'une représentation de soi selon les axes  d'identité et d'identification (Moragues 2004).

Le stimulus TAT est caractéristique des épreuves projectives. Figuratif et ambigu il permet une analyse à la fois objective de type perceptif et une interprétation subjective mettant en jeu des associations d'ordre projectif en lien avec les sollicitations latentes du contenu des planches. En construisant l'histoire, le sujet démontre sa capacité à appréhender l'objet dans sa double vision objective/perceptive et subjective/projective et donc à indiquer ses capacités de reconnaissance d'un dedans et d'un dehors et d'un espace psychique interne. (Fernandez, 2006). Shentoub et al (1998), affirment que le discours TAT n'est ni pure rêverie, ni produit cognitif mais plutôt un témoignage des relations intrapsychiques : il s'agit d'une compénétration de la dimension fantasmatique et des exigences de la réalité, traduisant ainsi une épreuve de créativité. Il s'agit en effet de l'évaluation de la qualité de l'intégration des opérations défensives : ni trop rigide, ni trop coupé de l'imaginaire, ni trop fantasque, débordé par les processus primaires et accompagné d'un enrichissement conjoint entre processus conscient et inconscient. Le discours TAT traduit un mode de résolution du conflit entre fantasme et réalité. (Shentoub et al, 1998). Selon le même auteur, un fonctionnement psychique souple et mature produit des histoires structurées avec une résonance fantasmatique, autrement dit, des histoires qui répondent à la consigne (en relation avec le contenu manifeste) mais qui portent, en même temps, la marque de la singularité du sujet (sollicitations latentes). Tandis qu'un fonctionnement peu souple produit une histoire envahie par le processus primaire (affects et représentations inconscients), mal structurée, incohérente ou une parfois une histoire sèche, contrôlée et sans affects. (Fernandez, 2006).

Cependant, à la différence de la majorité des tests psychométriques, le TAT (et autres tests projectifs), n'est pas utilisé d'une manière univoque. D'un point de vue psychométrique, plusieurs faiblesses méthodologiques peuvent apparaître: pas de méthode standardisée d'administration, pas de méthode objective standardisée de cotation des réponses et pas de cotations chiffrées permettant une représentation. Le clinicien dépend de ses propres normes subjectives basées sur son expérience professionnelle personnelle. Pour cette raison, nous avons tenu à appuyer cette évaluation qualitative par une autre quantitative et dotée d'une validité psychométrique. Il s'agit de l'EMS 28.

L'échelle de motivation dans le sport (EMS 28), est un test psychotechnique qui permet l'évaluation du degré de la motivation du sujet sportif et plus précisément l'évaluation des différentes (1) Stratégies motivationnelles ; comme les pensées et les comportements qui aident le sportif à négocier les conséquences affectives de la situation sportive sont surtout en rapport avec l'estime de soi du pratiquant. (2) Stratégies au service de la valorisation de soi (besoin de se percevoir favorablement: se produire en public, compétitionner). (3) Stratégies au service du perfectionnement du soi (s'approcher de ce que l'on aimerait être: s'investir, progresser, apprendre, modifier ses comportements). (4) Stratégies au service de la connaissance de soi (la difficulté de la tâche m'informe sur mes habiletés: besoin d'évaluer mes habiletés) (Chevalier, 2003).

L'EMS 28 est souvent utilisé en raison de ses propriétés psychométriques solides et ses coefficients de fiabilité élevés. La consistance interne de l'ensemble de cette échelle est supérieure à .75. Les études montrent également que l'indice d'autodétermination motivationnelle aux 3 formes de motivations intrinsèques et à la motivation extrinsèque identifiée ont été attribués les poids respectivement de +2 et +1, aux formes de motivations extrinsèque introjectée et externe, le poids de -1. Les études montrent également que les différents items de l'échelle EMS 28 sont intiment liés à une observation clinique, renforcement encore plus sa validité de mesure. (Laurin et al, 2008).

1.4.2. Contexte théorique du TAT et de l'EMS 28 :

C'est en 1935, aux Etats-Unis, que HENRI MURRAY a mis au point le Thematic Apperception Test (T.A.T.). En 1943, la version définitive fut publiée et composée de 31 planches. Autour des années 1970, les critiques concernant les tests projectifs, dues au manque de méthodologie efficace et objective, se multipliaient. A la même époque, VICA SHENTOUB (1970-1971) a essayé de dégager les mécanismes en jeu ainsi qu'une méthodologie efficace. C'est grâce à ses travaux et à ceux de ses collègues, à l'École Française de 1955 à 1974, que les voies de la codification du T.A.T. lui ont été tracées. Ceci a donné lieu à la rédaction du «Manuel d'utilisation du Thematic Apperception Test (Approche psychanalytique)» en 1990, sur lequel nous nous sommes basés pour la cotation et l'interprétation de nos protocoles de recherche. SHENTOUB (1987) retient ainsi seize planches des trente, qu'elle juge les plus pertinentes et les plus significatives - et réduit le temps de passation à une séance (qu'à deux). (Fernandez, 2006).

Nous avons choisi le mode de passation et d'analyse du T.A.T. proposé par VICA SHENTOUB ET COLL. (1990), car ils utilisent le test dans une perspective de psychologie clinique et dynamique.

L'EMS 28, par contre, représente une des multiples échelles de motivation construites par le laboratoire de recherche sur le comportement sociale. Cet outil d'évaluation a été mit en place au Canada, à partir de 1995 par, Brière, Vallerand, Blais et Pelletier. Au cours des années, de nombreuses recherches ont été menées, entre autres sur :   la motivation intrinsèque et extrinsèque; le rôle des théories motivationnelles dans la compréhension de la participation sportive. Le LRCS effectue jusqu'à aujourd'hui plusieurs recherches sur le thème de la passion amoureuse envers l'activité sportive.

1.4.3. Description des outils :

a. Le Thematic Apperception Test (T.A.T.):

Planches représentant des conflits universels : avec un contenu manifeste (scènes plus ou moins ambiguës) et un contenu latent susceptibles de réveiller certaines problématiques. Sur 31 planches sont retenues les plus pertinentes : 1 ; 2 ;3 BM ; 4 ; 5 (proposées aux garçons et filles, hommes et femmes) ; 6 BM et 7 BM ; 8BM (proposées aux garçons et aux hommes) ; 6 GF et 7 GF ; 9GF (proposées aux filles et aux femmes) ;10 ; 11 ;12 BG ; 13 B ; 13 MF ; 19 et 16 (proposées aux garçons et aux filles (sauf 13 MF), aux hommes et aux femmes). Certaines planches sont communes à tous les sujets. D'autres sont particulières aux enfants ou aux adultes, à l'un ou à l'autre sexe. Les initiales anglaises imprimées derrière chaque planche, en précisent la destination : B : boy (garçon) ; G : girl (fillette jusqu'à 14 ans) ; M : male (homme) ; F femelle (femme). Les planches sont constituées par des dessins, des photographies, des reproductions de tableaux ou de gravures. Leur signification est ambiguë. 12 planches représentent un être humain seul à divers âges, les deux sexes étant également représentés. 7 planches représentent deux personnages du même sexe. 4 planches représentent deux personnages de sexe différent. 1 planche représente trois personnages (deux femmes et un homme), 1 planche représente plusieurs hommes ensemble. 2 planches représentent un jeune homme ou une jeune fille évoquant ou contemplant une scène à plusieurs personnages. 3 planches représentent des paysages plus ou moins fantastiques sans êtres humains. 1 planche est complètement blanche (elle favoriserait la projection de l'image idéale que le sujet se fait de lui même). Les planches s'administrent en une seule fois pour V. Shentoub. L'ordre de passation des planches doit être respecté car le stimulus évolue du plus structuré et figuratif (personnages sexués) au plus ambigu (Fernandez, 2006).


· La consigne :
Formulée par Shentoub (1990), elle est énoncée une seule fois avant la présentation de la première planche : «Imaginez une histoire à partir de la planche». L'athlète est alors invité à raconter librement une histoire sur chaque planche. Mais lors de la planche 16 (carte blanche), et suite à son caractère insolite, une nouvelle consigne est formulée : «Jusqu'à présent, je vous ai montré des images qui représentaient des personnages ou des paysages, maintenant je vous propose cette planche qui est la dernière : vous pourrez me raconter l'histoire que vous voudrez». Nous avons essayé durant la passation d'être neutres, mais parfois nous nous somme sentie menés à intervenir face à un sujet très inhibé pour le soutenir tout en prenant en considération comment cette intervention pouvait être vécue par l'athlète (intrusion, renforcement des défenses, désorganisation...) et tout en évitant tout type de suggestion et des jugements de valeur (Shentoub, 1990)


· Durée de passation :
La passation est individuelle et se réduit à une séance  de 45 mn à 60mn et parfois plus, en fonction de la souplesse ou des inhibitions au niveau du discours des athlètes.


· Dépouillement et Cotation :
Il s'agit (1) d'une évaluation de la lisibilité du contenu (2) d'une analyse des récits planche par planche et de son décryptage à l'aide d'une feuille de dépouillement et un repérage de la problématique du sujet. (3) d'une Synthèse des informations recueillies en regroupement sur la feuille de dépouillement les différents procédés pour apprécier la qualité du processus associatif en tenant compte des relations entre affects, représentations et mécanismes de défense. (4) d'un dégagement des modalités de fonctionnement psychique : registres conflictuels, modalités défensives ; propositions d'hypothèses concernant l'organisation psychique du sujet ; et enfin (5) d'un regroupement des procédés sur la feuille de dépouillement nous permettant l'évaluation de la diversité des procédés utilisés sur l'ensemble du protocole. Il nous facilite l'appréciation de l'organisation défensive privilégiée au sein du fonctionnement psychique. Ainsi remplir cette feuille nous requiert une démarche à la fois quantitative et qualitative.

b. L'Echelle de Motivation dans le Sport (EMS 28) :

L'Echelle de Motivation dans les Sports (EMS) de Brière, Vallerand, Blais et Pelletier (1995) mesure les niveaux de motivation intrinsèque et de motivation extrinsèque. Pour Deci & Ryan (1985), ces deux types de motivation répondent aux deux extrêmes d'un continuum d'autodétermination. Dans l'EMS de Brière et al. (1995), ce continuum d'autodétermination est représenté par sept sous-échelles. Trois de ces sous-échelles ont trait à la motivation intrinsèque, trois autres à la motivation extrinsèque et une dernière, en marge du continuum, mesure l'absence totale de motivation dénommée "amotivation". On y retrouve ainsi 28 items, soit 4 items pour chacune des 7 sous échelles. Ces 28 items reflétent différentes raisons de pratiquer son sport favori (Vallerand et al, 1995)

Motivation intrinsèque à la connaissance : items 1, 11, 17, 24

Motivation intrinsèque à l'accomplissement : items 5, 10, 15, 22

Motivation intrinsèque à la stimulation : items 7, 12, 19, 26

Motivation extrinsèque -identifiée : items 3, 9, 18, 25

Motivation extrinsèque -introjectée : items 6, 13, 21, 27

Motivation extrinsèque- régulation externe : items 2, 8, 16, 23

Amotivation : items 4, 14, 20, 28


· Durée de passation :
Vu que la passation a été orale, la durée s'est étendue entre 20 et 30 minutes.


· Cotation : Chaque item est suivi d'une échelle de type Likert allant de 1 ("ne correspond pas du tout") à 7 ("correspond très fortement") sur laquelle le participant peut juger le degré de correspondance entre l'item et ses raisons de pratiquer. Ainsi nous avons 7 choix :

L'addition des scores varient de 1 à 175. Ce score est d'autant plus élevé que le degré de motivation est plus important. L'EMS 28 établit un score final se rapportant au type de motivation ainsi qu'à un certain nombre de profils motivationnels liés aux trois catégories de motivation.

Les notes brutes sont transformés en note Z où pour chaque catégorie, faire le total et diviser par le nombre d'items : 4.


· Courbe d'échelle motivationnelle : Vu que nous ne travaillons que sur les deux premiers types de motivation (intrinsèque et extrinsèque), la courbe ou le profil de l'athlète se limitera à ces modalités visées.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore